Dans le cadre de sa chronique :
Se faire des amis avec Jean-Pierre Garnier
Les idiots utiles de la reconquête impériale
Anarchistes, libertaires, alternatifs, autonomes, antifas
et le Moyen Orient
Deuxième épisode
Une histoire marseillaise
Sans passer en revue tous les articles et les émissions consacrés à la Syrie qui se sont succédés depuis lors dans la galaxie anarcho-libertaire, on retiendra le « supplément Syrie » publié dans un numéro du mensuel « alternatif » marseillais CQFD, un parfait exemple de la dérive belliciste pro-occidentale où se sont engagés, sans apparemment s’en rendre compte, nombre de militants « anarcho-autonomes »1. Peu regardants également sur la fiabilité de leurs sources d’informations, les journalistes de CQFD ont cru bon, en effet, de sonner à leur tour l’hallali contre l’affreux « Bachar » — le seul chef d’État au monde appelé par son prénom, ce qui en dit long sur le peu d’estime dont il jouit de la part de gens, gouvernants ou journalistes, dont la plupart, entre nous soit dit, ne valent guère mieux que lui à bien des égards.
« Bachar ou la charia », tel serait, selon CQFD, l’alternative « reprise en chœur par l’extrême droite à l’extrême gauche » qui « jettent par là-même les opposants syriens dans le sac de l’obscurantisme salafiste ». Un manichéisme supposé qui autorise en tout cas les journalistes de CQFD à mettre à leur tour dans le même sac Bachar et les djihadistes, avec quand même une nette « préférence », si l’on peut dire, pour le premier puisque sans lui le seconds n’auraient pas eu l’occasion de sévir. Bachar est, en effet, « le principal responsable de la tragédie syrienne », décrète sans rire l’éditorialiste du dossier CQFD, ne faisant par là que répéter ce que serinaient depuis 2012 les médias dominants de l’hexagone2.
Là encore, la recherche des données et surtout leur vérification n’a pas dû exiger des efforts excessifs. Déjà, on ne s’était pas foulé à CQFD pour trouver un titre à l’un des articles composant ce véritable dossier à charge: « Bachar, tueur en Syrie ». Ce calembour laborieux avait déjà servi de une, avec la photo en gros plan du coupable, au tabloïde libéral-libertaire mentionné plus haut, qui, comme à l’accoutumé, mobilisait ses bobos de lecteurs pour la bonne cause du moment. Non plus la « lutte contre le terrorisme », comme au lendemain de l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, mais avec les terroristes contre le super-terroriste que serait le chef de l’État syrien. Outre Le Monde, le journal de révérence pourtant traité d’ordinaire avec mépris par les « anars », l’inévitable Observatoire Syrien des Droits de l’Homme a été mis une fois de plus à contribution. Une officine de désinformation massive et de manipulation de l’opinion basée à Londres, en cheville avec l'administration Cameron via le MI6, le service de renseignement militaire britannique, et animée par un businessman, Oussama Ali Souleimane alias Rami Abdel Rahmane. Cependant, complètement à l’ouest — c’est le cas de le dire ! — pour avoir pris en retard le train de la croisade anti-Bachar, nos enquêteurs « alternatifs » ignoraient que ce propagateur d’informations horrifiques sur les atrocités imputées au « régime » syrien travaillerait en réalité, si l’on en croit le blog du journal Le Monde lui-même, pour… ce même régime3 !
Ce retournement mérite que l’on s’y arrête dans la mesure où il illustre bien les contradictions où s’embourbent les experts en enfumage chargés d’intoxiquer non seulement l’« opinion publique » mais jusqu’aux journalistes payés pour la formater. Pour qui n’a jamais été dupe des média-mensonges diffusés pour légitimer les ingérences et agressions impérialistes contre les « régimes » indésirables, cette découverte tardive que l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme, longtemps seule source d’information pour le torrent sans fin de propagande émanant des médias occidentaux, était dirigé par un « charlatan ou un « imposteur », n’est pas véritablement un scoop. Comme nombre d’organisations non pas « non gouvernementales » mais « para-gouvernementales » mêlées de près aux offensives lancées contre les « dictatures » non amies avec l’Occident, il était et reste préposé à rendre « justes » aux yeux ou aux oreilles des peuples occidentaux les guerres, civiles ou non, déclenchées à l’instigation de l’impérialisme. Ce qu’il y a de drôle dans l’affaire, c’est la façon dont un journal réputé sérieux comme Le Monde, qui puisait dans les fichiers de l’OSDH l’essentiel de ses informations sur les atrocités du régime syrien, s’est dépatouillé pour tirer son épingle du jeu.
« Couverture, partiale et orientée », « diffusion d'informations aussi diverses qu'impossibles à confirmer », « plus ou moins discordantes » et basées sur des « chiffres contradictoires », « informations tendancieuses », « travestissements de la vérité»…4 À l’époque où l’OSDH faisait autorité dans la presse française, Le Monde en tête, en matière de dénonciation des atteintes aux droits de l’homme commises par Bachar et sa clique, de telles accusations valaient à ceux qui les émettaient d’être suspectés d’indulgence voir d’accointance coupable avec lui. Et voilà qu’aujourd’hui l’OSDH est présenté comme « l'une des composantes du système de propagande mis au point par les soins des services de renseignement syriens à l'intention des opinions publiques occidentales ». Et Le Monde de déplorer : « Par paresse, par convergence idéologique ou par commodité, puisque l'Observatoire publiait ses informations également en anglais, la plupart des médias et des agences de presse occidentales, AFP en tête, ont continué à faire de l'organisation qu'ils avaient vilipendée leur source d'information privilégiée, si ce n'est unique ». Mais pourquoi s’étaient-ils mis tout d’un coup à la « vilipender » ? Les reproches mentionnés plus haut le laissent entendre : la « perte de crédibilité » de l’OSDH risquait de rejaillir sur l’ensemble des sources grâce auxquelles les médias peuvent continuer d’abreuver leurs lecteurs ou leurs auditeurs d’informations plus ou moins fantaisistes confirmant le caractère impitoyable et sanglant de la « dictature » syrienne et donc la nécessité de l’abattre. Il ne restait donc plus qu’à désigner l’OSDH comme une brebis galeuse infiltrée sur ordre de Bachar par le truchement de ses services secrets dans le troupeau blanc comme neige des vertueuses ONG, et montrer ainsi que le personnage est encore plus diabolique qu’on pouvait le penser. Comment croire dorénavant, en effet, aux statistiques sur les gens que ses sbires sont censés avoir emprisonnés, torturés, assassinés ou fait disparaître, s’il s’arrange à faire lui-même diffuser à propos de ses victimes réelles ou supposées des chiffres surévalués pour déconsidérer les autres sources d’infirmation hostiles à son « régime »?
Bien sûr, Le Monde essaiera de rassurer ses lecteurs en comptant sur les « spécialistes des médias, de l'information et de la propagande en temps de guerre » pour qu’ils s’intéressent à la trajectoire de l'Observatoire et, plus largement, à la fiabilité des organisations de la même eau5. Mais on peut parier que lesdits spécialistes ne seront pas recrutés parmi ceux qui, depuis plusieurs décennies, luttent contre la désinformation des propagandes de « guerre justes », tels les animateurs marxistes du site belge Investig’Action ou les militants anti-impérialistes étasuniens de Counterpunch.
Ce qui précède nous aura un peu éloigné du dossier de CQFD. Mais il faut dire que l’argumentation qui y est déployée ne dépare malheureusement pas de la collection de mensonges que l’on sert depuis quatre ans à longueur de page ou d’antenne à propos du « chaos syrien ». Avec, néanmoins, une petite différence significative : la version proposée tient compte du public auquel elle s’adresse, à savoir la mouvance politico-idéologique positionnée très à gauche sur l’échiquier politique français. Il est effet vital, pour lui complaire, de qualifier de « révolution » le processus déclenché en Syrie en 2011. Mais une révolution non aboutie parce que « volée ». Par qui ? Par les extrémistes islamistes que le « régime syrien » n’aurait pas été fâché, bien entendu, de voir entrer dans la danse, parfois avec son appui, pour discréditer ses opposants. Un machiavélisme, au sens vulgaire du terme, quelque peu masochiste, toutefois, si l’on songe qu’il a eu pour effet de soustraire au contrôle du « régime » les trois quarts du territoire syrien, dont les zones où se trouvent les champs pétrolifères et les sites archéologiques, autrement dit les plus profitables6.
La novlangue néo-impérialiste
Quelques lignes s’imposent ici pour décrypter l’idéologie véhiculée dans le vocabulaire utilisé par les médias pour traiter des conflits au Moyen Orient et, en particulier, de la situation en Syrie. On remarquera tout d’abord que j’ai systématiquement apposé des guillemets au mot « régime ». Pour quelle raison ? Tout simplement parce que loin de constituer un signifiant neutre, comme on l’enseigne à Sciences Po, il sert le plus souvent à désigner un système politique ou social jugé inacceptable parce que non conforme aux intérêts et donc aux souhaits des dirigeants de l’Occident capitaliste. Cela a commencé en 1917 avec la révolution russe d’Octobre, où l’arrivée au pouvoir du parti bolchevik a donné le signal d’une propagande hostile ininterrompue qui allait durer des décennies contre les institutions issues de cette révolution. De Lénine à Gorbachev, elles seront labélisées « régime communiste ». Il en ira de même pour les « satellites » européens du « camp socialiste » et les États « communistes » ou « socialistes » chinois, nord-coréen, vietnamien, cambodgien et cubain.
La connotation négative du terme « régime » s’était trouvée définitivement renforcée dès les années 20 avec l’instauration en Italie d’un État qualifié de « fasciste » par Mussolini, puis, une dizaine d’années plus tard, lorsque Hitler rebaptisera l’État allemand « IIIe Reich». On parlerait alors de « régime fasciste » et de « régime nazi » (ou « hitlérien »). À la liste s’ajoutera bientôt le « régime franquiste » en Espagne. Cette mutation langagière n’épargnera pas, évidemment, le gouvernement installé en 1940 dans la France occupée. L’« État français » du Maréchal Pétain se verra ipso facto dénommé « régime de Vichy » par les résistants. Cette appellation connaîtra une nouvelle vogue parmi les progressistes du monde entier quand l’impérialisme étasunien déléguera à des dictatures, militaires ou non, la tâche de lutter contre la « subversion communiste » dans son arrière-cour sud-américaine ou dans certaines chasses gardées de l’extrême orient (Vietnam, Corée du sud, Cambodge, Indonésie, etc.). Toutes seront englobées dans la rubrique des « régimes » répressifs.
Il va de soi qu’hormis ces regrettables exceptions, aucun gouvernement, aucun État du « monde libre » ou associé à ce monde, fût-il corrompu et peu regardant au regard des libertés qu’il est censé garantir —mise à part celle d’entreprendre —, ne saurait être « mis au régime », si l’on peut dire, c’est-à-dire défini par une appellation aussi infâmante. D’autant qu’en plus, le terme « régime « connote quelque chose qui va fâcheusement à l’encontre de la « liberté » que nos dirigeants ont inscrit sur leur drapeau : l’enrégimentement. Les termes les plus couramment employés pour désigner les institutions qu’ils pilotent sont « gouvernements » et surtout, comme chacun sait, « démocraties ». On peut cependant souligner une exception, transitoire, à la règle. Une exception… française. Durant quelques années, il fut de bon ton, en effet, parmi la gauche et l’extrême gauche de traiter la Ve République comme un « régime », non pas dictatorial, certes, mais autoritaire et technocratique. Né en 1958 de la rébellion des officiers militaires et des partisans de l’Algérie française, ladite république avait effectivement une origine jugée à l’époque quelque peu douteuse du point de vue démocratique, que n’avait pas effacée le référendum de 1962, qualifié au demeurant de « plébiscite » par les opposants au « régime gaulliste » en voie d’institutionnalisation. À tel point qu’un de leurs leaders, et non des moindre, n’hésitait pas à fustiger la nouvelle constitution dans un essai polémique qui fit sensation à l’époque : Le coup d’État permanent7. Ce qui ne l’empêchera pas de se hisser grâce à cette même constitution à la tête de l’État, inchangé dans sa structure, dix-sept ans plus tard.
De nos jours, c’est-à-dire depuis l’effondrement du « régime soviétique » et l’annonce consécutive par le président étasunien George Bush de l’avènement d’un « nouvel ordre mondial » fondé sur l’« économie de marché » et la « démocratie », l’emploi du terme « régime » est systématiquement réservé aux États dont les gouvernements se montrent rétifs à la soumission à cet ordre. C’est ainsi que seront pointés tout à tour d’un doigt accusateur pour cause de « menace pour la paix » et d’« atteintes aux droits de l’homme » voire de « génocide » le « régime » afghan sous influence soviétique, le « régime yougoslave » puis « serbe », le « régime iranien », le « régime irakien », le « régime libyen » et, dernier en date, le « régime syrien ». Or, nul ne s’est avisé dans la mouvance anarcho-libertaire hexagonale de dégager la signification politico-idéologique ce tripatouillage sémantique. Pas plus que de mettre en doute les informations épouvantables relatives au exactions du « régime » syrien.
Ainsi sera reprise dans le dossier de CQFD la version d’un bombardement au gaz sarin de populations civiles par le « régime syrien » en août 2013, alors que l’on a appris par la suite que ces munitions avaient été récupérées par les djihadistes de l’État islamique dans les entrepôts militaires sur lesquels ils avaient mis la main. De même CQFD ne pouvait manquer d’évoquer l’« album horrifique de César », pseudonyme d’un photographe de la « police militaire du dictateur » ayant réussi à exfiltrer plusieurs dizaines de milliers de photos montrant des cadavres « portant des marques de chaînes, de brûlures, de lacération et d’énucléation par des armes chimiques ». Le hic est que ce livre contenant ces clichés n’a pas été publié à n’importe quel moment. Ni promu par n’importe qui.
L’ONU était alors en train de statuer sur la situation en Syrie, les avions de notre glorieuse armée, supposés commencer à bombarder Daesh, s’apprêtait, sur ordre du grand timonier mou le l’Élysée, à larguer leurs bombes sur les troupes du « régime », et Vladimir Poutine s’efforçait ramener à la raison d’État russe une « coalition anti-terroriste » qui semblait distinguer les bons terroristes dits « modérés », qu’elle épargnait quand elle ne les ravitaillait pas en armements, en médicaments voire en denrées alimentaires, des mauvais qu’elle assimilait aux forces du « régime ». Ce n’était donc que par le plus grand des hasards qu’un livre à charge contre Bachar El Assad sorte précisément à ce moment. « On peut donc facilement conclure, persiflait un commentateur, que la sortie de ce bouquin n’est qu’une manipulation médiatique, tant son contenu est prévisible, et tant la date de sa publication est judicieusement positionnée dans l’agenda de guerre onusienne… »8. Contenu prévisible, sans nul doute. Promu par Le Nouvel Observateur, hebdomadaire sociétal-libéral en flèche dans la campagne hystérique menée contre le « régime syrien », ce livre était censé, selon la journaliste préposée à l’entretien avec le dénommé César, montrer « le vrai visage de Bachar, celui d’un dictateur qui a fait couler beaucoup de sang. »9 Comme si, depuis quatre ans, une propagande non stop diffusée avec un bel ensemble par tous les médias n’avait pas déjà convaincu nos concitoyens que Bachar était vraiment un sale type ! En outre, et cela devrait accroître la suspicion quant à l’authenticité des clichés recueillis dans ce livre, celui-ci aurait servi de base, si l’on en croit la même journaliste, au parquet de Paris pour ouvrir une enquête préliminaire pour « crimes de guerre » visant le « régime » de Bachar al’Assad.
Or, cela faisait des mois que Hollande et Valls, aiguillés par le judéo-fasciste Natanyaou, cherchaient un prétexte pour faire inculper le chef d’État syrien. Décidément, la parution de ce livre d’horreurs tombait effectivement bien !
Sans remonter aux pseudo-« incidents du Tonkin » de 1964, montage de toutes pièces ayant servi à justifier une escalade de l’intervention de l’US Army dans la guerre du Vietnam, l’histoire récente est riche de manipulations médiatiques destinées à diaboliser un « régime » et son leader pour légitimer l’élimination de l’un et de l’autre. Il suffit d’évoquer le soi-disant charnier de Timisoara, censé confirmer la perversité du « régime de Caucescu », les couveuse débranchées d’un hôpital de Koweit City, durant la première guerre du Golfe, témoignant du sadisme du « régime » de Saddam Hussein, les photos truquées de prisonniers décharnés derrière des barbelés pour faire croire que le « régime » de Slobodan Milošević renouait avec les camps de concentration nazis, la fiole de gaz mortel brandis par le général Colin Powel, alors Secrétaire d’État de Bush fils, devant l’assemblée l’ONU attestant la possession d’« armes de destruction massive » par le « régime » irakien…
À l’automne 2015, avec un retard de 3 ans sur les médias étrangers non inféodés à l’OTAN, Le Canard Enchaîné révélait ce que les rares gens informés en France — mis à part nos gouvernants et leurs « services de renseignement » — savaient depuis longtemps10. À savoir que les terroristes du groupe Front Al-Nosra étaient fort bien vus des stratèges occidentaux de la « lutte antiterroriste ». À tel point que les pilotes étasuniens et les « alliés » de la vertueuse « coalition » opérant en Syrie et en Irak avaient reçu l’ordre non seulement de ne jamais frapper ces « islamistes modérés », mais même de les ravitailler en armes — 50 tonnes, par exemple en octobre 2015 — en espérant qu’ils en feraient un bon usage. Contre Daech, officiellement ; contre les troupes du « régime », en fait. Un traitement de faveur parfaitement justifié si l’on en croit Fabius l’infâme pour qui « Bachar el’Assad ne mériterait pas d’être sur terre ». Comme si l’on devait se réjouir, entre nous soit dit, de savoir encore en vie l’ex-premier ministre du sang contaminé, promoteur du tournant de la « rigueur » en 1983 — des milliers d’ouvriers mis au chômage, déprimés, alcoolisés, suicidés… — quand il officiait comme Premier ministre et défenseur inconditionnel, en outre, de l’État sioniste au sein des instances dirigeantes du PS !
