Lettre ouverte
au Haut Commissaire des Nations Unies
Aux droits de l’homme
Etat de droit et raison d’État :
Julian Assange est l’un des nôtres
Par Christophe Peschoux1
Monsieur le Haut Commissaire,
Les 20 et 21 février prochains, la Haute Cour de Londres statuera sur le sort de Julian Assange : la liberté ou la mort. Deux juges décideront si le fondateur de Wikileaks pourra encore interjeter un ultime appel ou terminer ses jours dans une geôle américaine.
Monsieur Assange n'a commis aucun crime - ni en Suède, ni en Angleterre, ni aux Etats-Unis ni ailleurs. Son seul forfait est d’avoir crée un nouvel outil d’information permettant de mettre à nu ces crimes : Wikileaks ; et d’en avoir exposé quelques uns. Crime de lèse majesté.
Les guerres américaines en Irak, en Afghanistan et dans tant d’autres pays ont causé la destruction de centaines de milliers de vies et de familles, et la ruine de ces pays pour plusieurs générations. Personne n'a été puni pour ces crimes abominables. Au contraire, ils ont été soigneusement couverts par les autorités américaines – de droit comme de gauche - en toute impunité, tandis que M. Assange est pourchassé, privé de sa liberté et persécuté depuis 13 années. Pourquoi ? Pour avoir publié des preuves de quelques uns de ces crimes. De quelle justice s’agit-il ?
Il est inculpé essentiellement sur la base d'une loi sur la trahison datant de la première guerre mondiale (1917). Peut-on trahir les lois d’un pays dont on n’est pas ressortissant ? La loi américaine serait-elle d’application universelle ? L’accepter ouvrirait la porte à l’arbitraire que donne le pouvoir sans contrôle : demain, un autre Etat puissant pourrait s’arroger le droit, en vertu de la loi du plus fort, de poursuivre un journaliste, un chercheur ou un militant des droits de l’homme, étrangers, accusés d’avoir enfreint sa loi. Dangereux précédent.
Priver quelqu'un de sa liberté est en droit international une décision exceptionnelle, qui doit être dûment motivée pour garantir une justice équitable. Or M. Assange est emprisonné sans procès depuis près de cinq ans comme un dangereux criminel dans une prison de haute sécurité à la périphérie de Londres. Présumé innocent comme tout accusé, il pourrait être libéré sous caution et placé sous contrôle judiciaire, en attendant l’issue d’une procédure qui de tout évidence prend son temps – sur le temps de la vie de cet homme.
Une juge de Sa Majesté a décidé de le maintenir en prison pour l’empêcher d’échapper à une justice qu’il considère politique, partiale et mobilisée contre lui. Les juges anglais qui ont prêté leur nom à cette parodie de justice et l'ont jeté en prison, comme un malpropre, se demandent-ils pourquoi leurs décisions n’inspirent pas la confiance qu’elles devraient si elles étaient véritablement indépendantes ? Or, force est de constater, lorsqu’on connaît le dossier réel, que de la Suède à l’Angleterre, il ne s’agit que d’une chasse à l’homme. Il est certes présumé innocent, disent ces procureurs, mais il doit être puni d’abord.
Cela fait cinq ans qu’il est en prison alors que son procès n’a pas encore commencé. Treize années en tout qu’il a perdu sa liberté. Treize années M. le Haut commissaire !
Aux États Unis il est inculpé de 18 chefs d’accusation passibles d’un total de 175 ans de prison. Extradé, il aura peu de chances d'avoir un procès équitable. Le tribunal qui le jugera est situé à deux pas du siège de la CIA, dans un Etat dominé par les employés de ces « services » dont Wikileaks a révélé certaines des pratiques criminelles. Lors de la procédure d’exception qui lui sera imposée, son droit à la défense sera compromis.
Ceux qui depuis 14 ans le trainent dans la boue et le pourchassent, grâce aux puissants relais d’une presse serviles, n’ont aucun intérêt à un procès public qui ouvrirait la boîte à Pandore des innombrables crimes de l’Amérique. Ils l’ont accusé de viols et d’avoir mis en danger des vies américaines. Ces deux charges n’ont pas résisté à l’épreuve des faits.
Les vilains qui depuis 14 ans - à l’aide des puissants relais des médias à la botte - l’insultent, le pourchassent et le trainent dans la boue, n’ont aucun intérêt à ce que se tienne aux Etats Unis un long procès public qui ouvrirait la boite à Pandore des innombrables crimes de l’Amérique en Afghanistan, en Iraq, en Somalie, en Syrie, en Libye, au Yémen, et plus près de nous, en Ukraine et dans les territoires palestiniens colonisés et déchiquetés. Ils l’ont accusé de viol et d’avoir mis en danger des vies américains sur le terrain. Ni l’une ni l’autre charge n’ont résisté à l’épreuve des faits.
D’autres avant lui, devenus embarrassants, comme Jeffrey Epstein ou son complice en France, ont été retrouvés « suicidés » dans leur cellule, dans des circonstances cousues de fil blanc. Il sera facile de mettre sa mort sur le compte de l’épuisement et du désespoir d’une existence privée liberté et donc de sens. Et quand bien même il mettrait lui-même fin à l’ombre de ses jours, ou que son cœur s’arrête, il s’agira encore d’une exécution organisée.
Aucun des États d’Europe occidentale qui prônent l’Etat de droit, la démocratie et les droits de l’homme, alors qu’ils les piétinent tous les jours, n’a osé offrir l’asile politique à M. Assange. Pourquoi ? Pour ne pas déplaire à qui ? Laisser sans mot dire, Monsieur le haut commissaire, ces gouvernements extrader cet homme, au nom d’une justice qui n’est pas la nôtre, mais la robe noire du pouvoir, c’est se faire complice de sa déportation.
Pourquoi cet acharnement de la part de l’ensemble des Etats occidentaux à violer toutes les normes nationales et internationales pour clouer cet homme, hier adulé, aujourd’hui insulté, au pilori de l’arène des médias, avant celle des juges ? Serait-ce pour dissuader quiconque serait tenté de suivre son exemple et de divulguer les crimes de certains Etats ?
Monsieur le Haut commissaire,
M. Assange est un défenseur pacifique des droits de l’homme ; un journaliste 2.0 et un éditeur créatif et innovant. Il est l'un des nôtres. Il ne devrait pas croupir en prison mais devrait se tenir debout parmi nous dans ce bureau. N’est-il pas persécuté pour avoir fait ce que tout journaliste d’investigation sérieux, tout enquêteur des droits de l'homme sérieux, tout ce que nous faisons au quotidien dans ce bureau : enquêter sur, et documenter les crimes des États et promouvoir la transparence, la responsabilité et la justice ?
La lutte pour la liberté de M. Assange n’est pas seulement une bataille pour la libération d'un homme, indument persécuté par nos inquisitions modernes. Elle est l'une des batailles emblématiques de notre époque : celle du droit contre la raison d’Etat ; de la vérité contre le mensonge ; de l’exigence d’une information libre et vérifiée sans laquelle il ne saurait y avoir de citoyenneté responsable contre le devoir de transparence qui incombe à un gouvernement démocratique.
Sa persécution, dans un pays qui s’enorgueillit d’être l’une des sources de l’Etat de droit, est aussi emblématique de cette fracture qui élargit sa béance au cœur de nos sociétés, et inaugure les tyrannies qui viennent et les révoltes à venir. C’est l’affrontement des millions de David contre la violence et l'arrogance des « élites » de ce monde, de plus en plus dissociées des peuples qu’elles méprisent. Une guerre sans fin entre « nous, les peuples » (préambule de la Charte de l’ONU) qui luttons pour ce que Georges Orwell appelait « la décence commune », et les pouvoirs de plus en plus tyranniques pour qui les droits de l’homme sont devenus un embarras « has been ». Cette lutte n’est-elle pas l’essence même des droits de l’homme ?
Tous les groupes de défense de la liberté d’information, d’expression et de la presse considèrent – à juste titre - l'inculpation de M. Assange comme la menace la plus grave qui pèse aujourd’hui sur la liberté de la presse aux Etats-Unis et ailleurs. Leur campagne mondiale est soutenue Amnesty International, Human Rights Watch, l'Union américaine pour les libertés civiles, la Fédération internationale des droits de l’homme, la Fédération internationale des journalistes et des centaines d’autres. Il est vrai que M. Assange n’a reçu qu’une quarantaine de distinctions pour sa défense de la liberté d’information, d’expression et de presse et a été plusieurs fois nominé pour le prix Nobel de la paix. Excusez du peu !
