De la juste résolution des contradictions
au sein de la classe militante.

 

 

Éclairons nos camarades indécis
Correspondance militante

 

     Faisant suite à la publication il y a quelques jours d'une précédente contribution à la juste résolution des contradictions au sein de la classe moyenne, dont le présent article constitue donc une première suite, je recevais ce message d'Alain Badiou

Le mar. 7 juin 2022 à 12:14, Alain Badiou a écrit :

Cher Dominique,

Je suis en général très d'accord avec tes analyses de situation, et plus généralement avec tout ce que brasse notre cher "Propagande". Si je me manifeste peu, c'est que la traversée de trois ans d'épreuves personnelles (deuils en cascade et santé défaillante) ont réduit à "presque rien" (en fait, un séminaire de deux heures tous les mois, et encore...) mes activités publiques.

Je voulais juste noter que dans une dernière intervention, tu emplois l'expression "la classe moyenne dominante", ce qui est conforme, il est vrai, à la hargne dont tu poursuis, non sans raison, les fabrications intellectuelles dominantes des années écoulées depuis maintenant presque un demi siècle. Mais c'est une expression inadéquate ! une "classe moyenne" ne saurait être une classe dominante, tout au plus peut--elle être dominée par des larbins, conscients ou inconscients, de la classe dominante…

Ou alors tu parlais de la "partie dominante" de la classe moyenne ?

Je te fais cette remarque parce que je trouve que, parfois, tu attribues tous nos malheurs aux intellectuels disons "importants" ou "dominants" des dernières décennies. Alors que le côté "larbins de la bourgeoisie" de la majorité des intellectuels français les plus connus est une constante tout à fait normale, au moins depuis la révolution bourgeoise de 1789-93, et devenue structurale depuis que les partis "communistes" sont, au mieux, des partisans médiocres du capitalisme monopoliste d'Etat mis en place, en Russie dès après Staline, et en Chine dès après Mao.

Voilà, surtout pour te faire savoir que je te suis sur presque tout, et notamment sur l'imposture Mélenchonesque, répétition en farce de la "gauche unie" du sinistre Mitterrand, dont du reste Mélenchon se réclame.

Amicalement,

Alain Badiou

 

à quoi je répondis :

     Bonjour Alain

     et merci de ton message.

     J'y répondrai plus décemment sous peu mais, dans l'urgence "propagandiste", je veux juste déjà te dire que ce serait le genre de chose dont nos jeunes camarades de Propagande aimeraient bien débattre avec toi.

     Parce qu'en réalité je pense me faire leur interprète en te répondant que je suis "presque tout à fait" d'accord avec ton objection et aux motifs que tu invoques (sauf évidemment sur le C.M.E. pour les bonnes raisons que tu sais, la première étant que ceux que tu soupçonnes de le représenter en sont les contempteurs "académiques" les plus candides).

      Il s'agit donc d'un "mal entendu" , bien qu'en fait tu l'ais déjà bien corrigé de toi-même.

    Pour faire "court", en attendant plus et mieux, je te précise simplement que le sens dans lequel il faut entendre ce que j'appelle ici (dans mon article-palimpseste de Mao) la "classe moyenne dominante", ailleurs le "bobotariat", ou encore et plus traditionnellement la "classe dirigeante" (et toute sa domesticité).

     On peut évidemment (et on doit donc) y distinguer des" couches" (certains en tenant plus que d'autres) , des "niveaux"... Je dirai métaphoriquement : comme dans les jeux video qui ont façonné les représentations sociales et politiques de ces deux ou trois dernières générations.

     Mais analytiquement, objectivement comme subjectivement, c'est la même "chose". La même classe de facto "hégémonique", sous ses formes différenciées, hiérarchisés selon le "game", selon le "niveau de jeu" auquel chaque profil de carrière "personnelle" est parvenu.

     Comme le vent petit-bourgeois leur est aujourd'hui contraire, et que leur créativité "paradigmatique" est en panne, ils se rabattent sur les vieilles marmites. D'où notamment leur pathos "gramsciste" lénifiant et ... récurrent. On a ce mode de "résurgence" périodique à chaque "trou d'air théorique" de leur rebellitude d'ados pas finis (certains même à 80 balais comme notre camarade Hazan), nombrilistes et (nécessairement) frustrés, tels des Rubemprés attardés, envieux de la réussite de Rastignac.

     Tu te souviens comme moi du retour cyclique de ce genre de "protestation de la créature accablée" *, comme au début des années 70, puis encore et encore jusqu'au aujourd'hui : au monde des réseaux, de Science Pipo, de la résilience heureuse et de la colère de Gaïa. Tous mobilisés par leur "recherche de sens", dont celles et ceux ( nombreux parmi les plus "lettrés" de nos bobolétaires) que ça a conduit à "redécouvrir" Gramsci.