En mars 2016, CQFD découvrait la lune pour ses lecteurs. Pas celle éclairant le paysage syrien, ce qui serait trop demander à un journal que sa vocation « critique » semble dispenser de toute obligation d’autocritique, malgré les informations qui commencent à filtrer dévoilant au « grand public » hexagonal les tenants et les aboutissants (provisoires) du « soulèvement populaire contre le régime de Damas », mais la lune longtemps voilée, elle aussi, aux yeux des « observateurs » du terrain libyen. Une révélation péchée dans Le Monde11 d’où il ressortait, à l’étonnement du « spécialiste des questions militaires à CQFD » [sic], que les puissances occidentales auraient soutenu les rebelles libyens et aidé à détruire le « régime » de Kadhafi en même temps que son dirigeant, non pour établir la démocratie dans le pays, mais pour faire prévaloir les intérêts des firmes capitalistes et, en ce qui concerne particulièrement le gouvernement français, contrer les visées du leader libyen sur la Françafrique12. « Un scénario de naïfs », s’exclame avec une ironie lourde notre expert ès « questions militaires » qui arrive à peine à y croire. Non : tout simplement le scénario habituel des « guerres humanitaires ».
1 CDFQ, « Tragédies syriennes Révolution volée & exil», n° 136, octobre 2015
2 Dans un supplément de huit pages consacré aux « cinq ans de drame syrien d’Alep » L’Immonde rappellera une fois de plus, par la bouche de l’un ce de ces réfugiés de service dont les journaleux de la presse se plaisent à recueillir le « témoignage » pour donner un cachet d’authenticité à la propagande impérialiste, que « le plus grand terrorisme, c’est le régime ! » (Le Monde 6-7, mars 2016).
3 syrie.blog.lemonde.fr/.../la-credibilite-perdue-de-rami-abdel-rahman-dire...
4 Ibid.
5 Ibid
6 Le thème de la révolution démocratique initiale « confisquée » ou « volée » par les djhadistes non « modérés », pour le plus grand profit du « régime », est une constante de la propagande « occidentale ». Exemple : « À l’origine du drame syrien il y avait à partir du 15 mars 2011, une révolution pacifique mandant plus de libertés, plus de justice et plus de dignité » (Le Monde, 6-7 mars 2016. Voir note 4). En fait, les groupes djihadistes, actifs depuis au moins 2008 en Syrie, avaient déjà infiltré le mouvement pour y opérer de sanglantes provocations. Le coup d’envoi des attentats sera donné le 23 décembre à Damas où deux bombes visant le bâtiment des services de sécurité feront une quarantaine de morts et plus de 150 blessés. Il seront suivis tout au long de l’année suivante de plusieurs autres faisant des dizaines de victimes, principalement dans les quartiers à dominante chiite ou chrétienne.
7 François Mitterrand, Le coup d’État permanent, Plon, 1964.
8 Syrie : César; un scoop de presse qui tombe à pic | Le Club ... 9 nov. 2015
https://blogs.mediapart.fr/.../syrie-cesar-un-scoop-de-presse-qui-tombe-pi...
9 Syrie 45.000 photos d'atrocités : "Ce livre montre le vrai visage…tempsreel.nouvelobs.com › Monde 30 sept. 2015
10 Le Canard enchaîné, 7 octobre 2015
11 Nathalie Guibert , « La France mène des opérations secrètes en Libye », Le Monde, 24 février 2016.
12 Georges Broussailles, « Aux origines du désastre libyen », CQFD, 2016.