"Ma méthode dialectique, non seulement diffère par la base de la méthode hégélienne, mais elle en est même l'exact opposé. Pour Hegel le mouvement de la pensée, qu'il personnifie sous le nom de l'idée, est le démiurge de la réalité, laquelle n'est que la forme phénoménale de l'idée. Pour moi, au contraire, le mouvement de la pensée n'est que la réflexion du mouvement réel, transporté et transposé dans le cerveau de l'homme.
J'ai critiqué le côté mystique de la dialectique hégélienne il y a près de trente ans, à une époque où elle était encore à la mode... Mais bien que, grâce à son quiproquo, Hegel défigure la dialectique par le mysticisme, ce n'en est pas moins lui qui en a le premier exposé le mouvement d'ensemble. Chez lui elle marche sur la tête; il suffit de la remettre sur les pieds pour lui trouver la physionomie tout à fait raisonnable. Sous son aspect mystique, la dialectique devint une mode en Allemagne, parce qu'elle semblait glorifier les choses existantes. Sous son aspect rationnel, elle est un scandale et une abomination pour les classes dirigeantes, et leurs idéologues doctrinaires, parce que dans la conception positive des choses existantes, elle inclut du même coup l'intelligence de leur négation fatale, de leur destruction nécessaire; parce que saisissant le mouvement même, dont toute forme faite n'est qu'une configuration transitoire, rien ne saurait lui imposer; qu'elle est essentiellement critique et révolutionnaire.
Le mouvement contradictoire de la société capitaliste se fait sentir au bourgeois pratique de la façon la plus frappante, par les vicissitudes de l'industrie moderne à travers son cycle périodique, dont le point culminant est la crise générale. Déjà nous apercevons le retour de ses prodromes; elle approche de nouveau; par l'universalité de son champ d'action et l'intensité de ses effets, elle va faire entrer la dialectique dans la tête même des tripoteurs qui ont poussé comme champignons dans le nouveau [Saint-Empire Atlantique, jusqu'au pays des maquerons]."
Karl Marx : postface de la seconde édition allemande du Capital - 1873
Video-captations (enrichies) des deux soirées
proposant de se réapproprier politiquement
les questions politiques qui se présentent à tous aujourd'hui,
en les confrontant la conception hegelienne
de la Philosophie de l'Histoire et du Droit et à sa critique par Marx.
2ème soirée : Débat
avec Dominique Pagani et Aymeric Monville:
Première soirée : conférence
Dans les 30 premières minutes de cette jubilatoire synthèse, Bernard Bourgeois nous a livré des clefs d’accès, dont je ne connais pas d’équivalent en terme de « clarté et distinction » pédagogique, à la logique dialectique de Hegel et à son application à la compréhension de l’Histoire et à l’analyse critique du Droit, donc du Politique. Confrontée à la critique marxiste cette introduction et la revendication qu’elle porte : « repolitiser le politique » occupent cette première rencontre. Au fil du débat qui suit, les questions politiques du jour abordées dans cette première partie sont celles qui relèvent du Politique proprement dit : L’État, La Liberté, L’Égalité, le Pouvoir, la Nation, les Institutions, sous les formes sous lesquelles elle se présentent à nous aujourd’hui : l’individualisme socialisé et la subjectivation « sociétale », la fin de l’histoire du « socialisme réel », la construction libérale des supra ou super nations, le « dépérissement de l’État », etc.
Pour faciliter la compréhension de certains des moments du débat une lecture propédeutique recommandée : Sur l’individu et le communisme
et : Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande
conférence de Bernard Bourgeois autour de son dernier livre aux éditions Vrin : ou Comment le Politique doit porter le Publique (et non l'inverse) et débat avec la participation de : Elisabeth Grimmer Dominique Pagani et Aymeric Monville |
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qui seront traitées par Bernard Bourgeois,
successivement au fil des soirées :