Notre bureau, lui, a répondu à ses appels à l’aide, par un silence embarrassant. Je dis « notre bureau » car j’étais déjà riche de dix années de travail sur le terrain en Asie du Sud-Est lorsque nous l’avons porté sur ses fonts baptismaux en 1993, et l’avons doté, fort de notre expérience, de ses premiers outils de travail. J’y ai travaillé ardument pendant 26 ans, sur le terrain et au siège, et pense à ce titre avoir mon mot à dire.
Ce mot, je n’ai pas attendu mon départ à la retraite en octobre dernier pour vous en faire part. J’ai alerté vos deux prédécesseurs et vous-mêmes sur les menaces sur nos droits et libertés civiles, que faisaient peser son inculpation, et vous ai tenu au courant, vous et l’équipe dirigeante du bureau, sur la base d’informations vérifiées. J’ai passé de nombreuses heures, sur mon temps privé, à examiner les dessous de ce cas. J’ai encouragé plusieurs rapporteurs spéciaux à se pencher sur sa situation. Je l’ai visité en prison avec l’un d’entre eux, juste après sa honteuse arrestation. J’ai coordonné la demande d’une douzaine d’entre eux d’un entretien avec Madame Bachelet qui a élégamment botté en touche et n’a daigné recevoir Madame Assange et son principal avocat – le juge espagnol Balthazar Garzon qui a épinglé Pinochet – qu’à la veille de son départ, n’osant même pas publier une déclaration. Je n’ai eu droit en retour qu’au mépris, aux réprimandes bureaucratiques et aux blocages de ma navrante hiérarchie. J’ai du ainsi pour vous tenir informé vous écrire directement – au grand dam de ces dames - ce que vous nous aviez invité à faire, le cas échéant.
Je vous ai envoyé un dossier documenté début 2023, quelques mois après votre arrivée. Le même dossier factuel, argumenté et mis à jour que j’avais envoyé, directement déjà, à Madame Bachelet, contraint de contourner les fourches caudines sourcilleuses de mes supérieures hiérarchiques. Ne parvenant pas à toucher son esprit par un mémorandum, je me suis dit naïvement, que peut-être un poème pourrait toucher son cœur et lui ai envoyé « Minuit moins le quart ». Je vous en ai également adressé le texte. Ni elle ni vous n’y avez répondu. Quant à mes principaux collègues que ce poème encourageait aussi à prendre la parole, le silence a été décevant. Il règne Monsieur le Haut-commissaire la peur et la lâcheté au bureau des droits de l’homme des Nations unies.
N'est-il pas grand temps que ce bureau fasse entendre, au-dessus des compromis et des intérêts à court terme qui étouffent la vie, une voix libre qui demande, sans pudeur, la liberté de M. Assange pour le salut de la nôtre ? Il est déjà très tard, Monsieur le Haut-commissaire, minuit moins le quart passés…
Je ne demandais pas à décider pour vous de ce que cette institution devait faire pour protéger les droits de M. Assange – j’ai toujours su rester à ma place. Ce que je proposais c’était que se tienne une discussion interne, pour analyser les faits dans le cadre des normes internationales qui régissent notre mandat, et d’explorer, pour vous les présenter, les options possibles d’une intervention. A vous ensuite de décider de la manière la plus appropriée pour exercer au nom des droits de M. Assange, l’influence de cette institution, et contribuer à prévenir son extradition. Cette discussion n’a jamais eu lieu – en tout cas en ma présence - ni sous le régime de votre prédécesseure, ni sous le votre.
Droit de l’homme « deux-point-zéro » ? Attention au zéro.
Je sais bien que le poste auquel la politique vous a nommé est l’un des plus difficiles au sein de l’organisation de ces nations de plus en plus désunies, dont quelques grands Etats battent aujourd’hui les tambours de la guerre ; chacun tirant à soi, à hue et à dia, la feuille d vigne des droits de l’homme pour masquer ses pudeurs.
