Une nouvelle et inquiétante pathologie venue des Etats-Unis semble aujourd'hui se répandre dans les medias "degauche" français, avec des effets assez néfastes sur leurs contenus et leurs auteurs (et leurs méninges), et qui plombe lourdement leur crédit déjà bien entamé ( par la médiocrité "tendance" qui leur tient lieu de ligne éditoriale). On pourrait qualifier le phénomène épidémiologique de Syndrome Servile Acquis , un mal dont tous ne meurent pas mais dont tous sont atteints...
Les premiers symptômes apparurent avec l'appareil de Giscard d'Estaing et la cour de Mitterand, mais c'est depuis Sarkozy et ses proto-disruptifs que cette emprise débilitante n'a cessé de s'aggraver en se répandant uniformément dans la classe dirigeante et ses obligés, pour atteindre avec le présent stade macronique de l'épidémie, un niveau alarmant de servitude volontaire, que manifestent aussi bien le Figaro que Le Monde, Mediatarte, Libération ou le service public et/ou privé de l'audiovisuel français.
Pour éclairer nos lecteurs et lectrices, et dument informer leur jugement, nous avons traduit un articles puisé aux sources critiques les plus compétentes : la presse et les auteurs indépendants, représentatifs de "l'honnête citoyen lambda" d'outre atlantique. Article à opposer à la relation que nous font nos "intellectuels d'influence" de ces mêmes événements.
Merci à Michael Munk et à nos correspondants marxistes-crypto-populo-complotistes étasuniens ( suppôts des totalitaires russes) de nous l'avoir signalé.
Clinton, Stein, Gabbard et la déconstruction du RussiaGate
par Robert C.Koehler
Petit rappel amical : les États-Unis ont une longue histoire d'ingérence dans leurs propres élections ( et celles des autres) et n'ont que faire de l'aide de la Russie pour les y encourager.
Oh, comme résonne la certitude simpliste.
L'ancienne secrétaire d'État américaine Hillary Clinton prend la parole à l'Université de Georgetown le 27 septembre 2019 à Washington. Discours en préambule d'un hommage aux lauréates du prix Hillary Rodham Clinton de 2019 pour l'avancement des femmes dans la paix et la sécurité. (Photo: Win McNamee / Getty Images)
Le Russsiagate, récemment attisé par Hillary Clinton , est saturé d'une ironie, qui semble généralement mal perçue des médias qui pourtant le propagent.
La candidate démocrate "gagnante, mais néanmoins perdante", des démocrates de 2016 vient de libérer la fureur dépitée qu'elle a accumulée contre la démocratie, ainsi que sa contrariété envers ceux qui contestent le statu quo sacré du processus de gouvernement américain, alors qu'elle tentait de daboliser Tulsi Gabbard et Jill Stein, ainsi que le concept générique de, "HORREUR!"... tiers parti.
Tulsi Gabbard, candidate à la candidature démocrate à l'élection présidentielle de 2020 et critique du militarisme américain, est, dit Clinton, susceptible d'être qualifiée de "candidate du tiers parti" - vous savez, un spoiler, une nuisance totale et totale pour le candidat officiel - par . . . qui d'autre? ... les Russes!
De même, Jill Stein, la candidate du Parti vert à la présidentielle en 2016, qui s'est donc ("frauduleusement") emparée d'un petit pourcentage de voix progressistes appartenant à Clinton, serait également, de ce fait, un «atout russe».
Ndt : Comme on peut le constater assez facilement, par exemple avec cette recension par JimmyDore :
La ficelle commence a paraître un peu grosse, même pour les "libéraux progressistes" des médias "mainstream", sauf manifestement pour nos propres médias de révérence ("degauche") franco-français qui répètent sans sourciller les diatribes de Hilarious Klingon et de l'appareil d'état étasunien, formatées par la CIA.
Alors que Clinton a principalement été gratifiée d'une publicité négative pour ces assertions stupides, les attendus implicites de leur simplisme idiot n'ont pas fondamentalement été relevés. Donc, au cas où vous ne l'auriez pas encore compris , permettez-moi de vous le rappeler : la Russie est mauvaise.
Et en revanche, ce qui va aussi de soi, bien sûr, c’est que nous sommes bons et répandons partout le bien dans le monde, en réparant les torts où qu’ils se produisent; et contrairement à la Russie, nous avons des élections libres et respectons les opinions de nos citoyens. Mais sachez aussi que la Russie, qui était une menace nucléaire omniprésente à l'époque de la guerre froide, à l'époque de l'Union des républiques socialistes soviétiques, a désormais adopté une nouvelle tactique pour anéantir notre "Nation d'exception" : acheter des publicités sur Facebook et libérer les trolls des médias sociaux pour «influencer» nos élections.
N'y a-t-il donc pas de limite à cette méchanceté russe ? *
*Ndt : question qu'on peut également se poser à la lecture de la presse française "de référence"... singulièrement celle qui se revendique "degauche".
