"Les cons volent-ils désormais en escadrille" ? C'est la question qui vient spontanément à l'esprit du spectateur attentif de la fascinante rentrée culturelle de cette saison 2015. Une interrogation suscitée par les piques télévisuelles que Michel Enflé a réservé au Professeur Béchamelle, son principal concurrent sur un marché qui, comme on sait, les voit se livrer une âpre bataille.
Ces deux phares de la pensée, que le monde entier nous envie (et qui sans doute sont à l'origine du concept d' "exception culturelle française"*) ont en effet engagé une polémique médiatique qui atteste de l'importance des enjeux financiers pour ces deux multinationales de la culture omnisciente et de la pensée capillaire, désormais en concurrence directe.
Naguère dans la posture du challenger de la "major" Béchamelle, Michel Enflé fait valoir désormais de nouvelles ambitions (voir notre précédent article) .
Certains commentateurs n'hésitent d’ailleurs pas à annoncer que la "major" Béchamelle pourrait bien perdre définitivement la position hégémonique acquise depuis plus de 40 ans et fort entamée depuis ses démêlées éditoriales avec les mânes de Jean-Baptiste Botul, qui ont vu ses ventes de livres et son audience chuter drastiquement, précipitant une reconversion à l'international et vers le marché du "consulting belliqueux".
Citant Michel Audiard pour "tacler" (comme disent désormais les journalistes tendance) son éminent collègue, le fulminant contempteur de Guy Moquet (dont il a été un des rares intellectuels spécifiques à savoir discerner la nature profonde de collaborateur pro-nazi) et se fondant sans doute sur l'autorité que cela lui confère, a profité des circonstances pour contester la pertinence du Pr. Béchamelle en matière de commentaire moralisateur (et éclairé) sur l'actualité.
Citant Audiard sur les antennes de BFM-TV, M.Enflé a jugé que "Les cons ça ose tout" pouvait qualifier les récentes prises de position de son rival, au motif que ce dernier serait quelque peu co-responsable des "dommages collatéraux" de la politique à l'origine de ces horreurs. Des horreurs à propos desquelles précisément, aujourd’hui, notre "nouveau machiavel" Béchamelle joindrait ses larmes de crocodiles à celles des princes qu'il s'est lui-même glorifié d'avoir encouragé à ces néfastes entreprises.
C'est assurément "de bonne guerre" de la part du challenger, dans ce contexte de rivalité commerciale exacerbée, de profiter de ce qui peut en effet apparaître comme une "grosse vulnérabilité" dans le dispositif de communication de son puissant compétiteur. Mais le Pr. Béchamelle avait, comme toujours, tout prévu, et la réplique, élaborée d'arrache-pied ces derniers mois, est déjà prête. Cette fourberie était en effet notoirement prévisible, eu égard aux positions courageuses que notre nouveau philosophe engagé à tenu à l'avant garde des forces de l'OTAN, de la CIA  et de L'U.E. pour permettre à MM. Sarkozy et Cameron de faire enfin "le job".
On n'est donc pas du tout surpris de constater que cet autre bouillonnant Danube de la pensée moderne ait anticipé les coups de ses adversaires, en publiant un ouvrage dont le titre est sans doute métonymique et auto-fictionnel :
Le génie du judaïsme"
Derrière cette allusion à Chateaubriand (un de ses modèles) le titre de ce nouvel ouvrage, monumental et profond, synthèse lumineuse de la pensée occidentale engagée, cache l'humble modestie et le sens de l'autocritique lucide dont l'auteur est coutumier. C'est ainsi qu'il est sobrement résumé par l'éditeur : "La façon dont le thème de la concurrence des victimes lui donne une actualité tragiquement nouvelle. Les juifs et la France. S’il faut rester ou partir. Si l’on vit, ou non, un remake des années 30. La tentation de Ninive ou, mieux, de Jonas et la façon dont l’auteur, à Kiev ou à Tripoli, a pu lui-même – lui surtout ? - y céder. Telles sont quelques-unes des questions posées dans ce livre de réflexion qui est aussi un livre de combat."

Un livre de combat donc, et ça tombe bien, par ce que ce combat titanesque des idées ( Enflé vs Béchamelle vs Well-berk vs Jacte Ali ) est déjà bien engagé ... quelle rentrée passionante !

* selon la presse anglo-saxonne, volontiers perfide, cette exception se manifesterait dans le fait que la France est le seul pays au monde où des personnalités comme Michel Enflé et le Pr.Béchamelle peuvent passer pour des philosophes ( d'où la notion induite de "philosophie capillaire" ).

Tag(s) : #Actualité culturelle
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