«Dans les chaires on ne cesse de parler de l'insécurité, de la fragilité, de l'instabilité des choses temporelles, mais chacun pense, si ému soit-il, qu'il conservera pourtant ce qui lui appartient ; que cette insécurité apparaisse effectivement sous la forme des hussards sabre au clair, et que tout cela cesse d'être une plaisanterie, alors ces mêmes gens édifiés et émus qui avaient tout prédit se mettent à maudire les conquérants.

Cependant les guerres ont lieu quand elles sont nécessaires, puis les récoltes poussent encore une fois et les bavardages se taisent devant le sérieux de l'histoire.»


G. W. F. Hegel, Principes de la philosophie du droit et science de l'État en abrégé, remarque annexée au §324, citée et traduite de l'édition allemande Lasson, tome VI, p. 369 par Jean Hyppolite in Introduction à la philosophie de l'histoire de Hegel (éd. Marcel Rivière et Cie, coll. Bibliothèque philosophique, 1948).

 

Pour faire suite à notre défense et illustration du combat opiniâtre (et victorieux) d'Annie Lacroix-Riz contre le proliférant révisionnisme du bobotariat universitaire, promu parmi les obligés de notre classe dirigeante, voir :

 

Annie nous a adressé ce complément :

 

La dépréciation publique de mes travaux est fort ancienne (elle remonte aux années 1980 de la publication de ma thèse d’État sur la CGT et l’État français à la remorque des États-Unis entre la Libération et 1947), alternant avec des phases d’enterrement pur et simple. Obtenir pour la première fois en plusieurs décennies un « droit de réponse » stricto sensu, avec l’aide de mes avocats, le soutien de mes camarades et amis, et, il convient de le préciser, l’appui que m’ont fourni des recensions (surtout électroniques, vu les circonstances) élogieuses de l’ouvrage La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950, constitue contre l’appel à la censure et la calomnie académiques une vraie victoire.

L’assaut politique de M. Morin, publiciste officiel du Parti socialiste, venait en effet couronner un monceau d’injures ahurissantes de collègues d’histoire contemporaine, dont les siennes, fin 2019, dans sa revue du PS, l’OURS. L’attaque a été livrée en l’occurrence sous couvert strictement académique, dans la revue d’une institution issue de l’École libre des Sciences politiques, laquelle s’est résolument mise à l’heure américaine (et maccarthyste) dès l’après-guerre ‑‑ après l’avoir d’ailleurs fait pendant l’entre-deux-guerres, dans une perspective, déjà, de « réconciliation » avec le Reich, thème du prochain livre en cours, mais nettement moins pendant l’Occupation.

Je n’ai pu, à mon vif regret, disposer de l’appui de collègues, assurés eux aussi de l’appui des grands médias et du service public de télévision et de radio, dont France Culture (qui exclut systématiquement mes travaux) et Arte (où la censure est aussi spectaculaire), mais intervenant parfois, en sus, dans des médias légitimement tenus pour « critiques », dont Le Monde diplomatique, et revendiquant leur appartenance, non seulement à la gauche, mais éventuellement aussi à « la gauche de la gauche ». J’ai cru pouvoir compter sur le soutien de représentants, issus de cette mouvance, de la jeune génération d’historiens, naïvement ou sottement, car les dernières décennies ont nettement renforcé les bons usages académiques d’ostracisme. Je me bornerai à deux exemples, liés à la revue 20&21 et membres de son comité de lecture ou de rédaction.

M. Xavier Vigna, historien « des mondes ouvriers » ‑‑ nouvelle désignation, plus élégante ou moins vulgaire, de l’« histoire sociale » des générations antérieures ‑‑, courtoisement interpellé, en février 2020, à propos de ses interventions sidérantes (communiquées par un tiers charitable) en soutien à l’œuvre pie et extrêmement « précieuse » de Gilles Morin contre l’« abominable » Lacroix-Riz qui « se pens[ait] inattaquable » sur le terrain des archives, m’a ainsi répliqué que je ne faisais « à ses yeux pas œuvre d’historienne » (propos plus calme, il est vrai, que ceux susmentionnés).

J’ai également sollicité Mme Ludivine Bantigny, « historienne du temps présent, spécialiste de l’histoire des mouvements sociaux et engagée à la  gauche de la gauche », selon Le Monde, organe spécialiste, chacun le sait, de ce courant de pensée (https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/06/ludivine-bantigny-historienne-du-temps-present_5458646_3232.html). Elle a jugé aussi excellente que M. Vigna la prestation de M. Morin, qui, je la cite, « prolonge le débat que vous [c’est-à-dire moi, ALR] ouvrez vous-même avec votre critique virulente d'historiennes et d'historiens travaillant sur l'Occupation, la Résistance et de manière plus générale la Seconde Guerre mondiale. Elle apporte des indications précieuses quant aux fonds d'archives utilisés ou négligés. C'est une discussion scientifique pleinement légitime. J'aurai un vrai intérêt à lire sous votre plume une réponse précise à cette argumentation détaillée. »

Je ne doute donc pas que cette collègue, qui a revendiqué auprès de moi son « marxisme » ‑‑ courant de pensée ferme partisan du « débat » argumenté qui manque si cruellement à l’historiographie dominante, « gauche » de France Culture incluse, et depuis si longtemps ‑‑, se félicitera de la publication de ce droit de réponse. Je tiens en outre à rappeler que mon éventuelle « critique virulente » ‑‑ qui contraste avec l’appui que j’apporte depuis des décennies à l’histoire critique documentée, étrangère surtout malheureusement, ce qui ne peut m’être imputé à charge ‑‑ ne cède jamais à l’injure, à la dépréciation  ou au procès d’intention : elle demeure strictement méthodologique et s’appuie sur des sources, originales, et sur des travaux bannis de France par la non-traduction systématique, solide protection des bien-pensants.

Naturellement, ce texte est librement diffusable, et je remercie les sites amis de l’accueillir.

Annie

Une réédition très augmentée de Scissions syndicales, réformisme et impérialismes dominants, 1939-1949, ‑‑ dont un (gros) article final ajouté, « 1947-1948. Du Kominform au “coup de Prague”, l’Occident eut-il peur des Soviets et du communisme? » ‑‑ avec nouvelle mise au point bibliographique et problématique pour l’ensemble de l’ouvrage, terminée hier, devrait paraître sous peu chez Delga. Tu en seras, évidemment, vite avisé.

NOTE DU LIBRAIRE

 

Pour en savoir plus sur cette légion multimedia qu'on nous présente comme "nouveaux historiens" sur le modèle invasif et pourtant déjà très vermoulu des "nouveaux philosophes" des années 1970, désormais ripolinés au néo-conformisme bobotarial de gogoche :

  Ces nouveaux "réctionnaires-progressistes" académiques font florès dans le landernau de la gogoche "radicale" il est donc utile d'être prévenu ...

Tag(s) : #Annie Lacroix-Riz
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :