Quand on connait les thèses russophobes et anti-communistes de Wievorka, on n'est pas très surpris...

Quand on connait les thèses russophobes et anti-communistes de Wievorka, on n'est pas très surpris...

Jacques Sapir nous informe des dernières avancées démocratiques en cours dans la médiasphère de la France en marche (et de ses "décodex") :

Chers amis,
Chers collègues

Mon carnet scientifique, ouvert en septembre 2012 sur Hypotheses.org vient d’être suspendu. Je ne puis plus installer de notes ni faire des modifications sur les textes publiés. Le communiqué, signé par Marin Dacos, directeur d’Open Edition dit : « Le carnet que vous consultez est désormais une archive et ne sera plus alimenté. Les droits d’accès en écriture ont été retirés à son auteur par l’équipe d’OpenEdition.
À de nombreuses reprises, l’auteur du carnet y a publié des textes s’inscrivant dans une démarche de tribune politique partisane, déconnectés du contexte académique et scientifique propre à Hypothèses et constituant une condition indispensable pour publier sur la plateforme. » Je conteste formellement cette affirmation et cette procédure, dont on peut s’étonner qu’elle survienne maintenant alors que je publie tout type de textes depuis l’ouverture du carnet, fin septembre 2012. Mais, tous les textes publiés sont en relation avec mes recherches, qu’il s’agisse d’articles scientifiques, de notes de travail, ou d’articles de réaction à l’actualité. Tous ces textes s’inscrivent dans le contexte de mes recherches. De plus, et il faut l’ajouter, de nombreux carnets réagissent eux-aussi à l’actualité.

Parmi les textes qui me sont reprochés il y a les textes suivants qui servent de prétextes à ce blocage sont les suivants :

Candidats du passé, candidats du futur (8 avril 2017)

https://russeurope.hypotheses.org/5888

Ce texte est la version française de l’interview que j’avais donnée à Russia Today (RT). Je souhaitais mettre cette contribution à la disposition de mes lecteurs francophones sous une forme écrite..

Times of change for French politics (24 avril 2017)

https://russeurope.hypotheses.org/5929

Ce texte correspond à la version anglaise d’un article publié dans la revue russe Ekspert. Cette pratique de republier un texte paru dans un journal est fréquente sur Hypothèses.org . Par exemple, sur le carnet de Michel Wieviorka on trouve la version française de l’intéressant article qu’il a publié dans le quotidien espagnol La Vanguardia (L’autonomie du politique / https://wieviorka.hypotheses.org/818 ), ou encore un article publié dans le New-York Times (https://wieviorka.hypotheses.org/826 ) ou enfin dans Libération (https://wieviorka.hypotheses.org/831 ). Que Michel Wieviorka puisse publier des articles, parus dans la presse, est une fort bonne chose et, quand on ne peut pas suivre les journaux, on est fort heureux de pouvoir retrouver ces textes. Mais pourrait-on m’expliquer ce qui justifie la différence de traitement avec moi ? Est-ce la revue russe, pourtant considérée dans son domaine comme une revue de référence ? Ou alors, faut-il croire que ce sont les opinions ?

Macron, Ferrand et la « propagande » (30 mai 2017)

https://russeurope.hypotheses.org/6052

Ce texte correspond à un point d’application de mes travaux dus la légitimité et la légalité. J’ai d’ailleurs publiés de nombreuses notes sur cette question[1][1].

Le président Potemkine? (2 juin 2017)

https://russeurope.hypotheses.org/6067

Ce texte dresse un parallèle entre la situation actuelle et l’histoire de la Russie sur la question de la communication et des représentations, et s’inscrit à la confluence de mes travaux, tant sur la Russie que sur le couple légalité/légitimité.
La phrase du communiqué « l’auteur du carnet y a publié des textes s’inscrivant dans une démarche de tribune politique partisane, déconnectés du contexte académique et scientifique propre à Hypothèses » apparaît, alors, comme un pur prétexte. On se souvient du vieil adage « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». On comprend immédiatement que pour tout auteur, et c’est mon cas, qui estime que la recherche ne se fait pas dans les limbes, les travaux scientifiques me conduisent à prendre parti dans l’agora électronique. Par ailleurs, rien dans la charte des contenus sur Open Edition ne mentionne l’interdiction d’une démarche « de tribune politique partisane ». On consultera, en annexe l’article 10 de cette dite charte.
Alors, peut-être est-ce tout simplement le succès du carnet Russeurope qui m’attire les foudres de Marin Dacos et d’Open Edition. Et il est vrai que Russeurope a connu un développement auquel je ne m’attendais pas quand je l’ai créé. Le nombre de connexions mensuelles, tout comme le nombre de visiteurs, a atteint des chiffres étonnants.

Tableau 1

Chiffres de fréquentation de Russeurope pour les 4 premiers et les 4 derniers mois

Mois

Visiteurs différents dans le mois

Nombre de connexions dans le mois

Nombre de notes dans le mois

Nombre de connexions/notes

octobre-2012

10 856

26 111

13

2009

novembre-2012

14 770

36 802

12

3067

décembre-2012

13 456

36 225

10

3623

janvier-2013

14 019

38 771

13

2982

mai-2017

134 198

315 938

33

9574

juin-2017

97 286

234 556

18

13031

juillet-2017

102 137

231 402

18

12856

août-2017

94 822

213 146

17

12538

Alors, on peut penser que ce qui aurait été toléré pour un carnet connaissant mois de 40 000 connexions par mois était devenu insupportable pour un carnet connaissant plus de 200 000 connexions mensuelles. Ne soyons pas naïf ; la jalousie, sous ses formes les plus mesquines, existe aussi dans le monde universitaire. Et ce d’autant plus qu’il était de nature publique que les articles et notes de Russeurope étaient repris sur d’autres blogs, que ce soit en France, en Belgique, en Italie. Il est, bien entendu, impossible de tenir une comptabilité précise, mais je pense que le nombre réel des lecteurs dépassait de 50% à 100% suivant les occasions les lecteurs enregistrés par Hypothèses.org. Oui, cela était de nature à fâcher les fâcheux…D’autant plus que Russeurope représentait entre 10% et 15% du flux total de la plateforme.
Il y a un autre point dérangeant dans la démarche d’Open Edition. Tous les articles cités datent de 2017, et de la période dite de « campagne présidentielle », alors que j’ai publié des prises de position dès l’ouverture du carnet. Or, je constate qu’en 2017 M. Marin Dacos est devenu « Conseiller scientifique pour la science ouverte auprès d’Alain Beretz, Directeur général de la recherche et de l’innovation au Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ». Ceci correspond à une position officielle. Elle est de nature à induire un conflit d’intérêts avec sa position de directeur d’Open Edition qui, par nature, est une plate-forme ouverte à toutes les opinions.
Surtout, elle pourrait me fonder à penser qu’il y a là la source de la mesure qui me frappe. Ce n’est point tant le fait de publier des textes politiques, ou s’inscrivant dans une lecture du politique découlant de recherches scientifiques que l’on me reproche, mais bien les opinions de ces textes. Ce serait donc bien un procès d’opinion, procès sans doute mélangé des effluves recuites de la jalousie.
Devant cet état des faits, et devant les soutiens que j’ai reçus, dont celui de Dominique Lecourt et d’autres noms, que ce soit en France ou en Italie, je demande donc solennellement à Open Edition d’annuler sa mesure arbitraire à mon encontre.

Si, vous aussi, êtes choqués par ce comportement de M. Dacos et d’Open Edition, je vous invite à le faire savoir soit sur le courriel professionnel de M. Dacos (marin.dacos@openedition.org ) soit sur son compte Twitter. Je vous invite à faire remonter vos commentaires à M. Alain Beretz, le supérieur hiérarchique de M. Dacos ainsi qu’au ministre de tutelle.

Jacques Sapir
Directeur d’études à l’EHESS

 Annexe  
Extraits de la charte d’OpenEdition

Article 10. Contenu

En adhérant à la plateforme électronique du portail OpenEdition du Cléo, l’Éditeur s’engage à ne pas mettre en ligne un contenu comprenant :

un message et/ou images faisant l’apologie d’idéologies fascistes, xénophobes, racistes ousectaires ;
des propos diffamatoires et/ou injurieux ;
— des propos et/ou images à caractère insultant, humiliant ou portant atteinte à la vie privée d’une
personne ;
des propos et/ou images à caractère pédophile ;
des propos et/ou images et/ou vidéos à caractère pornographique ;
— des propos et/ou images susceptibles de porter atteinte à l’ordre public, au respect de la personne humaine ou de sa dignité, à l’égalité entre les femmes et les hommes, à la protection des mineurs
;

des propos et/ou des images encourageant, contenant ou provoquant à la discrimination, l’injure, la haine ou la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, notamment en raison de leur origine, ou de leur appartenance ou non à une ethnie, une nation, une race ou une religion, de leur handicap, de leurs préférences sexuelles ou de toute autre différence ;
— des propos et/ou des images faisant l’apologie ou la négation ou la remise en question des crimes de guerre et/ou contre l’humanité (négationnisme) ;
des propos et/ou images encourageant la commission de crimes et délits ou le commerce et la consommation de substances illicites, la prostitution, le terrorisme, les agressions sexuelles, le vol, le suicide, la violence, les dégradations et détériorations volontaires dangereuses pour les personnes, les atteints à l’autorité de la Justice ;
— des éléments portant atteinte à des droits de propriété intellectuelle (marque, droit d’auteur, dessins et modèles, brevets) ;
des propos et/ou images portant au droit de la personnalité (atteinte à la vie privée, divulgation d’une image sans l’autorisation de la personne, divulgation de données privées et/ou personnelles…).

Annie Lacroix-Riz s'est chargée de faire savoir de quel bois nous nous chauffons ... extraits de sa récente correspondance :

De: "Annie Lacroix-Riz"
À: "Jacques SAPIR"
Objet: Censure académico-étatique

Cher collègue,

Je viens de recevoir de Jérôme Valluy, sociologue et politiste de Paris 1, que je remercie, le courriel et les liens ci-dessous exposant la censure « énorme » à laquelle vous venez d’être soumis par le fort zélé conseiller ministériel Marin Dacos, présenté par sa fiche Wikipedia comme « fondateur du portail Revues.org en 1999, et à ce titre "fai[san]t figure de précurseur" de l’accès libre en France » à la production des sciences humaines et sociales (https://fr.wikipedia.org/wiki/Marin_Dacos ).

Soyez assuré de tout mon soutien. Il ne vous sera d’aucune utilité académique puisque, en raison de mes choix politiques, j’ai été de longue date exclue de fait par la plupart de mes collègues historiens de leur communauté, c’est-à-dire de l’accès aux revues, colloques, débats, etc. Cette sanction politico-idéologique étant dépourvue de tout lien avec mes pratiques scientifiques, je demeure universitaire, c’est en tant que telle que je vous apporte ici cet appui.

L’exclusion, longtemps insidieuse, tend à s’afficher, votre cas le confirme. Nous allons bientôt pouvoir ouvrir un club des victimes académiques des Décodex académiques et médiatiques chargé d’assurer le consensus académique et d’éliminer les « dissidents ».

Je souhaite vivement que mon syndicat, le Snesup, vous apporte, ainsi que ma fédération syndicale, la FSU, son soutien officiel et se dresse publiquement contre la censure qui vous frappe. Car elle sanctionne, avec vous, les universitaires qui ne jugent pas indispensable à l’accomplissement de leur métier et au respect de la déontologie professionnelle, d’une part, d’adhérer aux valeurs « européennes » et « américaines », et, d’autre part, de proclamer leur russophobie, adhésion et rejet respectifs désormais considérés en haut lieu comme condition sine qua non de la reconnaissance d’appartenance à la communauté académique, et, par conséquent, du bénéfice de « l’accès libre en France » dit OpenEdition (sic).

Sachez aussi, au cas où le soutien public de nombreux chercheurs vous ferait défaut, que « la peur » taraude presque autant sinon autant ces derniers que les salariés de la grande distribution et des centres d’appel sur lesquels de courageux journalistes du secteur public de télévision viennent opportunément de braquer les projecteurs.

