Petit rappel historique et culturel
Les tintinophiles avertis connaissant bien la révision dont fut l'objet l'album "Tintin au pays de l'or noir" savent que, conformément au scenario initial, dans la version de 1950, l'action est encore située en Palestine sous mandat britannique. Car, lorsque cette réédition fut lancée, peu avant la « Nakba », le contexte « local » de l’histoire, déjà vrai en 1939, était toujours parfaitement conforme à la réalité historique, sociale et politique de l’époque. Cette version modernisée « d’après-guerre » reprenait d’ailleurs assez fidèlement les planches originales, le scénario et l’ensemble des textes et dialogues de 1939.
Dès lors que toute référence géographique et historique à l’affaire de Palestine a été supprimée. Il demeure que, pour conserver la logique narrative du récit, restaient à expliquer le contexte de gravité de la "situation internationale" et la "tension qui règne dans le pays" ...
Dans l'histoire originale (et dans la réalité) cette situation de la Palestine (occupée par les anglais, puis par les juifs israéliens) était implicitement connue du lecteur, déjà en 1939 et plus encore en 1950.
Dans sa nouvelle version, Hergé va totalement effacer ce conflit "du Levant" qui était pourtant une composante essentielle de la situation (et justifiait les allusions au trafic d'arme, etc. et le contexte géopolitique qui déboucherait en 1956 sur "l'affaire de suez") pour n'en retenir que la conséquence : les tensions sur le marché pétrolier évoquées dans les premières pages de l'album ( la crise pétrolière de 1974 est proche ).
Dans l'original de 1939-1950 le personnage de Bab El Ehr pouvait être perçu comme un nationaliste arabe (préfigurant Nasser, Khadafi, etc.) affrontant le colonialisme et l’impérialisme britannique, ainsi que leurs agents et complices parmi la féodalité locale "collabo" .
Dans la version "post-coloniale" de 1971, Bab El Ehr et son opposition à l'émir (Ben Kalish Ezab) sont révisés et recyclés en simples rivalités de bédouins pour le pouvoir et les richesses locales.
Ce petit rappel reprend un article assez complet que nous avons naguère publié et que celles et ceux que cela intéresse peuvent lire ici :
Les devoirs de vacances de la librairie Tropiques 1 |
Il nous a semblé utile pour illustrer l'actualité du jour :
L'UE a provisoirement convenu de fixer le prix plafond du pétrole russe à 60 dollars le baril
Commentaire d'un article publié à l' origine sur AntiWar
Ce plan comprendrait un mécanisme d'ajustement pour maintenir le plafond des prix à 5% en dessous de la valeur marchande. Mais l'UE a prétendu fixer un prix plafond à la demande du G7, qui a demandé que le prix soit légèrement plus élevé, quelque part entre 65 et 70 dollars le baril.
Les gouvernements de l'UE ont donc validé ce plan vendredi. Le bloc a eu du mal à fixer un prix ( 60 $) car la Pologne réclamait un montant considérablement inférieur, autour de 20 à 30 dollars le baril. Mais, quel que soit le prix annoncé, la Russie a déclaré qu'elle riposterait et boycotterait tout pays essayant d'imposer des plafonds de prix sur son énergie inférieurs aux prix "spot" du marché mondial. Si Moscou riposte en réduisant la production de pétrole, cela fera inévitablement monter en flèche les prix mondiaux, au seul profit des groupes pétroliers aliénés aux intérêts américains, qui ne se gêneront pas pour appliquer des prix "libres et déplafonnés".
Le 5 décembre sera le jour où l'embargo pétrolier de l'UE sur la Russie entrera donc en vigueur, bien qu'il existe des exemptions pour la Hongrie et d'autres pays enclavés. Les sanctions de l'UE s'appliqueront donc aux assurances et autres services pour les expéditions de pétrole russe. "L'idée" du plafonnement des prix, un plan conçu par la secrétaire au Trésor américaine Janet Yellen, est en effet de n'autoriser l'assurance des expéditions de pétrole russe que s'il est vendu au prix fixé. Mais les assureurs maritimes ne pensent pas que le plan soit applicable car non seulement il est difficile de savoir à quel prix le pétrole est réellement acheté, mais surtout ce prix "fluctue" pendant le parcours des "tankers" au point que le propriétaire de la cargaison est susceptible de varier pendant la traversée, au gré des aléas d'un marché ... très volatile - voir par exemple l'épisode où le prix du baril est passé "en dessous de zéro" pendant la pandémie tant il était même devenu difficile de trouver le moyen de livrer et stocker la cargaison.
En dépit des problèmes insolubles que va soulever ce plan, les États-Unis croient toujours que cela fonctionnera. "Nous pensons que les fourchettes de prix qui ont été discutées permettent d'atteindre ces deux objectifs et nous placeront dans une position où les revenus de la Russie diminueront tout en veillant à ce que les gens aient accès à une énergie fiable et bon marché à l'avenir", a déclaré le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo. le jeudi .