Les trottinettes d’Hidalgo :
une mobilité jetable.
Par Jean-Pierre Garnier
Relayant la publicité mensongère des sociétés vendant les patinettes électriques, le service «communication» de la mairie de Paris prétend qu’elles contribuent à diminuer la pollution et à faciliter la circulation par un usage moindre de l’automobile. Bref, elle seraient dotées d’une vertu écologique. Or, selon Challenges, le business magazine du groupe le Nouvel Obs, média capitaliste s’il en est, «la durée de vie de ces patinettes chinoises bon marché (environ 400 euros) et de piètre qualité ne dépasse pas en moyenne un à deux mois à raison d’une dizaine de kilomètres par jour avant d’être définitivement hors service et mises au rebut. Une aberration écologique car il n’existe pas de filière de recyclage des batteries».
Peu importe, néanmoins pour Hidalgo et ses escrolo-bobos, qu’ils la conseillent ou votent pour elle. Ils semblent en effet ignorer ou ne pas admettre que le lithium dont sont composées les batteries est un minerai hautement contaminant1. Ce nouveau mode de déplacement permet de remplacer la voiture, arguent-ils alors que cette substitution se produit dans moins de 30% des cas au Etats-Unis, et très probablement beaucoup moins dans les centres-villes européens.
La municipalité, pourtant, ne reste pas inactive : n’a t-elle pas adopté une charte plaçant la responsabilité de la récupération des trottinettes hors d’usage entièrement sous la responsabilité des entreprises qui les mettent en circulation? Mais aucun représentant de la Ville ni de la Métropole n’a encore daigné se présenter aux réunions de coordination entre les entreprises et les associations de bénévoles qui s’efforcent de déblayer les rues envahies par ce genre inédit d’inondation. Comme nombre de maires adeptes d’une «circulation douce et apaisée», Hidalgo » se lave les mains des problème qui en résultent.
Que faire, dès lors?
Saboter ces trottinettes par ce que :
— elle marchandisent encore un peu plus la rue. Les bagnoles qui stationnent privatisent déjà l’espace public, mais les trottinettes vont plus loin : chaque bout de trottoir occupé par une trottinette devient un espace marchand accaparé par la société qui la loue;
— il a été largement démontré que leur type de fabrication et leur faible durée de vie les rendent ultra-polluantes;
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les personnes qui les rechargent sont exploitées sous le statut d’auto-entrepreneur;
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les trottinettes ne remplacent pas la bagnole mais la marche à pied;
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elles participent de la transformation la ville en smart city, cauchemardesque terrain de jeu pour hipster crétinisé content d’être géolocalisé dans tous ses mouvements;
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parce que les déplacements humains dans la ville ne doivent pas être gérés par une meute de sociétés privées domiciliées aux îles Caïman;
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parce que des transports en commun gratuits, ça existe, de même que des deux roues non électriques en libre service (VLS) avant, en ce qui concerne ces derniers, qu’une vague de marchandisation n’y mette fin au début des années 2000…
Jean-Pierre Garnier
1 À Marseille, des centaines de trottinettes ont été balancées depuis leur mise sur le «marché piétonnier» dans les eaux du littoral, principalement autour du Vieux Port et le long de la Corniche. «Le lithium contamine le milieu marin et à des effets potentiels de contamination de la chaîne alimentaire, avertissait Laurent Dubois, directeur et fondateur de Planète mer, association de protection de l’environnement marin. En vain.
Pour en savoir plus : "l'enfer des trottinettes"