Sosie de Trufo (premier plan) lors du Colloque international Alain Robbe-Grillet. Balises pour le XXIe siècle, 2009.

Si on en croit Alain Robbe-Grillet, qui était assez prolixe sur le sujet, ce dernier fut une écrivain "et en même temps" un cinéaste considérable, au sens de "digne d'être considéré", du moins dans un projet* tel que celui que nous propose Trufo, histoire de justifier d'une manière ou d'une autre l'imposante compilation qu'il a su réaliser d'archives aussi rares qu'injustement négligées jusqu'ici.

* "Synthèse du 7ème art français en commençant par le bas"
préface de Raphaël Baston - aux éditions de la librairie Tropiques - Paris - 2018.

Dans pareil contexte de recherche exigeante destinée à un public motivé, le choix des "gommes" s'imposait d'autant plus que, outre les moult justifications qui figurent dans l'appareil critique sonore accompagnant cette publication audiovisuelle érudite, il s'agit bien ici d'une audacieuse tentative de "dévoilement" cinéphilique . C'est ainsi que Trufo rappelle volontiers** que :

" dans un fragment numéroté 123, Héraclite aurait déclaré« Φύσις κρύπτεσθαι φιλεῖ », traduit habituellement par « la nature aime à se cacher ». Héraclite aurait constaté poétiquement la pénibilité du savoir et de l'apprentissage », alors que pour les auteurs des "Gommes", cette sentence pourrait exprimer, l'essence profonde de alètheia, à savoir que le dévoilement implique nécessairement et simultanément le voilement.
Au-delà de la présence de la λήθη, le « a » privatif fait signe vers la prévalence de l'occultation qui régit entièrement l'essence de l'êtreN 15."**

** ibid page 1248


 

 

Tag(s) : #trufo, #cinéma, #histoire
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