Inflation, récession
&
Baisse tendancielle du taux de profit.

Business as usual ?

 

      À la veille de la grande migration saisonnière de son lectorat, Les Echos leur propose un réconfortant : "Tour d'horizon des principaux résultats semestriels 2023". C'est l'occasion d'un "questionnement" durable, assez taraudant pour nos "décideurs" comme pour nos citoyens épargnants que sont leurs "actionnaires" :

"En France et ailleurs, le début de l'année a été marqué par une forte inflation, à 6 % au global et jusqu'à 17 % dans l'alimentaire. Comment cette importante hausse des prix se traduit-elle dans les chiffres des entreprises ?"

      La réponse apportée par l'article de la gazette favorite des zadistes de Boursorama est que, animée par une salutaire hantise de la Baisse Tendancielle de ses Taux de Profit, la lutte séculaire de la bourgeoisie semble avoir porté ses fruits. Mais pour ce qui est de la corollaire Baisse Tendancielle du Pouvoir d'Achat, l'agenda vert (censé la pallier) semble avoir des ratés ... et la méthode induite de sauvetage de la Planète semble s'avérer "plus compliquée que cela", comme on dit dans nos milieux éduqués et bien informés : https://www.lesechos.fr/monde/europe/agenda-climatique-le-royaume-uni-doute-face-au-risque-de-sanction-des-electeurs-1965277. De plus, dans le même numéro des Zékos, un autre son de cloche nous est rapporté : https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/pour-le-fmi-leconomie-mondiale-restera-convalescente-lan-prochain-1965233

qui incite à relativiser le :

"bilan globalement positif" ...
de Georges Marchais ... et ses compères démocrates sociaux.

RAPPORT DE M. GEORGES MARCHAIS, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU PCF,
DEVANT LE 23EME CONGRES DU PCF, SUR LA CRISE ÉCONOMIQUE, LA SITUATION INTERNATIONALE, LE SOCIALISME, L'UNION DE LA GAUCHE, L’ACTIVITÉ DU PARTI, SAINT-OUEN LE 10 MAI 1979

Résumé : LE RAPPORT DE M. GEORGES MARCHAIS TRAITE CINQ GRANDES QUESTIONS ABORDÉES LORS DES DISCUSSIONS PRÉPARATOIRES.

- 1) LE SOCIALISME DÉMOCRATIQUE : ISSUE DE LA CRISE.

  • - ANALYSE DE LA CRISE AVANT TOUT NATIONALE ( EN DÉPIT DE SES DIMENSIONS INTERNATIONALES )

  • -CRITIQUE DE LA POLITIQUE GOUVERNEMENTALE CONFORME AUX BESOINS DU CAPITAL QUI NE FAIT QU'AGGRAVER LA CRISE ET ORGANISER LE DÉCLIN DE LA FRANCE

  • -EXPOSE DES OBJECTIFS DE LUTTE DU PCF QUI CONSTITUENT LA VOIE DÉMOCRATIQUE AU SOCIALISME.

- 2) NOTRE STRATÉGIE INTERNATIONALE.

  • - ANALYSE DE LA SITUATION MONDIALE ACTUELLE

  • -OBJECTIF DE LA POLITIQUE INTERNATIONALE PRÉCONISÉE PAR LE PCF : INDÉPENDANCE DES NATIONS ET NON INGÉRENCE, COEXISTENCE PACIFIQUE ET ÉMANCIPATION DES PEUPLES, ORGANISATION D'UN NOUVEL ORDRE INTERNATIONAL ET D'UNE EUROPE DÉMOCRATIQUE,

  • - NÉCESSITE DE RENFORCER LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE.

- 3) LES PAYS SOCIALISTES ET NOUS.

  • - BILAN GLOBALEMENT POSITIF DU SOCIALISME MAIS PAS DE MODÈLE DE SOCIÉTÉ SOCIALISTE, LA VOIE FRANÇAISE AU SOCIALISME SE CARACTÉRISANT PAR LA PLURALITÉ DES PARTIS ET LE RESPECT DU SUFFRAGE UNIVERSEL

  • -VITALITÉ DE L'EUROCOMMUNISME.

- 4) L'UNION POUR LE CHANGEMENT DÉMOCRATIQUE.

  • - RESPONSABILITÉ DU PS DANS L'ÉCHEC DE L'UNION DE LA GAUCHE-ANALYSE DES ENSEIGNEMENTS DE L'EXPÉRIENCE DU PROGRAMME COMMUN

  • ( NOTAMMENT PRIORITÉ A L'UNION A LA BASE DANS L'ACTION ET NÉCESSITE DE CONCLURE AVEC LE PS DES ACCORDS FAVORISANT L'ACTION ET DE RÉÉQUILIBRER LA GAUCHE "DANS LE BON SENS" ).

- 5) QUELQUES ASPECTS DU DÉVELOPPEMENT DU PARTI ET DE SON ACTIVITÉ.

