De : Jean-Pierre Garnier 
Date: mar. 11 juil. 2023 
Subject: Pedro Sanchez, vassal n°1 de l'impérialisme yankee
To: LIB TROPIQUES <tropiqueslib@gmail.com>

Ave Pontifex,

Version française d'un article que j'ai envoyé à mes amis espagnols. Résultat : rupture avec la plupart d'entre eux. Il sont paniqués à l'idée que le parti d'extrême droite VOX puisse gagner aux prochaines élections.
Quels abrutis !

Jean-Pierre

Le billet d'humeur de JPG

Se faire des amis (espagnols)  avec Jean-Pierre Garnier


Pedro Sánchez,
vassal n° 1 de l’impérialisme yankee

Jen-Pierre Garnier

 

      Le 1er juillet, le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a entamé la présidence madrilène de l'Union européenne par une visite belliqueuse à Kiev pour y souligner l'engagement du bloc atlantiste dans la guerre menée par l'OTAN contre la Russie en Ukraine. Ce fut la troisième visite de Sánchez à Kiev depuis le début de la guerre, en février 2022, une semaine après l'échec du coup d'État de Prigogine en Russie, et alors que les puissances étasuniennes et européennes s'apprêtent à envoyer de plus en plus d'armes à l'Ukraine. Cela fait partie d'une campagne visant à intensifier massivement leur implication dans le conflit, ce qui sera l'objectif principal du prochain sommet de l'OTAN cette semaine, les 11 et 12 juillet, à Vilnius, en Lituanie.

      Lors de sa dernière rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Sánchez a clairement indiqué que l'UE était pleinement alignée sur les plans de l'OTAN visant à une escalade sidérante de la guerre contre la Russie. Sánchez a promis le soutien de l'UE à l'Ukraine « aussi longtemps qu'il le faudra » et « quel que soit le prix à payer », exposant un programme menant à une guerre totale avec la Russie, une puissance nucléaire majeure.

      Cette déclaration belliciste a été suivie de promesses de la part de Sánchez de soutenir la candidature de l'Ukraine à devenir membre de l'OTAN. « L'Espagne soutient le renforcement de la participation politique de l'Ukraine par la création d'un Conseil OTAN-Ukraine, où l'Ukraine ne sera plus une partie invitée, mais un membre à part entière. Nous sommes également favorables au renforcement de la coopération pratique, en poursuivant l'adaptation de votre secteur de la défense aux normes de l'OTAN », a déclaré Sánchez.

      Si l'OTAN admettait l'Ukraine, Kiev pourrait alors invoquer l'article 5 du traité de l'OTAN pour exiger que tous les pays de l'OTAN, y compris l'Espagne, entrent en guerre avec la Russie. Une telle guerre entre les principales puissances nucléaires mondiales, et menée par les puissances de l'OTAN comme une guerre pour démembrer et démilitariser la Russie, conduirait inexorablement, à moins d'être stoppée par l'intervention indépendante des masses travailleuses, plus improbable que jamais vu les rapports de forces actuels, à l'utilisation des armes nucléaires.

      Sánchez a également réitéré son « soutien à la candidature de l'Ukraine à l'adhésion à l'UE, qui fera partie des priorités de sa présidence ». La Commission européenne, a déclaré Sánchez, a récemment publié une mise à jour intermédiaire sur le statut de la candidature de l'Ukraine ayant montré des « progrès significatifs » dans la mise en œuvre des recommandations avant les négociations d'adhésion. Un rapport écrit serait publié à l'automne qui décrirait « la base des prochaines étapes et décisions ».

