Palestine : la "solution finale" ?
Pour faire suite et prolonger nos derniers articles,
quelques éléments de contre-information en rapport avec l’actualité immédiate.
Gilles Devers est un des initiateurs de la plainte auprès de la Cour Pénale Internationale contre le génocide en cours en Palestine : "Je suis témoin du génocide du peuple palestinien causé par l’armée israélienne, et je demande au procureur de la Cour pénale internationale de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour bloquer l’action de ces criminels. La justice doit être la réponse à la violence".
Il nous a écrit, qu'il déplorait que cette action, soutenue par une pétition, soit brouillée par d'autres, notamment des initiatives démagogiques contre le procureur de la CPI.
" Cette pétition contre le Procureur de la CPI résulte d’une lecture superficielle, et fausse, des évènements, et je la déplore fortement " nous écrit Gilles Devers.
Nous avons à construire un argumentaire, et à chercher à convaincre ; la justice est l’œuvre de l’effort des peuples, et tout résumer à la personne de ce procureur est une démarche infantilisante. Pour mémoire, le bureau du procureur, que nous avons rencontré et avec lequel nous avons un plan de travail, assume, dans un contexte bien difficile où le peuple palestinien est lâché de toute part. Le Conseil de sécurité laisse faire, et donc encourage. Aucun État n’ose saisir la Cour internationale de justice pour la prévention du génocide, alors que cela avait été fait pour les Rohingyas, contre le Myanmar (proie facile par rapport à Israel)…
Seuls 6 pays du monde arabo musulman ont ratifié le traité de la CPI…
Sur ces 6 pays, seuls 2 ont déposé plainte pour le génocide
Pas un mot, ni un geste des États européens, ou de l’Europe
Alors, focaliser sur le procureur n’a aucun sens. Son bureau, avec lequel les relations sont difficiles depuis 2009, est le seul qui travaille, et dans les difficultés, nous jouons non sur les discours grandiloquents, mais sur les arguments et les preuves pour l’amener à ouvrir une enquête approfondie et urgente sur le génocide (c’est fait) et à la délivrance d’un mandat de d’arrêt contre le PM israélien, c’est le cœur des débats actuels.
Et s’il n’y a pas de dépôt, nous n’irons pas pleurnicher, nous lancerons une contre attaque par une plainte sur Jérusalem.
Je rappelle que la Cour est la seule instance qui a jugé que « la Palestine est un État, avec une souveraineté sur la Cisjordanie, Gaza, et Jérusalem Est, », ce qui était aussi l’avis du procureur. Alors, dézinguer l’une des rares choses qui marche, sans le soutien des États, c’est une erreur profonde.
Il reste un profond mépris pour le droit international et les professionnels du droit, qui pourtant s’engagent clairement. Je déplore cette pétition, et toute la soupe recuite qui va avec. On ne s’en prend pas aux forces économiques et militaires qui dominent le monde en attaquant les instances régulatrices, dont la CPI.
Sincèrement
Gilles Devers
Pour illustrer son propos en rapport avec la situation actuelle :
Israël ne peut pas vaincre le Hamas au combat,
alors quelle est la prochaine étape ?
Le conflit à Gaza tourne à l'holocauste des arabes de palestine par la soldatesque sioniste et à une situation dont les États-Unis ne savent plus comment sortir, mais le veulent-ils ?
d'après l'article de Robert Inlakesh inititalement publié sur RT
Cette photo distribuée par l'armée israélienne le 16 novembre 2023 montre des troupes lors d'une opération militaire dans la bande de Gaza, au milieu des combats continus entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. © Armée israélienne / AFP
Après une accalmie de sept jours dans la guerre entre Israël et les groupes armés palestiniens à Gaza, la reprise des hostilités a reçu un nouveau feu vert de Washington. N’ayant pas réussi à mener leurs alliés israéliens vers la victoire militaire, les États-Unis autorisent une escalade dangereuse et rejettent toute solution pacifique qui permettrait d’éviter de nouvelles souffrances civiles.
