Chroniques du nazisme contemporain (2)

Ukraine 2022
Les Olympiades du nazisme international

( video de nouveau disponible )

La video (édifiante) sur le fascisme en goguette (en Ukraine) ayant été bloquée par Youtube...
la voici sur un serveur pour l'instant encore indépendant :

La dénazification, agent d’une séparation à venir.

Berlin libéré, le monde célébrait « la fin de l’hitlérisme » et beaucoup avaient l’impression que désormais tout allait s’arranger quand le premier des soldats russes, le maréchal Gueorguï Zhoukov, non loin du Reichstag décoré des couleurs des vainqueurs, proféra : « Nous venons de libérer l’Europe du nazisme, jamais ils ne nous le pardonneront ». Plus que la foule enthousiaste, le maréchal savait de quoi il s’agissait.

Soixante-dix-sept ans plus tard, le président de la Russie – l’état successeur du pays dont l’armée a libéré Berlin – a été obligé d’entreprendre une opération militaire dont il a fixé l’objectif : dénazifier l’Ukraine.   

Le responsable de la délégation russe dans les pourparlers russo-ukrainien actuels, Vladimir Medinski a déclaré que la délégation ukrainienne ne souhaitait pas discuter de dénazification. On veut bien renoncer à l’OTAN, réduire les forces armées aux dimensions symboliques, disent-ils, mais parler de dénazification – pas question.

Les nazis, enfants chéris de l’Amérique. Tout cela malgré l’évidence qu’à Marioupol les combattants du bataillon Azov arborent les insignes nazis – des étendards aux tatouages. Malgré le fait que l’ensemble de l’Ukraine orientale depuis 2014 est parcourue d’unités militaires aux noms évocateurs Azov, Aïdar, Dneïpr, Desni sektor etc.

Aussi est-il évident que le grand défenseur des droits de l’homme, Bernard-Henri Levy, alors qu’il se promène fièrement dans les rues d’Odessa en compagnie du célèbre chef du Desni sektor (Secteur droit), sait que « le malfamé bataillon kiévien Azov, détachement officiel de la Garde nationale ukrainienne, est reconnu de par le monde en tant que « unité paramilitaire néonazie » et qu’elle est même de ce fait objet de critiques de la part de Human rights watch et d’instances compétentes de l’ONU.

Après le coup d’état de 2014 à Kiev – avec le soutien du Desni sektor et sous la coordination de la fameuse Victoria Nuland et de l’inénarrable Hunter Biden – les Etats-Unis et le Canada se sont mis à l‘école des néonazis ukrainiens. Un an plus tard, en juin 2015, ils mettaient un terme à cette collaboration pour la reprendre l’année suivante « à cause des pressions de la CIA ». La coopération se poursuit à telle enseigne que le journal étatsunien Nation peut écrire en 2019 que l’Ukraine post-maïdan est « le seul état au monde où des formations néonazies figurent en bonne place dans ses forces armées ».

Ceci n’est évidemment pas le fait du hasard. Pour comprendre les événements il faut revenir aux années quatre-vingt-dix, au temps de « la chute du communisme », quand on a réalisé que les meilleurs opposants étaient les nazis/fascistes puisqu’on pouvait facilement activer leur « droit » à la vengeance.

Soudainement sont apparus des prototypes de nazis. Produits d’importation, ils étaient issus de « l’émigration fasciste », nourris, entretenus au sein des sociétés antifascistes occidentales. Voice of America et autres « médias libres » n’ont eu de cesse de proclamer à tue-tête que la dénonciation des nazis ressortirait à « la limitation de la liberté de parole ».

L’antifascisme serbe – la désorientation. Parmi les Serbes, qui durant la Seconde guerre ont eu deux mouvements antifascistes, on a n’a eu de cesse d’être étonné comment « nos alliés » d’un coup sont devenus les protecteurs « des forces vaincues », de nos ennemis.

