SOFT POWER
Comment marier l'information et le renseignement
(sous le régime de la communauté)
Gonzalo Lira, dont nous diffusons ici une traduction d’un extrait de ses récents Tours de table, est cet américain d’origine chilienne, critique des conséquences de la politique occidentale en Ukraine, où il résidait en 2022, et qui fit brièvement la Une des chroniques ukrainiennes lorsqu’il fut enlevé et emprisonné par les Services Secrets Ukrainiens.
Du PC Chilien à Maria Zakharova (porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Russie) en passant par tous ses ex-collègues et amis de l’ex-communauté du renseignement (tels Scott Ritter), beaucoup furent inquiets pour son sort, puis soulagés par sa libération, à la suite de la forte mobilisation que sa disparition avait provoquée, au Chili et aux Etats-Unis même.
Pour ce tour de table, Gonzalo Lira avait invité deux retraités aguerris de la CIA : Larry Johnson et John Kiriakou.
Comme pas mal de leurs confrères ou ex-collègues, ils apportent un témoignage aussi bien informé qu’instructif, permettant de bien comprendre, comment et pourquoi l’incompétence calamiteuse et la désinformation fondée sur le déni des réalités, se sont imposées à notre idéologie dominante, pour contribuer au désastre intellectuel et humain actuel.
Comment et pourquoi, désormais vassalisé à l’appareil militaro-industriel étasunien, notre propre appareil idéologique, complaisamment qualifié « d’exception culturelle française » n’est qu’un plagiat maladroit, à la remorque de son homologue américain.
Comment désormais et pourquoi et pour servir quels intérêts, notre appareil idéologique, politique et médiatique de classe moyenne en est arrivé à relayer, sans broncher, la propagande impérialiste la plus ridicule et décalée.
L’intérêt majeur de ces analyses et témoignages « vécus », sarcastiques et convergents, est d’être fondés sur une connaissance empirique des faits, et leur analyse rationnelle.
Des analyses spontanément matérialistes et dialectiques ; en ceci qu’elles partent du principe marxiste fondamental que :
« Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. » et que par conséquent « Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c'est inversement leur être social qui détermine leur conscience ».
Y compris celle des agents de la communauté du « renseignement ». Une Communauté qui comme toutes les autres est faite de gens qui doivent bien gagner leur vie, et auxquels on ne peut reprocher à ce titre, d’essayer de le faire au mieux de leurs intérêts … fussent-ils de classe.
La leçon de cette histoire est que l’ensemble de notre appareil idéologique « multimédiatique » est bel et bien intégré à une vaste classe « du renseignement ». Cette dernière rassemble dans un même pot commun de banalité médiocre : nos élus et cadres dirigeants, nos actionnaires petits et grands, aussi bien que nos intellectuels, spécifiques comme organiques, « et de droite et de gauche », selon l’arc en ciel bariolé des nouveaux progressismes.
Qu’ils soient premiers de cordée, ou rebelles de comptoir, écolopportunistes, écommunistes, souverainistes, identitaires, gilets bruns ou écoféministes voire plus si affinités, ils sont à la carte du menu libéral. En plat du jour : le soufflé Zelenski aux petits légumes nazis, avec fromage narco-trotskiste, dessert gramsciste et café intersectionnel compris.
On comprend alors pourquoi, pour nos très positivistes cousins anglo-saxons : renseignement se dit « intelligence »
Produisant cette communauté des anneaux olympiques, sur fond d’irréalité augmentée, bienveillante, soutenable et éco-résiliente. C’est la source du soft power, une énergie renouvelable, mobilisée pour le « sauvetage de la Planète ». C’est la base d’une idéologie qui se présente comme non-conformiste à l’instar de ses précurseurs personnalistes depuis l’entre-deux guerres. Elle alimente un vaste intelligence service, coopté et déjà pléthorique au sein de la classe moyenne occidentale la plus parasitaire. Une couche sociale encore étendue depuis la guerre froide, et finalement promue à l’hégémonie consensuelle. Cette souche idéologique, bien stratifiée, assume depuis lors la production collective de ce qui est censé nous informer, et par là donner une forme à cette réalité virtualisée, d’un monde qu’elle est en charge non pas de produire, mais de nous vendre.
Qu’importe que tout ça soit vrai, du moment que ça fait « sens » et que ce sens aille dans celui de nos nouvelles valeurs …
d’anticonformistes stéréotypés.