Bien cordialement,

Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris VII-Denis Diderot, chercheuse en activité

De : Nicolas Patin
Envoyé : lundi 2 octobre 2017 07:55
À : Annie Lacroix-Riz
Objet : Liste AHCESR

Chère Madame Lacroix-Riz,
Je vous transmets ci-dessous la décision de l'AHCESR, dont le bureau a statué ce week-end.
Bien cordialement
Nicolas Patin


Chère collègue,

A l’unanimité, le bureau de l’AHCESR a décidé de ne pas donner suite à votre demande de relayer le message de Jacques Sapir. La question qu’il soulève ne relève en rien des activités de notre association.

Quant au rapprochement que vous effectuez avec la prise de position que nous avons exprimée à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle, il est pour le moins fallacieux et donc irrecevable.

Cordialement,
Le bureau de l’AHCESR

De : Annie Lacroix-Riz
Date : 2 octobre 2017 à 11:36
Objet : TR: Liste AHCESR
À : Nicolas Patin

Cher Monsieur Patin,

Livrant votre commentaire à M. Sapir et à nos collègues, je maintiens que la mesure frappant M. Sapir relève de la censure politico-idéologique, et par conséquent, relève bien des responsabilités d’une association d’historiens défendant de principe les libertés de l’expression académique et démocratique. C’est d’ailleurs au nom de ces libertés que le bureau de celle-ci a pris en avril-mai 2017, de même que celui du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire, une position politique constituant une forte pression sur l’ensemble de ses membres, notoirement et largement tentés, comme la majorité des Français, par l’abstention sur le scrutin présidentiel de deuxième tour.

Le bureau de l’association a également refusé d’autoriser l’information de ses membres que j’ai, sur la base d’un dossier précis, sollicitée de lui, par un courriel du 5 avril 2017 dont vous n’avez pas accusé réception,
1° sur les manœuvres politiques déployées avec l’entier soutien de certains universitaires français, qui ont permis l’accueil à Paris en mars 2017 d’historiens banderistes, représentants ès qualités de l’État ukrainien, dont l’antisémitisme et l’admiration pour le fascisme et le nazisme n’ont rien à envier au Front national (parti en faveur de la candidate duquel il était peu vraisemblable que se prononçassent les membres de
l’AHCESR) ;
et, 2°, sur les initiatives destinées, en l’année du centenaire de la révolution d’Octobre 1917, à accréditer l’actuelle doxa des manuels d’enseignement, confiés à la responsabilité ultime de l’enseignement supérieur, postulant l’équation nazisme=communisme, tel
le Colloque international « Mémoires des massacres (ou crimes de masse) du XXe siècle » organisé par le CRHQ-Mémorial de Caen les 22-24 novembre 2017.

Le refus de se prononcer sur la censure contre M. Sapir rejoint  donc, je le note, le refus d’informer les historiens contemporanéistes sur les aspects académiques, d’une part, du soutien de fait à l’Ukraine maïdaniste, héritière proclamée des organisations nazies liées à Stepan Bandera auxquelles la formation initiale des historiens français n’accorde aucune place, et, d’autre part, de la mise sur le même plan des vainqueurs et des vaincus de la guerre d’extermination conduite de 1939 à 1945 par le Reich hitlérien. Cette précédente censure, qu’ignorent tous les membres de l’association atteste comme le présent veto le caractère non « fallacieux et donc [parfaitement] recevable » du « rapprochement » auquel je me suis livrée.

Le bureau, unanime, de l’AHCESR, soit inscrit ses prises de position strictement politiques dans le cadre normal « des activités de [son] association », soit refuse d’examiner « la question » de la censure contre un collègue qui déplaît aux instances gouvernementales (auxquelles sont étroitement associés les responsables d’OpenEdition) ou d’informer les membres de ladite association, en fonction de ses inclinations politiques homogènes. On enregistre là un nouveau signe préoccupant de l’absence de pluralisme et du veto contre tout débat qui prévalent depuis des décennies dans les instances académiques.

Bien cordialement,

Annie Lacroix-Riz

Tag(s) : #liberté d'expression, #censure, #histoire, #politique, #géopolitique
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