Subitement, sans qu’on n’y prenne garde, nous avons été inculpés de construire « des camps de concentration ». Nous ? Draža Mihajlović, résistant au nazisme de la première heure, n’avait-il pas fait la une du Time le 25 mai 1942 ? N’avons-nous pas porté secours aux pilotes américains ? Les émissaires occidentaux n’ont-ils pas séjourné parmi nous durant toute la guerre ? Alors une partie des libéraux serbes s’est mise en tête que la faute revenait à Milošević. Il n’y avait pas d’autre cause et on se mit à scander : Slobo - Sadame ! Mais les Américains faisaient un pas de plus : Milošević c’est Hitler. Ils laissaient en paix Tudjman alors que celui-ci s’agrippait à la Croatie nazie comme à une sainte relique.

Alors que le public serbe cherchait à savoir ce qu’avait fait Milošević pour s’attirer l’inimité des Américains, le secret devait être levé par un officiel allemand. L’hebdomadaire NIN publiait en 2007 une lettre adressée le 2 mai 2000 au chancelier Gerhard Schröder par Willy Wimer, délégué du chancelier à la Conférence de Bratislava organisée par le Département d’état US et l’Institut pour la politique étrangère du Parti républicain américain. Lors des sessions fermées au public on avait expliqué que la guerre contre la Yougoslavie avait pour objectif de corriger « les décisions précipitées du général Eisenhower concernant le déploiement des forces américaines dans la région ». Afin de réaliser cela il fallait « exclure durablement la Serbie de la communauté des états européens ».

Et l’erreur d’Eisenhower nous conduit à la déclaration du maréchal Zhoukov. Eisenhower n’avait pas commis d’erreur, l’armée américaine était alors tout simplement incapable d’occuper des territoires qu’elle n’avait pas encore atteint. Mais l’inimitié à l’égard de l’allié oriental était en plein essor.

La guerre planifiée contre la Russie. Dès la fin 1944, le commandement britannique envisage le réarmement de l’Allemagne pour attaquer la Russie. Dans son livre La guerre, l’URSS, les mythes 1939-1945, Vladimir Medinski, le chef de la délégation russe dans les négociations en cours avec l’Ukraine, donne des renseignements intéressants.

Que de brouillards ! s’exclame Medinski. Mais non, poursuit-il, pas du tout, ce ne sont pas des fadaises, il s’agit du compte-rendu de l’Etat-major pour la planification générale qui a élaboré un plan de campagne contre l’URSS ! La variante finale était prête le 22 mai 1945 ! Le vingt-deux mai !

Les Britanniques estiment qu’il difficile d’anéantir l’industrie d’armements russe du fait de sa dispersion, il en va de même pour le réseau de communication. « Le seul moyen de parvenir à un résultat rapide serait une campagne terrestre qui permettrait d’exploiter pleinement notre supériorité, notre domination aérienne », constate le document mentionné. On planifie l’engagement de 20 divisions blindées, 50 divisions d’infanteries, 5 divisions aériennes ainsi qu’un ensemble de brigades d’infanteries et de blindés, l’équivalent de 8 divisions. « D’après des évaluations, lors des étapes initiales (de la campagne militaire) il serait possible de transformer et réarmer 10 divisions allemandes ». Le plan des opérations porte la signature W.S.C, autrement dit Winston Spencer Churchill.

 

Au terme de cinq années d’existence d’un front antifasciste uni, l’alliance se défait après 12 avril 1945 quand décède Franklin Delano Roosevelt. Harry Truman, qui accède alors au pouvoir, change immédiatement de politique, il change aussi les hommes. Entre autres, il apparaît que le recours au service d’anciens nazis ne pose pas de problèmes comme en témoigne la nomination à la tête des services de renseignements de la RFA de Reinhard Gehlen, ancien chef des opérations secrètes dans le cadre du plan Barbarossa. Gehlen va demeurer en poste jusqu’en 1968. Lorsqu’est formée la CIA en 1947, Gehlen, proche ami nazi, va être de ceux qui vont conseiller Allen Dulles. Dulles avait l’habitude de dire : » Tu ne saurais vaincre les Slaves par la guerre. Nous leurs imposerons de fausses pistes et ils vont se détruire eux-mêmes ». L’expérience ukrainienne de Gehlen ainsi que ses connaissances des républiques soviétiques, les réseaux qu’il a mis en place durant la guerre seront mises à disposition de la CIA.  

