Le réel rationnel
contre
la distanciation sociale
«Il est vrai que la guerre apporte de l'insécurité aux propriétés, mais cette insécurité réelle n'est que le mouvement qui est nécessaire. Dans les chaires on ne cesse de parler de l'insécurité, de la fragilité, de l'instabilité des choses temporelles, mais chacun pense, si ému soit-il, qu'il conservera pourtant ce qui lui appartient ; que cette insécurité apparaisse effectivement sous la forme des hussards sabre au clair, et que tout cela cesse d'être une plaisanterie, alors ces mêmes gens édifiés et émus qui avaient tout prédit se mettent à maudire les conquérants. Cependant les guerres ont lieu quand elles sont nécessaires, puis les récoltes poussent encore une fois et les bavardages se taisent devant le sérieux de l'histoire.»
G. W. F. Hegel, Principes de la philosophie du droit et science de l'État en abrégé, remarque annexée au §324, citée et traduite de l'édition allemande Lasson, tome VI, p. 369 par Jean Hyppolite in Introduction à la philosophie de l'histoire de Hegel (éd. Marcel Rivière et Cie, coll. Bibliothèque philosophique, 1948).
Deuxième chapitre de notre roman feuilleton :
L'inessentiel se rebiffe
«À la facilité avec laquelle l'esprit se satisfait
peut se mesurer l'étendue de sa perte.»
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
Préface de la Phénoménologie de l'esprit
À en croire ses chroniqueurs, feu Jacques Chirac, tirant la leçon de ses années d'expérience professionnelle, en concluait que « les emmerdes ça vole en escadrille ».
Bien que leurs conséquences ne prêtent guère à rire, les manifestations publiques de ses successeurs actuels nous remémorent la sentence analogue proférée par Jean Gabin dialogué par Michel Audiard : « Quand les cons voleront, tu seras chef d'escadrille». Je conjecture que ce sont des réflexions du même genre que devait avoir à l'esprit le "président du Comité scientifique sur le coronavirus et ancien président du Comité consultatif national d’éthique", quant sous l'injonction de transparence il a du publiquement "lâcher le morceau", tandis que partout pleuvent les pavés dans le marigot de nos canards aux affaires.
Comme l'observèrent aussitôt des gazettes, cet "aveu" - venant d'un des plus éminents experts sollicités par l'appareil d’État au titre de la conduite à tenir face à la pandémie "en marche" - était d'autant plus édifiant qu'il constituait un réquisitoire impitoyable pour le même appareil d’État et la politique qu'il poursuit "droit dans ses bottes" depuis plusieurs décennies, avec une nouvelle impulsion depuis Sarkozy et enfin un "boost" en marche précipitée depuis que Hollande, Valls et Macron ont libéré les libéraux.
Ce qui est encore plus invalidant, pour notre classe dirigeante et les plus zélés des agents de sa bureaucratie comme de son appareil idéologique, c'est que cette confession, dont la "transparence" semble peu douteuse, disqualifie totalement leur conduite des affaires et la propagande incohérente par laquelle ils ont tenté de la légitimer. Leur incompétence, leur incurie, leur dogmatisme aveugle, leur démagogie, leur sottise condescendante, leur mépris de classe et l'impotence calamiteuse qui en résulte in fine, tout cela est maintenant révélé et avéré sur "la place publique".
Ainsi, un article publié le 19 mars puis réactualisé le 20, dans le style tapageur et approximatif qui lui est coutumier, par l'hebdomadaire Marianne, pourtant peu soupçonnable de complotisme observait, parmi d'autres, que cette faillite désastreuse était aussi celle des "décodeurs" appointés qui avaient jusqu'ici tenté de la camoufler "ès qualité".
"Jusqu’à la présentation de ses récents essais cliniques, Didier Raoult ne trouvait pas audience dans les hautes sphères de l’Etat et du ministère de la Santé. Le 25 février dernier, il publiait une vidéo intitulée "Coronavirus : fin de partie". Sauf que "Les Décodeurs", média de fact-checking du Monde, ont signalé cette vidéo comme étant "partiellement fausse", conduisant Facebook (qui officie en accord avec "Les Décodeurs") à accoler un bandeau "Information partiellement fausse" sur la vidéo de Didier Raoult. Et poussant le ministère de la Santé à le considérer de la sorte. Il a depuis renommé sa vidéo "Vers une sortie de crise", amenant "Les Décodeurs" à retirer leur signalement. Dans sa vidéo de ce lundi, Didier Raoult a réagi : "Le Monde a décidé que ce que je disais, en rapportant ce qu’avaient publié les Chinois, n’était pas vrai. Il y a même eu 'fake news' pendant 36 heures inscrit sur le site du ministère de la Santé !"." Extrait de l'article d’Étienne Campion pour Marianne.
Car, ce que proclamait Raoult * : "Confiner l’ensemble de la population sans dépister et sans traiter, c’est digne du traitement des épidémies des siècles passés. La seule stratégie qui fasse sens est de dépister massivement, puis confiner les positifs et/ou les traiter, tout comme les cas à risque puisque c’est possible, comme on le voit en Chine et en Corée : dépistages massifs et prescription de chloroquine en traitement" c'est précisément ce à quoi concluent maintenant nos experts attitrés... sur le mode de la contrition.
* il y à déjà un mois de cela, l’inénarrable Martin Hirsch - celui qui a vraiment mangé à tous les râteliers ( de Mitterand à Macron en passant Sarkozy, Hollande, etc. ) - donnait déjà le "la" de la clique "en responsabilité et en capacité":
Il est vrai que 15 jours plus tôt, le successeur d'Agnès Buzyn, piaffant d'impatience, nous avait rassurés. Il avait déjà la situation bien en main ... Il était "prêt" !
Et puis... ça se complique.
Voici alors que notre chef de gouvernement reprend la main.
Il a pris acte que "Il n'y a plus rien..."
Rien qui tienne encore dans le service public qu'avec ses prédécesseurs il a consciencieusement délabré depuis quelques lustres.
À défaut d'une solution pour minimiser les conséquences catastrophiques de la politique "courageuse" qu'il conduit avec ses pairs, depuis plus de deux décennies, il a quand même les mots pour "bien expliquer" comment il voit les choses, maintenant que les experts légistes ses sont prononcés ( voir plus haut ).
Le moment est venu de passer à ce que Edouard Philippe désigne comme la :
Distanciation sociale
En bref, il invite les sujets de la Macronie à entrer en "résilience"... autrement dit serrer les fesses et attendre que ça se passe. Chez soi, devant son écran à téléréalité, tandis que les laborieux des commerces et services "essentiels" continuent à serrer les dents au milieu des malades et trimer pour que précisément... ça se passe.
Un message reçu "5 SUR 5" par son Préfet de Police :
«Je vais faire comprendre assez vite les consignes», prévient-il
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