Mon sarcasme n'implique pas que le contraire serait vrai : la Russie bonne, l’Amérique mauvaise. C'est simplement l'expression de mon exaspération à l'égard de la pensée collective qui est omniprésente dans une grande partie de l'actualité journalistique : le durcissement de certaines allégations et suppositions présentées comme des «faits» en même temps que d'autres données pertinentes sont totalement ignorées et oubliées. Cela se traduit par la création de pseudo-faits, c'est-à-dire de certitudes simplistes, qui deviennent ensuite la pierre angulaire de nos informations nationales, par ceux-là même qui sont si prompts à dénoncer les "fake news". Ainsi, "l'interférence électorale russe" - l'allégation que des pirates informatiques et des trolls se manifestent dans nos médias sociaux - est un de ces pseudo-faits, qui, aussi troublant soit-il, doit être replacé dans un contexte beaucoup plus large.
Voici un bref et très partiel aperçu de ce contexte:
A. Les méchants trolls russes qui sont supposés avoir piraté les courriels du Comité national démocrate, en livrant ces messages à WikiLeaks, qui en a ensuite posté environ 20 000 en ligne, faisaient simplement le travail de la presse libre. Les courriels piratés ont ainsi révélé le fait que la DNC, supposément neutre sur le choix du candidat du parti (c'était le choix des électeurs des primaires démocrates), s'était en réalité engagée à faire en sorte que Clinton soit le candidat retenu, et non Bernie Sanders, dont l'efficace campagne populaire menaçait de la contrarier. Les mêmes médias américains ont non seulement échoué à découvrir cela, mais ils ont assez rapidement contribué à transformer toute l'affaire en une ingérence électorale russe, occultant la tentative désespérée de la DNC de s'assurer que ses propres électeurs ne sélectionnent pas le "mauvais" candidat. "
B. Les États-Unis ont une longue histoire d'ingérence dans leurs propres élections et n'ont guère besoin pour ça de l'aide de la Russie. En outre, la prétendue "ingérence russe" s'avérait plutôt minime: «une fraction infime, des intrusions identifiables ou détectables dont les Américains ont très officiellement inondé l'internet», comme l'a souligné Glenn Greenwald . Parmi ces messages "intrusifs" ceux qui furent attribués comme tels aux russes ont eu un impact absurdement insignifiant comparé à celui de «l'argent noir et des super PAC», c'est-à-dire les forces corporatives au travail, s'assurant que leurs intérêts restent au pouvoir.
C. Et puis il y a le collège électoral, qui a confié la présidence à Trump sans aucune connivence russe. Ce doigt d'honneur du vote populaire fait partie de l' héritage raciste américain . “. . . Pour protéger leurs intérêts dans un pays où ils étaient rapidement dépassés en nombre, les Sudistes se sont dotés d'un collège électoral comprenant une «clause 3 / 5ème» », soulignent Bob Fitrakis et Harvey Wasserman dans The Strip and Flip Disaster of America’s Stolen Elections . "Les esclaves (qui ne pouvaient pas voter eux-mêmes) étaient comptés pour les trois cinquièmes d'un vote pour la présidence et pour l'établissement de districts parlementaires". Et bien sûr, la tradition raciste américaine, qui a maintenu les lois de Jim Crow pendant un siècle, continue de supprimer les votes du mieux possible. c'est possible, notamment en réduisant le nombre de bureaux de vote dans les zones non blanches. Tout cela mérite assurément d'être mentionné lorsque de l'ingérence électorale se présente.
D. Les États-Unis ont également une histoire sordide d'ingérence (c'est le moins que l'on puisse dire) dans des élections au-delà de leurs propres frontières. Parmi les exemples infâmes mentionnés dans le Washington Post il y a plusieurs années, citons: l'éviction du Premier ministre iranien Mohammed Mossadegh en 1953; le limogeage du président guatémaltèque Jacobo Arbenz par la CIA en 1954; l'assassinat du premier ministre du Congo, Patrice Lumumba, en 1961; et la mort violente et renversante du président chilien Salvador Allende en 1973. Pour ne pas laisser les Russes à l’écart, le Post a toutefois souligné que les deux adversaires, les bons et les commies, "sont intervenus dans 117 élections dans le monde entier de 1946 à 2000 - une moyenne d'une élection sur neuf » *.
* NdT : sans produire le moindre exemple d'ingérence soviétique analogue aux interventions parfaitement notoires de la CIA et des USA dans des processus électoraux. Ingérences étasuniennes par tous les "voies et moyens" imaginables, de l'assassinat crapuleux aux "révolutions colorées", en passant par toutes les variantes militaires de "Golpe", provocations criminelles ou coups d'états.
Dernier épisode en date de la serie : "l'Ukrainegate" , voir nos articles précédents
En bref : Nous renversons des dirigeants élus démocratiquement et menons des guerres bien au-delà de "la volonté du peuple". Ce ne sont pas les intérêts russes qui posent problème ici, mais les intérêts internes des entreprises et de l'armée des USA, qui pourraient finir par considérer la démocratie elle-même comme un désagrément terrible pour leurs projets. Les voix protestataires qui s'élèvent en viennent à être considérées comme des "actifs russes", et présentées comme un premier pas sur la voie de l'enfer.
Robert C. Koehler
Robert C. Koehler est un journaliste américain, écrivain syndiqué et primé, basé à Chicago.