Les nazis et le Rideau de fer. La Deuxième guerre n’est pas terminée et déjà une nouvelle guerre débute. Plus tard, elle va recevoir son appellation – la Guerre Froide. Une année après la Libération, l’incontournable Churchill va proférer sa fameuse saillie « le Rideau de fer ».

« Un rideau de fer va tomber sur tout le territoire immense contrôlé par l’Union soviétique, des nations entières vont être éliminées », a écrit Joseph Goebbels dans l’hebdomadaire Das Reich, le 25 février 1945. C’est lui qui a conçue l’expression « die eiserne Vorhang » que Churchill va traduire en « iron curtain ». C’est ainsi que dans le sol nazi-fasciste européen ont éclos, tel des perce-neiges, des « antifasciste » qui ont pu sans grande peine emprunter les voies renouvelées du combat antisoviétique. En effet, l’orientation, la direction générale n’avait guère changée – c’était toujours Moscou.

Afin de comprendre l’antifascisme occidental il importe de se rappeler le texte du penseur et résistant français Jacques Ellul publié le 25 juin 1945 sous le titre « La victoire d’Hitler ? ».

« A l’heure même où l’Allemagne et le nazisme sont effondrés, à l’heure où la victoire des armées alliées est enfin acquise, une question nous reste posée par les deux derniers ordres du jour d’Hitler. » Et Ellul de rappeler qu’Hitler avait, avant tout, promu la guerre totale qui suppose la mobilisation totale et de l’autre côté, inévitablement, le massacre total … Afin que nous vainquions, nous ne pouvons procéder différemment … La mobilisation totale avait deux conséquences simultanées. Non seulement les femmes se trouvent incorporées pour des tâches pour lesquelles elles ne sont guère préparées mais, ce qui est infiniment plus important, l’état s’attribue des pouvoirs absolus ….

« Pour réaliser la mobilisation totale de la nation, tout l’État doit avoir en mains tous les ressorts financiers économiques, vitaux, et placer à la tête de tous des techniciens qui deviennent les premiers de la nation. Suppression de la liberté, suppression de l’égalité, suppression de la disposition des biens, suppression de la culture pour elle-même, suppression des choses et bientôt suppression des gens inutiles à la défense nationale. Et l’Etat prend tout, l’Etat utilise tout par le moyen des techniciens. Qu’est-ce donc sinon la dictature ? C’est pourtant ce que l’Angleterre aussi bien que les Etats-Unis ont mis sur pied … et ne parlons pas de la Russie !»

La Russie s’est conformée au bolchevisme et l’avènement de la dictature était une évidence alors que l’Occident libéral justifiait l’emploi de tous les moyens pour combattre « le péril rouge ». Les Etats-Unis ont, suivant l’avertissement d’Ellul, attaqué des états souverains et des peuples sans protection. Nous sommes ainsi parvenus en ce début du vingt et unième siècle à la situation décrite par Ellul en 1945.

Les états sont transformés en camps de concentration digitale et quelques soient les proclamations démocratiques des chefs d’états, l’essence même du système – rappelons-nous comment ont vécu les « démocraties » durant les deux années de coronavirus – immanquablement font penser au Troisième Reich. Les droits civils ont été érodés au point que les citoyens ne sont plus à même de de librement disposer de leurs corps.

L’évident soutien occidental au nazisme. Dès que le premier soldat russe a foulé la terre ukrainienne, le coronavirus a quitté le front médiatique. La russophobie est mieux à même d’anéantir les libertés individuelles comme collectives, de mettre en place des méthodes de contrôle fascisantes, de préparer les sociétés au « grand reset » où on planifie la totale pacification du démos, voire sa disparition physique. Et c’est là qu’entre en scène l’Ukraine sur laquelle flottent librement les étendards avec des croix gammées.