Quelques minutes seulement après le départ du secrétaire d’État américain Antony Blinken de Palestine/Israël, la guerre à Gaza a repris, avec une vaste attaque aérienne contre les infrastructures civiles palestiniennes entraînant la mort de près de 200 civils . Le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a annoncé un soutien continu au « droit et à la responsabilité d'Israël de s'en prendre au Hamas » , mais on ne sait pas clairement dans quelle mesure. Alors que l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak admet que le Hamas est loin de s’effondrer , cela soulève la question : quel est réellement le but de cette guerre ?
Après six semaines de guerre qui ont probablement fait plus de 20 000 morts palestiniens , l’armée israélienne n’a réussi à produire aucune preuve démontrant qu’elle a sensiblement réduit les capacités militaires du Hamas et des autres groupes armés palestiniens dans l’enclave côtière assiégée. Alors qu’Israël a pénétré de force dans les principaux hôpitaux du nord de Gaza, affirmant que le Hamas utilisait les sites comme bases et centres de commandement et de contrôle, les preuves produites par les Forces de défense israéliennes (FDI) ne soutiennent pas ces allégations. Le gouvernement américain a soutenu l’idée qu’un nœud de commandement existait à l’hôpital Shifa et, lorsque les forces israéliennes sont entrées dans l’enceinte de l’hôpital, elles ont présenté les armes qu’elles prétendaient y avoir trouvées, ainsi qu’un tunnel vide. Toutes ces images rendues publiques sont conservées et éditées par l’armée israélienne, mais si elles sont vérifiées de manière indépendante, elles pourraient établir la présence de militants – mais pas d’un centre ou d’un nœud de contrôle. Peu de choses notables ont été découvertes dans les autres hôpitaux, et les affirmations américaines selon lesquelles ils disposaient d'informations solides confirmant les affirmations israéliennes sont aussi douteuses, que les déclarations publiques du même ordre telles les déclarations du président américain Joe Biden selon lesquelles il avait vu « des photos confirmées de terroristes décapitant des enfants » que la Maison Blanche a ensuite démenties.
Au début de cette guerre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que son gouvernement allait « écraser le Hamas », un objectif que le gouvernement américain a publiquement soutenu. Pourtant, le Hamas a réussi non seulement à infliger le coup le plus important de son histoire à Israël, mais il a également défendu Gaza sur le terrain avec d’innombrables cas documentés de succès contre les forces israéliennes.
Le monde entier parle désormais de la formation d’un État palestinien, une idée qui avait été pratiquement abandonnée au profit d’accords de normalisation inconditionnels entre les États arabes et Israël, avant la guerre. S’ajoute à cela, que l’un des résultats prévisibles de la guerre israélienne contre Gaza a été une augmentation considérable du soutien au Hamas dans tous les territoires occupés . Au Moyen-Orient et dans le monde musulman, les militants du Hamas sont devenus des héros et sont largement considérés comme une vaillante résistance nationale.
L’accord de normalisation saoudo-israélien, autour duquel tournait la politique de l’administration Biden au Moyen-Orient, est mort né à l’heure où Riyad se rapproche de Téhéran. Selon les données d'un sondage israélien, seulement 4 % des Israéliens font confiance à Benjamin Netanyahu , tandis que la personnalité nationale la plus fiable est le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari. Hagari, bien qu’il ait la confiance des Israéliens, est devenu le « gars de la liste » et a été ridiculisé par un mème en ligne, après avoir présenté une vidéo dans laquelle il présentait un calendrier arabe ordinaire comme « terroristes » . Cette vidéo, dans laquelle il faisait référence à cette liste, était censée montrer des preuves de la détention d'otages par le Hamas à l'hôpital pour enfants de Rantisi.
Au moins dix pays ont soit retiré leurs ambassadeurs, soit suspendu leurs liens avec Israël. Tout cela alors que les plus grandes manifestations pro-palestiniennes jamais organisées en Occident continuent de se dérouler dans des capitales comme Londres et Washington DC. Tout ça, combiné avec une baisse considérable de la cote de popularité de Joe Biden , constitue déjà un désastre pour la politique génocidaire soutenue par les États-Unis à Gaza.
La Maison Blanche prétend qu'elle impose certaines restrictions à l'armée israélienne alors qu'elle projette d'envahir le sud de Gaza, mais offre dans le même temps un soutien inconditionnel aux actions d'Israël. À aucun moment le gouvernement américain n’a assumé la moindre responsabilité dans ce qui s’est passé depuis le 7 octobre, il n’y a eu aucune excuse pour ses mensonges, aucun changement de stratégie et aucune reconnaissance du rôle que Washington a joué dans la création de la situation sur le terrain à Gaza. qui a facilité l’attaque du Hamas.
NdM : On pourra faire le même genre de remarque à propos de la « com » des dirigeants français et des européens, même si le tour désastreux pris par ses conséquences a incité Macron à quelques acrobaties rhétoriques et diplomatiques frisant le grotesque.
La vraie question est maintenant : où allons-nous à partir de maintenant ? Israël combat sans but à Gaza et continue de tuer des milliers de civils palestiniens, il n’y a aucun signe de défaite du Hamas à l’horizon et la situation humanitaire, décrite comme « la pire jamais vue » par le chef des secours de l’ONU, Martin Griffiths, se détériore encore davantage. Même si ces éléments doivent tous être pris au sérieux, il existe également le spectre d’une guerre régionale qui éclaterait en cas d’escalade de l’attaque israélienne contre Gaza. Le Hezbollah libanais est actuellement engagé dans de fréquents combats le long de la frontière libanaise et a élargi la portée de ses attaques contre des cibles militaires israéliennes.
Les échanges de prisonniers qui ont eu lieu entre Israël et le Hamas ont prouvé que le groupe palestinien était capable de s'engager diplomatiquement. L’échange a également permis de révéler au monde qu’Israël détenait également des femmes et des enfants en captivité sans aucune inculpation. Les prisonniers civils israéliens qui ont été libérés, dont la majorité ont été filmés souriant, serrant la main et remerciant les combattants du Hamas après leur libération, n'ont pas été autorisés à parler directement aux médias de leurs expériences . D'un autre côté, des femmes et des enfants palestiniens ont raconté les abus, la torture et l'humiliation qu'ils ont subis de la part de leurs geôliers israéliens. Cela représente une nouvelle débâcle en matière de relations publiques pour le gouvernement israélien, qui apparaît plus coupable que le Hamas.
Le gouvernement américain est aux commandes de la guerre. Il a le pouvoir de mettre fin au conflit à tout moment mais continue de prolonger ce désastre - et naturellement ses vassaux européens le suivent dans cette galère obscène, sans doute au nom des mêmes « valeurs communes » qui les ont amenés à provoquer le désastre ukrainien . Durant la pause de sept jours dans les hostilités, rien n'a changé en faveur d'Israël pour rendre possible sa victoire. Il ne peut y avoir de solution militaire à la guerre à Gaza, les États-Unis doivent reconnaître que ce conflit ne prendra jamais fin tant que le peuple palestinien n’aura pas obtenu justice et liberté. Pendant 75 ans, les gouvernements de l’Occident collectif ont ignoré les souffrances du peuple palestinien, ils n’ont jamais été des négociateurs objectifs de la paix. La violence engendre la violence et la haine engendre la haine ; il n’est pas possible de simplement assassiner les Palestiniens pour les soumettre. Même si le Hamas devait être vaincu, d’autres groupes émergeraient pour se venger de leurs morts et lutter pour un État à l’avenir. Si une communauté internationale digne de ce nom s’organise pour s’y opposer, ce cycle pourrait être brisé, mais un tel renversement n’en est qu’à ses débuts ...