      Rappelons que L'Ukraine a demandé son adhésion à l'UE cinq jours après l'invasion russe et a obtenu le statut de candidat quelques mois plus tard, le 23 juin de l'année dernière. L'intégration de l'Ukraine à l'UE tournerait en dérision l'affirmation de celle-ci que seuls les États dotés « d'institutions stables garantissant la démocratie, l'État de droit, les droits de l'homme et le respect et la protection des minorités » peuvent en être membres. Au cours des 16 derniers mois de guerre, l'Ukraine a de plus en plus évolué vers un régime d'extrême droite. Zelensky a interdit 11 partis politiques sur des allégations d'avoir des «liens avec la Russie»; renforcé les services secrets ukrainiens, le SBU, une organisation connue pour ses liens étroits avec la scène néonazie ukrainienne ; l'utilisation de la torture et du viol comme méthodes d’« d'interrogatoire »; adopté des lois du travail qui permettent aux entreprises de fixer les salaires et les conditions, d'imposer des horaires plus longs, d'interdire les grèves et les manifestations et de donner aux entreprises le pouvoir de licencier les travailleurs sans préavis ; et détruit ce qui restait d'un système judiciaire indépendant . Les « droits des minorités » n'existent même pas sur le papier et des lois ont été adoptées pour effacer la langue et la culture russes de la société ukrainienne.

      La poursuite de l'intégration de l'Ukraine à l'UE ne fait pas que réduire en miettes la propagande officielle sur les valeurs européennes et la démocratie. Elle servirait de prétexte aux classes dirigeantes européennes pour imposer encore plus les politiques d'extrême droite que Kiev met déjà en œuvre contre la classe ouvrière ukrainienne, pour réprimer les grèves de masse croissantes, les manifestations et les émeutes qui éclatent à travers l'Europe contre la flambée des prix, les bas salaires et la violence policière.

      À Kiev, Sánchez a également précisé que la paix ne viendrait que sous les conditions de l'OTAN, ce qui signifie la capitulation totale de Moscou, y compris le renoncement à la Crimée, actuellement protégée par les forces russes contre le régime pro-OTAN à Kiev depuis près d'une décennie. Dans une attaque directe contre la proposition de paix de la Chine, Sánchez a « remercié » les pays qui proposent une « paix juste et durable », mais a souligné que ces propositions ne pouvaient être acceptées car il s'agissait d'une « guerre d’agression avec un agresseur et une victime » et « une agression illégale et injustifiée de la Russie contre l'Ukraine ».

      C'est le mantra habituel pro-OTAN répété sans cesse depuis le début de la guerre. En fait, ce sont les puissances impérialistes, et non Moscou, qui sont les principaux agresseurs en Ukraine et en Europe de l'Est. Par son encerclement militaire systématique de la Russie, l'OTAN a délibérément provoqué l'intervention réactionnaire du régime de Poutine. Depuis lors, elle ne cesse d'aggraver le conflit.

      Sánchez a également parlé de la contre-offensive tant vantée et s’est engagé pour davantage d'aide militaire. « Aujourd'hui, l'Ukraine est en pleine contre-offensive contre la Russie, un ennemi qui montre des signes de faiblesse », a déclaré Sánchez, faisant référence à la tentative de coup d'État manquée du chef du groupe Wagner Evgeny Prigozhin contre le président russe Vladimir Poutine.

      La vérité est que la contre-offensive tant vantée de l'Ukraine continue de faiblir alors que des dizaines de milliers de soldats sont envoyés à la mort malgré les milliards de dollars d'armes et d'entraînement. Les estimations indiquent que plus de 10 000 soldats ukrainiens ont déjà été massacrés au cours des trois dernières semaines de contre-offensive, cela pour reprendre un peu plus de 110 kilomètres carrés de territoire. Ces décès s'ajoutent aux 200 000 Ukrainiens qu’on estime avoir été tués jusque là.

      Les dirigeants de l'UE se sont engagés à aggraver le bain de sang afin de vaincre militairement la Russie. Au sommet européen la semaine dernière, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé à une «stratégie à long terme sur la façon de soutenir l'Ukraine ». Il s'est vanté de ce que « l'Allemagne, comme vous le savez tous, est le deuxième plus grand soutien de l'Ukraine après les États-Unis. Et nous continuerons à le faire [...] et cela rejoint ce que je peux rapporter des discussions avec eux (les États-Unis) et le Premier ministre britannique, le président français, également en parlant avec le premier ministre polonais ».