L’administration américaine organise le coup d’état. Les médias du monde entier observent avec compréhension comment des nazis brulent vifs des dizaines d’individus en plein jour, en plein milieu d’Odessa. Leurs actes terroristes – publics et brutaux – ne suscitent pas la moindre condamnation. Au contraire, on les soutient, « soulèvement populaire ». Quand la peur engendre la révolte des populations de Donetsk et Lugansk, « les pays démocratiques » vont apporter leur soutien « au juste combat » d’Azov contre les sécessionnistes russes. Depuis 2014, les nazis, en tant que partie intégrante, légale de l’armée ukrainienne, ont tué 14.000 personnes et provoquer l’exode de centaines de milliers de civils.

 

Mais, lorsqu’en 2014 l’assemblée générale de l’ONU met aux votes une résolution interdisant la glorification des idées nazies, 115 pays votent pour, 55 s’abstiennent alors que les Etats-Unis, le Canada et l’Ukraine votent contre. L’ensemble des pays de l’UE s’abstiennent, seule la Serbie vote pour la résolution. En 2021, le résultat est identique. La carte géographique des pays ayant sanctionné la Russie – y compris avant la crise ukrainienne - montre une image semblable.

Le nazisme n’est pas indésirable en Europe. Bien au contraire. A l’évidence, l’antifascisme n’est plus une valeur européenne. Autrement dit, la schizophrénie collective prend des proportions terrifiantes alors que ses assises idéologiques sont obscènes, inavouables.

Il est normal qu’Azov et Desni sektor héritent de la croix gammée, pratiquent le salut hitlérien, qu’on fonde à Lvov un Institut Joseph Goebbels … Mais Poutine est Hitler. Mais, non, il n’est pas le führer des nazis ukrainiens. En fait, c’est l’employeur de Victoria Nuland et père de Hunter Biden. L’homme qui se distingue par des déclarations en tous points pareils aux slogans national-socialiste, mais – elles sont démocratiques. L’appel au meurtre d’un président d‘un état souverain, la menace de changement de pouvoir par la force dans ce même pays, la promesse qu’il va agir en sorte que la guerre ukrainienne ne prenne pas fin d’ici peu … Les choses en sont allées si loin que le secrétaire d’état de ce même président s’est vu obligé de dire que son chef de pensait pas ainsi.

 

Nous Serbes, observons cela avec inquiétude. Le nazisme et la dénazification deviennent à nouveau le point où va se congestionner l’espace de nos décisions clefs – et cela peut se comprendre - pour notre avenir. C’est le drame historique de la nation serbe.

D’après une enquête d’opinion récente deux tiers des citoyens serbes estiment que les Etats-Unis et l’OTAN sont responsables de la guerre en Ukraine, seuls 4.5% pensent que l’Ukraine est responsable alors 3.5% estiment que la responsabilité incombe à la Russie.

Ceci est assurément une bonne nouvelle pour les Serbes au moment où l’Union Européenne et l’Occident étouffent de russophobie pour se retrouver dans l’état naguère décrit par Romain Rolland, grand écrivain et grand homme français, qui, du temps de l’hystérie guerrière et chauvine des Français et des Allemands lors de la Première guerre, écrivait : «  Aucune justification d’ici-bas ne peut justifier la capitulation de la raison humaine individuelle devant l'opinion publique. »

Qu’il fait bon de ne pas appartenir à ce monde « démocratique » !

Il nous reste l’espoir que nos élites politiques vont savoir se départir des «justifications d’ici-bas » et entendre la voix du peuple. Unis nous avons la chance de trouver la meilleure issue.

 

Slobodan Reljić

 

Pečat n° 708, Belgrade, 31 mars 2022.

 Traduction A.Jejcic. pour Propagande

 

Tag(s) : #Slobodan Reljić, #dénazification, #ukraine, #nazis, #anticommunisme
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