* "le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit" ...

     Ceux-là se revendiquent donc de Gramsci (totalement délesté de tout contenu marxiste ou même simplement historique), mais sur un mode en quelque sorte "oedipien", refoulant ce fait "obscène" que "l'hégémonie" idéologique (supposément bras armé de la "domination" symbolique bourgeoise), c'est tout simplement eux (et elles) qui la produisent et la répandent ; cet ennemi du "commun" qu'ils prétendent si farouchement combattre de leurs furieuses imprécations sur touitteur et autres médiations sur zombiphones, cette idéologie dominante aujourd'hui  ... ses gros bataillons "au charbon", c'est eux, c'est elles !

à bientôt donc.

Dominique

Le même jour, je recevais cet article du site "faire vivre le PCF"

Le mar. 7 juin 2022 à 10:07, lepcf.fr  a écrit :
 
Auquel je fis part de ce commentaire :
Joli syllogisme foireux !
Dont, selon ces "mots que vous avez trouvé pour le dire", on peut conclure que c'est le "parti des sans issue" ... et de la "rupture accomplie"... avec les classes laborieuses.
Pierre Dac, dont tu sembles t'être inspiré, aurait sans doute préféré " il n'y a pas d'issue sans sortie, et vice-versa".
Du coup, en effet, ça semble assez mal barré ... pour les "jours heureux".
Pour vous aider à vous en sortir, je vous indique une porte de sortie ( de votre état de déréliction idéologique ) par une analyse concrète de situation politique concrète, la votre
 

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Ce qui me valu les objections suivantes, de la part de l'auteur :

 7 juin 2022 à 18:14, pam utopies a écrit :
honoré que ce texte justifie que tu nous en sortes une...
au passage, un syllogisme est constitué de trois parties, et donc il manquait la conclusion à mon titre qui serait en toute bonne logique : pas d'issue sans parti ! et non pas le parti des sans issue, dont je me demande bien par quelle transformation logique tu l'obtiens
au passage, on est passé depuis à la logique moderne, Aristote considérant que l'universel contient l'existentiel, ce que la logique moderne  abandonne pour permettre le raisonnement par l'absurde. ca devrait te plaire...
 
En tout cas,  ta proposition à la pierre dac ne peut être un syllogisme...
 
cela dit, j'avais déja lu "de la juste résolution des contradictions au sein..."  et j'avoue que je fais des efforts pour te lire et réfléchir ce qui me demande de la concentration et rend difficile le rire... Sans doute marque de faiblesse intellectuelle, on ne peut pas tous être à ton niveau
 
pam
 
     Qui lui valut cette réponse en retour :
     Ben oui, faut se concentrer un peu, je te l'accorde, c'est moins facile à gober que du Fabien Roussel, du Ian Brossat ou du Mélangeons  ... et pour sortir de là (trouver une issue ),  il te reste une assez grosse marge de progression comme tu sembles d'ailleurs l'admettre toi-même.
Faut lire, donc, et commencer par lire ce qui est écrit : "Joli syllogisme foireux !"
Raison pour laquelle je l'ai complété par la conclusion qu'il impliquait ... 
Comme disent les programmes robots sur internet : "j'espère que ça t'aura aidé" .
 
     Soit dit en passant, je serai curieux de savoir quelle est cette "logique moderne" à laquelle "on est passé" ? Et en quoi elle consiste ...et pour qui ?
Si j'en juge par ses résultats, ç'est pas gagné ... 
En tout cas il semble bien en effet qu'elle ignore même ce que c'est qu'un syllogisme, tout en ayant quand même une idée confuse sur le sujet, un peu à la manière des Dupond-t, dans "On a marché sur la Lune", quand le Capitaine Haddock "s'excuse" de les avoir insultés en leur concédant  - sachant que le Cirque Hipparque n'emploie pas de clowns (premier terme du syllogisme, incontestablement valide) - qu'en fait ce cirque n'a pas besoin des leurs deux candidatures spontanées :

Il s'ensuit en effet, logiquement, que :
"le Cirque Hipparque n'a pas besoin de clowns" ...

[donc] ( troisième terme et conclusion ) :

"vous ne ne pouvez faire l'affaire"
 
Courage camarade, la lutte continue.
 
Allez savoir pourquoi ça m'a semblé de nature à éclairer les indécis sur leur spectacle du prochain week-end, tout en illustrant ma réponse à Alain Badiou, en attendant le cirque de Dimanche ... et ses clowns.
 
Viktor Yugov.
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