Chroniques du nazisme contemporain (1)
Crime et châtiment d'Emir Kusturica (2)
Slovénie, victime collatérale consentante ?
Alors qu’Emir Kusturica apprenait que les producteurs occidentaux renonçaient à financer son adaptation du célébrissime « Crime et châtiment » la république de Slovénie, pourtant si prévenante pour le politiquement correct atlantiste, subissait un affront qu’on croyait réservé aux seuls Russes et Biélorusses. Insolite et cocasse, d’une importance toute relative, l’événement mérite pourtant d’être relaté. Il éclaire un aspect important de l’affaire ukrainienne, à savoir l’incroyable débauche de haine antirusse. Nourrie, force nous est de le constater, de racisme à l’état pur, elle n’épargne aucun secteur de la vie publique, bien peu d’hommes politiques osent l’affronter en faisant valoir des points de vue ne serait-ce que nuancés.
Si le nazisme allemand est né de la haine antijuive, le nazisme ukrainien, lui, s’alimente de la haine antirusse.
L’événement mentionné concerne l’ambassade de Slovénie à Kiev qui, comme toutes les représentations diplomatiques occidentales à la suite de celle des États-Unis, a quitté Kiev pour l’ouest du pays au début du mois de février et ensuite se réfugier en Pologne, de l’autre côté de frontière, une fois déclenchée l’offensive des forces armées russes, le 24 février.
Trois semaines plus tard, Boštjan Lesjak, ministre plénipotentiaire près de l’ambassade de Slovénie, de retour à son poste – alors que son ambassadeur reste en Pologne -, s’empresse de hisser les couleurs de son pays ainsi que le drapeau de l’Union Européenne sur le bâtiment de l’ambassade à Kiev. Il signifie de la sorte le retour de la Slovénie en la capitale ukrainienne. Le moment est d’ailleurs bien choisi puisque le premier ministre slovène, Janez Janša, séjourne à Kiev en compagnie de ses homologues Tchèque et Polonais où il vient témoigner du soutien du groupe de Višegrad au président ukrainien Zelensky.
Très rapidement cependant – peu après le départ du chef de son gouvernement -, le diplomate slovène est contraint de baisser pavillon au motif que drapeau slovène ressemble par trop aux couleurs russes.
Interrogé par la télévision slovène quelque temps après à propos de l’événement, Lesjak raconte : « quand nous sommes vénus à Kiev il y avait du vent et nous étions fiers de déployer nos couleurs et ceux de l’Europe sur la façade du bâtiment de l’ambassade. Aussi, nous étions contents, satisfaits de voir notre drapeau flotter magnifiquement dans le vent de la capitale ukrainienne à nouveau. »
Deux jours plus tard avec le vent qui a cessé de souffler, les couleurs slovènes ont, elles aussi, cessé de flotter. Et Lesjak d'en expliquer les causes : « J'ai vu venir à moi des membres de la garde nationale ukrainienne puis, quelque temps après, la police pour me demander de retirer temporairement le drapeau slovène parce qu'il ressemblait à s'y méprendre à celui de la Russie.»
Si Lesjak obtempéra aux exigences passablement extravagantes des pandours ukrainiens quitte à déshonorer son pays en se rendant coupable personnellement de forfaiture, la réaction du chef du gouvernement slovène n'en a pas été moins étonnante. En effet, tenu au courant de l'affaire, celui-ci s'est fendu d'un tweet où il cite un dénommé Aleks Hribovšek, président de la société héraldique slovène, selon lequel la Slovénie « ne saurait modifier ses enseignes parce qu'elles ne correspondent pas aux goûts de particuliers à l'étranger. »
Ainsi, incident, si incident il y eut, était clos par l'intermédiaire de Twitter avec le concours d'un « expert en héraldique » !!! Pour autant, au jour d’aujourd’hui on ignore si les couleurs slovènes flottent au vent sur le mat de la façade de son ambassade à Kiev ou si, au contraire, par trop semblables à celles de la Russie elles sont absentes laissant la place au seul drapeau étoilé de l'Union Européenne. Cela étant, on notera qu'à la flagornerie probable du ministre plénipotentiaire le chef du gouvernement slovène a ajouté un consentement à peine voilé signifiant de la sorte que tout ce qui, de près ou de loin, fait référence ou se rapporte à la Russie, à la nation russe est inacceptable, condamnable. Comment nommer ce dépit haineux envers "le russe" si ce n'est de l'appeler par son nom, c'est-à-dire racisme ?
A. Jejcic. 31 mars 2022
Résumé des épisodes précédents par notre expert Trufo :