Je sais aussi que le financement de ce bureau est éminemment politique et que ce sont les Etats les plus puissants qui tiennent les cordons de nos bourses. Mais si ce bureau manque des ressources nécessaires à la mesure des défis qui sont les siens – le droit est partout sur la défensive – compromettre son indépendance et son impartialité pour quelques millions de dollars me semble un calcul douteux. Ne vaut-il pas mieux un petit bateau navigant vaillamment sur les crêtes des normes internationales, qu’un grand paquebot dérivant sans âme sur les gouffres amers ?
Plus que d’argent, le monde aujourd’hui, a besoin d’autorité morale, Monsieur le Haut-commissaire, pour redresser la barre et éviter de retomber dans ses pénibles ornières. Il a besoin de quelqu’un qui parle haut, au-dessus des mêlées de l’histoire et de ses champs de bataille sur lesquels croassent les corbeaux de la mort. Mais cette hauteur, cette autorité ne s’acquièrent pas par la prébende mais se méritent, par les mots et les actes, par l’intégrité, le courage et l’exemple.
J’ai connu chacun de vos prédécesseurs, Monsieur le Haut-commissaire, et ai bien réfléchi : vous disposez de quatre courtes années pour « faire une différence » dans le monde réel. Quoi que vous fassiez, que vous à l’issue de votre mandat, les pouvoirs qui vous ont choisis vous cracheront comme un noyau de cerise. N’échangez pas ce qui reste d’âme à cette institution, dont le monde a besoin, pour la poudre aux yeux d’un bureau 2.0.
Les principaux médias, journalistes et organisations de défense des droits de l'homme, plusieurs chefs d'État, de nombreux parlementaires et hommes politiques du monde entier, des milliers d'intellectuels et de militants, ainsi que des millions de personnes ordinaires ayant le sens naturel de la justice, n’ont cessé de réclamé sa libération.
Dénoncer le vrai n’est pas un crime, ne doit pas le devenir. Mais s’il le devient, nous avons le devoir de le dénoncer.
N'est-il pas grand temps, Monsieur le Haut-commissaire, que ce bureau fasse entendre par-delà les compromis et les intérêts à court terme qui étranglent la vie, une voix libre qui demande, sans pudeur, sa liberté pour protéger la nôtre. Il est déjà minuit moins le quart passés…
Minuit moins le quart…
Il est grand temps mes amis
De réaliser
Que la persécution
De Julian est la nôtre
Qu’il est notre frère
D’arme et de parole
Et l’un des éclaireurs
Des crimes de ce temps
Commis en notre nom…
Prisonnier d’opinion
Au cœur dévoyé
De nos démocraties
Qui montrent par son supplice
Ce qu’elles sont sous leur masque…
2
Sa persécution
Est une attaque frontale
Portée à la racine
De nos régimes
Et de nos droits :
Notre droit à penser
A réfléchir
A nous informer
A échanger, partager
Et à construire ensemble
De nos mains, de nos cœurs
Et de nos esprits libres
Le monde dans lequel
Nous voulons vivre et aimer…
Je dis le monde dans lequel
Nous voulons vivre
Et pas seulement rêver et passer…
3
Qu’est-ce qu’il a défendu ?
La liberté d'expression
D'information et de presse
(Celle qui est encore
Libre et indépendante)
Le droit des citoyens
A la vérité
Notre droit de savoir
Ce que les gouvernants
Que nous élisons
Font en notre nom
Surtout lorsque dans l’ombre
Dont ils ont tant besoin
Ils commettent leurs crimes…
Le droit des journalistes
Celui de tout chercheur
D’enquêter librement
Sur toute question
D'intérêt public
Et de protéger
Soigneusement leurs sources…
Le droit des lanceurs d’alerte
De divulguer des faits
Qui heurtent leur conscience
Sans peur de représailles
Et le devoir de les protéger
Par le droit, la justice
S'ils sont attaqués…
La protection
De notre vie privée
Indispensable à l’éclosion
De notre être humain…
Le droit à un procès
Juste et équitable
Et à ne pas être privé
De sa liberté
Arbitrairement…
Le droit de ne pas être
Soumis au supplice
Pour avoir agi
En son âme et conscience…
Et le droit au respect
Et à la protection
Par le droit, la justice
Pour avoir osé dire
La vérité…
4
N’est-ce pas ce que nous
« Aux droits de l’homme »
Des Nations désunies
Faisons tous les jours ?
Documenter les crimes
Des Etats et des autres
Exposer leurs mensonges
Et armer la justice ?