      Récemment, le gouvernement allemand a annoncé son intention d'augmenter la production de munitions d'obusier pour l'Ukraine et de faire stationner en permanence 4 000 soldats combattants en Lituanie (. L'Espagne fournira à l'Ukraine une aide supplémentaire d'une valeur de 55 millions d'euros. Madrid enverra également quatre autres chars Leopard, en plus des six déjà envoyés il y a deux mois, ainsi que des blindés transport de troupes et un hôpital de campagne mobile avec du matériel chirurgical.

      En Espagne, il reste cependant à voir si Sánchez restera au pouvoir pour diriger la présidence de l'UE après avoir convoqué des élections anticipées le 23 juillet à la suite de sa débâcle électorale aux élections locales et régionales de mai. Le PSOE et Podemos sont effrayés par l'opposition massive de la classe travailleuse espagnole à la guerre, à l'austérité et à la répression policière, qui éclate de manière incontrôlable sur son côté gauche. Pour anticiper cette évolution, le gouvernement a convoqué ces élections pour remettre le pouvoir au Parti populaire (PP) de droite et au parti fasciste Vox, pour intensifier la guerre à l'étranger et à l’intérieur alors que dans toute l'Espagne des grèves éclatent et qu’en France ont eu lieu des manifestations violentes à la suite dumeurtre par la police d'un jeune de 17 ans.Révélant l'unanimité au sein de la classe dirigeante pour la politique de guerre, le PP a déjà annoncé qu'il était d'accord avec les priorités européennes de Sánchez, qui, outre l'Ukraine, comprennent des plans avancés pour la remilitarisation de l'UE et des attaques contre la classe ouvrière.

      L'Espagne cherchera à renforcer la coopération avec l'Amérique latine, une région qui a été brutalement colonisée et pillée par ce pays pendant des siècles. Madrid veut faire de l'Amérique latine un partenaire stratégique de l'UE. Les puissances de l'UE craignent d'y avoir perdu du terrain face aux États-Unis et à la Chine ces dernières années et veulent que la région lui fournisse des matières premières stratégiques, telles que le charbon, le cuivre, le gaz naturel, le pétrole, l'uranium et le lithium.

      La nouvelle présidence de l'UE supervisera également une brutale austérité dirigée contre la classe ouvrière pour payer le prix de la guerre. Selon les règles de l'UE, ses États sont tenus de maintenir les déficits budgétaires en dessous de 3 pour cent du PIB annuel. Ceci fut temporairement suspendu pendant la pandémie de Covid-19, puis prolongé jusqu'en 2024 suite à la guerre en Ukraine. Aujourd'hui, Bruxelles exige que les États de l'UE réduisent d'au moins 45 milliards d'euros leurs budgets l'année prochaine, exception faite des dépenses militaires.

      Madrid présidera également aux attaques brutales contre les migrants. L'UE finalisera son pacte draconien sur la migration et l'asile, qui a été approuvé au début du mois. Selon ses termes, l'UE abandonne effectivement le droit d'asile pour les réfugiés. À l'avenir, les réfugiés seront internés dans des camps de détention aux frontières extérieures de l'UE, leurs demandes d'asile seront examinées dans le cadre d'une procédure accélérée, puis ils seront expulsés vers des pays tiers peu importe lesquels. Sánchez a déjà montré qu'il était prêt à mettre en œuvre cette politique brutale. Il y a deux semaines, le gouvernement PSOE-Podemos a laissé un bateau transportant 61 migrants couler au large des îles Canaries, faisant 37 morts. Cela s'est produit deux semaines seulement après que les garde-côtes grecs aient fait chavirer un bateau de pêche avec 750 réfugiés à bord, dont seulement 104 ont été retrouvés vivants.

      Comme en France, la petite bourgeoisie intellectuelle espagnole classée « à gauche » pousse des cris d’alarme devant la perspective d’une victoire électorale de l’extrême droite. Mais il en va de Vox comme du Rassemblement national : la fascisation en cours de nos deux régimes soi-disant démocratiques n’a pas besoin de leur appui pour se poursuivre.

Tag(s) : #Espagne, #OTAN, #Pedro Sanchez, #Ukraine, #Jean-Pierre Garnier
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