Un article ex-yougoslave, aimablement signalé et traduit par le camarade Jejcic, pour celles et ceux qui s'inquiètent du prix de l'énergie... au monde d'après.
(Quand on n'a ni pétrole, ni nucléaire, reste... les idées)
Et le vent emporta l’argent des contribuables serbes …
Il y a deux jours, lors d’une session ouverte du gouvernement serbe, Jelena Matić, directeur général du système de distribution électrique de la république de Serbie (EMS), a expliqué comment l’entreprise a été contrainte de payer de l’énergie électrique importée à des prix exorbitants allant jusqu’à 330 euros le mégawatt. En cause : la variation du vent à l’origine de la réduction de la production nationale. Dans ce contexte la question a été posée de savoir quel bénéfice peut attendre le pays de l’énergie verte quand dans les moments les plus difficiles il ne dispose pas de suffisamment de charbon pour couvrir ses besoins sauf, comme de bien entendu, à recourir à l’endettement pour couvrir les frais d’importation.
La directrice de l’EMS a par ailleurs indiqué comment les sources « non-inertes » d’énergie, à savoir l’éolien et le solaire, mettent en péril l’approvisionnement énergétique du pays.
« Ainsi, selon Jelena Matic, si elles dépassent les 20% du mix énergétique, le système est difficilement balancé. Nous avons, ces jours derniers, et nous aurons sans doute encore l’occasion de l’observer, constaté des variations de l’énergie éolienne tombant à zéro, grimpant ensuite à trois puis cinquante mégawatt ce qui nous a imposé des dépenses afin d’acheter en urgence du courant électrique à 330 euros le mégawatt. ».
Afin de bien comprendre le propos, le président serbe, Aleksandar Vučić, a demandé si l’argent dépensé n’a servi qu’au balancement de l’approvisionnement énergétique par le recours à l’importation. La directrice de l’EMS lui a répondu par l’affirmative en ajoutant que par moment il y avait un surplus puis il y avait des annonces de demandes nouvelles lorsqu’il n’y avait plus de disponibilités. C’est alors qu’on se retrouvait, selon Jelena Matejić, dans une situation particulièrement délicate ne sachant plus quelle solution retenir.
« J’ai écouté toutes sortes d’écologues, souvent venus de l’étranger. Je regrette de leur avoir consacré mon attention car je savais qu’ils allaient me raconter des mensonges », a commenté le président Vučić.
De la sorte a été confirmée l’histoire selon laquelle le solaire et l’éolien ne sauraient remplacer le charbon, thème principal des discussions publiques actuelles en Serbie. En effet, le charbon, mélangé de boue et de végétaux, a conduit à la fermeture d’un grand nombre d’unités de production de la centrale « Nikola Tesla ». Du coup, se pose la question de savoir si l’argent dépensé par l’état pour « l’énergie verte » n’aurait pas pu être utilisé plus judicieusement pour la rénovation, pour la construction d’unités de production modernes dans la centrale « Nikola Tesla ». De même qu’on peut se demander si les investissements déjà effectués pour les éoliennes et panneaux solaires par le Ministère de l’énergie n’ont pas été en pures pertes. Il semblerait que tel soit en effet le cas.
Interrogé à la suite de l’exposé sur la mise en œuvre de « l’énergie verte », en mettant de côté la satisfaction de certains intérêts particuliers, alors que la Serbie reste sans courant quand elle en a besoin, le professeur Milan Radunović, consultant auprès de a compagnie « Système énergétique Integrator », répond en disant qu’à présent on voit très bien que l’histoire des avantages des sources d’énergie renouvelable, de leur importance pour l’approvisionnement énergétique, est, ni plus ni moins, un gigantesque fiasco.
Cette approche est purement administrative, technocratique, elle n’est pas fondé sur l’énergétique. Ainsi, est-il apparu que l’Allemagne a du activer ses centrales à charbon quand le vent ne suffisait plus à lui assurer son approvisionnement. De même l’Espagne. Ce qui veut dire que la Serbie afin de pourvoir à sa sécurité énergétique doit s’appuyer sur les ressources dont elle dispose, c’est-à-dire le charbon, – a affirmé catégoriquement, le professeur Radunović
On ne doit pas juger des centrales thermiques à partir des centrales existantes. Du fait de leur ancienneté, de leur faible efficacité (elles consomment beaucoup de charbon par mégawatt), elles sont très polluantes. Il faut les remplacer par des centrales basées sur les nouvelles technologies de combustion de grande efficacité et faible pollution ; elles assurent une économie circulaire.
La Serbie a besoin de deux fois 500 mégawatt de capacité de remplacement. Ceci est la condition du maintien de la sécurité du système mais aussi une contribution à la décarbonatation puisque pour la même quantité d’énergie on dépenserait des dizaines de tonnes de charbon en moins du fait de l’efficacité des chambres à combustion.
L’exemple de la Pologne est intéressant. Dans la période où ils ont débuté la transition, il y a dix ans, ils ont construit 7.000 mégawatt de capacité en faisant appel aux technologies nouvelles basées sur le charbon. .
Il convient de distinguer entre l’énergie de base et l’énergie de balancement. L’énergie de base assure la sécurité du système, l’énergie de balancement répond aux surplus de besoins et au soutien des sources renouvelables car la règle de fonctionnement fondamentale des systèmes électro énergétique est qu’à chaque instant il faut égaliser les besoins des consommateurs avec les moyens de production. Bien sûr, la possibilité d’importation s’ajoute au potentiel de production domestique. Quand on planifie un diagramme de production on commence par l’énergie de base qu’on produit par ses propres moyens en y ajoutant les capacités en énergie renouvelables. C’est là qu’interviennent les impondérables, le vent souffle ou ne souffle pas, le soleil brille ou ne brille pas, du coup, quoi qu’il en soit, des options doivent être prises pour assurer le cas échéant de l’électricité d’importation, ceci a des conséquences financières. Délivrée ou pas, l’énergie verte a un coût. Ainsi, très paradoxalement, l’énergie verte déroge à la loi de l’offre et la demande en cela qu’on la paie pour ne pas la consommer.
En mettant l’accent sur les sources d’énergie renouvelables on n’a pas pris en compte le fait que pour chaque mégawatt délivré par le vent ou le soleil à chaque instant nous devons assurer autant d’énergie de balancement, mise ne œuvre quand le vent et le soleil ne sont plus. « L’énergie verte » ne peut remplacer le charbon, conclu le professeur Radunović.
Article de Politika du 17 décembre 2021 adapté par A.Jejcic.