N’est-ce pas la vocation
De cette institution
Et la raison d’être
De notre engagement
Pour un peu plus d’être
Et monde moins sombre ?
5
A travers la persécution
De Julian Assange
Ce sont nos libertés
Qui sont menacées
Les fondements mêmes
De cette démocratie
Qui reste le moins pire
Espace de liberté
Malgré ses souillures
Ses perversions, ses vices
Et ses caricatures
Ses crimes innombrables
Epouvantables
Commis en notre nom…
Combien de pays
Ont été dévastés
De peuples martyrisés
Depuis trop de siècles
Par ce monde chrétien
Qui se prétend libre ?
6
Ce sont ces fondements
Moraux de notre vie
Qui sont visés au nom
De la raison d'Etat
De la sécurité nationale
Désormais en sursis
Pour combien de temps encore ?
Il est minuit moins le quart...
7
Par solidarité
Avec celui qui paye
De sa vie, de sa liberté
Depuis dix ans déjà
Le crime d’avoir dit
Quelques vérités crues
Et d’avoir mis à nu
Certains de nos pouvoirs
Nous avons le devoir
De nous opposer
A son extradition
Qui signera, honteusement
Sa sentence de mort
Dans les caveaux du droit
De qui est le plus fort…
8
Les voyous qui le réclament
De procédure en procédure
Au nom d’une justice
Qui n’est pas la nôtre
Le garderont à vue
Le reste de sa vie…
S'il ne meurt pas avant
D’épuisement
Et de désespoir
Pour avoir trop cru
A la lumière
Au pouvoir du droit
De la vérité
Et de la justice
Que nos institutions
Sont censées protéger…
S'il ne met pas lui-même
Fin à cette non-vie
Qu’est devenue la sienne
Ayant perdu espoir
De revoir le soleil
Et le bonheur de vivre
Enfin avec les siens…
9
Il est fort à craindre
Qu’il soit aussi
Retrouvé un matin
Sans vie dans sa cellule
« Suicidé » comme d’autres
Devenus trop embarrassants…
Ceux qui le réclament
Pour avoir mis à nu
Certains de leurs secrets
N’ont pas intérêt
A ce que son procès
Ouvre la boite
A Pandore de leurs crimes…
10
N’ajoutons pas à son supplice
Le poids de notre indifférence...
Il sera vain ensuite
De pleurer sur ses pas
De demander pardon
De ne pas lui avoir
Tendu la main à temps…
Julian n’a nul besoin
De larmes de crocodiles...
Ce dont il a besoin
C’est de notre fraternité
De notre solidarité
Consciente et active
Et désormais urgente
Chaque minute compte
Il est déjà
Minuit moins le quart…
11
Ce poème vous invite
A vous joindre en chœur
A cette supplique
Adressée aux iniques
Qui tiennent en leurs serres
La vie de Julian
Pour exiger sa liberté
Et à travers la sienne
Défendre la nôtre…
12
Cela nous le devons
Non seulement à Julian
Mais aussi à ces valeurs
Précieuses, universelles
Auxquelles nous croyons
Et sommes attachés
Et qui donnent sens
Et beauté à nos vies…
(Avril 2022, revu février 2024)
1 L'auteur a été l'un des membres les plus expérimentés du personnel du HCDH. Il faisait partie de l'équipe qui en 1993, lors de la création de cette institution, a ouvert son premier bureau local au Cambodge. Il a travaillé 11 ans dans ce bureau à Phnom Penh, en tant qu'enquêteur (1993-1999) puis directeur (2007-20211), avant d'être déclaré, pour la deuxième fois, persona non grata par le Premier ministre. Il a travaillé pendant 42 ans dans le domaine des droits de l'homme et de la protection des réfugiés au sein de plusieurs organisations (s, Amnesty, HCR, CICR et OHCHR) et dans plusieurs pays et régions (Asie du Sud-Est, Asie centrale, Moyen-Orient et Afrique). Son dernier poste au HCDH a été Chef du service des procédures spéciales soutenant le travail des mandats sur la torture, les exécutions sommaires, les disparitions, la détention arbitraire, la liberté religieuse, les droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme, le droit à la vie privée et les sanctions unilatérales. Il a pris sa retraite en octobre dernier.