  • - LE PCF SE VEUT LE PARTI DE LA CLASSE OUVRIÈRE, DE LA LIBÉRATION DE LA FEMME ET DE LA JEUNESSE ( APPEL AUX CROYANTS ET NÉCESSITE D'AGIR EN DIRECTION DES INTELLECTUELS )

  • -PRIORITÉ A L'ACTION DANS LES ENTREPRISES.

Alors, pour bien mesurer tout le chemin parcouru depuis ce "point d'étape" (du programme commun de la gauche) dans la marche glorieuse vers le socialisme "à visage humain", grâce à l'élan donné par l'eurocommunisme aux couleurs de la France et l'union du cartel des gauches humanistes, précurseurs de nos "NUPES" actuelles, nous relayons le point de vue d'un de nos camarades déjà invités naguère pour nous informer du "cauchemar" que vivent actuellement les héritiers du totalitarisme stalinien.

Voici la manière dont nous sommes réfléchis, dans le miroir que nous tend Moscou ...

La France, Macron, l'Europe et le chaos ambiant

 

Bruxelles tombe dans le même piège que Paris.
y a t-il une sortie?

 Article publié sur RT international
Par 
Matthieu Buge
 
Comment l'histoire, les identités et les aspirations des différents peuples de France reflètent l'identité structurelle et l'intégration politique de l'UE
 

     La France est un pays de taille moyenne avec un large éventail d'accents, de paysages et de traditions culinaires. À bien des égards, la France, plus que tout autre pays européen, est un symbole de l'Union européenne. Carrefour de populations celtiques, franques, ibériques et latines, ses fondements ne se trouvent pas tant dans une identité culturelle que dans le processus administratif qui a finalement abouti à la création de l'État.   

Une histoire de centralisation du pouvoir

     L'histoire de France est violente et lente. Le terme « France » n'apparaît officiellement que vers 1190, lorsque Philippe Auguste commence à utiliser l'expression « Rex Franciae » (Roi de France) au lieu de « Rex Francorum » (Roi des Francs). S'il est possible de considérer cette période comme le temps de l'émergence d'une conscience nationale, il faut rappeler qu'à l'époque, le pays ne comprenait pas la Provence, la Savoie, une partie de la Bourgogne, l'Alsace-Lorraine, alors que tout l'ouest de la France, de la Normandie aux Pyrénées, était sous l'influence de la Maison britannique des Plantagenêts.

     L'historien français Barthélémy Pocquet du Haut-Jusse écrivait en 1946 : « N'oublions surtout pas que la France du XIIe siècle n'était une monarchie qu'en apparence. Sous la présidence d'honneur d'une royauté bon enfant, une solide confédération de grands fiefs s'était créée au Xe siècle, florissante au XIIe. Les cartes indiquent qu'à cette époque, le domaine royal était limité à Paris et sa région sud. 

     La victoire française à la fin de la guerre de Cent Ans contre l'Angleterre dans la seconde moitié du XVe siècle prive cette dernière de ses possessions continentales et favorise la transformation de la France d'une monarchie féodale en un État centralisé. Cependant, l'achèvement territorial du pays dut attendre quelques siècles. La guerre des religions ralentit considérablement le processus et la France dut attendre les guerres de Louis XIV pour voir son expansion et sa modernisation reprendre réellement. L'Alsace, l'Artois et la Franche-Comté furent annexées entre 1648 et 1697. Le fief de Lorraine resta enclavé jusqu'en 1766. La Corse fut achetée en 1768. La Provence resta de jure indépendante jusqu'à la révolution de 1789. La Savoie et Nice ne furent annexées qu'en 1860. Selon les estimations de l'historien Eric Hobsbawm, lors de la Révolution française en 1789,

     On comprend aisément que la diversité était telle à l'intérieur du territoire français que la méfiance, voire la défiance, vis-à-vis du pouvoir centralisé de Versailles ou de Paris, a été une constante dans l'histoire de France. L'historien et démographe Emmanuel Todd, qui a passé sa vie à explorer les questions liées aux structures familiales, a bien démontré que leur diversité et leur disparité ont eu une grande influence sur les régions françaises. Les croyances religieuses, les dynamismes industriels et agricoles ont évolué de manière différente à travers le pays. Todd montre qu'en 1791, la Bretagne, la Flandre, l'Alsace, la Franche-Comté, l'Occitanie et le Pays basque ont tous refusé la Constitution civile du clergé, une loi votée en 1790 pendant la Révolution, qui a provoqué la subordination immédiate de la majeure partie de l'Église catholique au gouvernement. Ces divergences de vues historiques entre Paris et la province expliquent nombre des troubles qui ont secoué (ou secouent actuellement) la France. D'où les guerres de Religion (1562-1598), la Fronde (série de guerres civiles de 1648 à 1653 déclenchée par le renforcement de la monarchie), ou encore le mouvement contre-révolutionnaire de la Chouannerie et la Guerre de Vendée après la révolution de 1789, qui se termina par le massacre des Vendéens, à une telle ampleur que beaucoup en France insistent sur l'emploi du terme « génocide ». En 1800, Napoléon lui-même survit à un attentat organisé par la Chouannerie. La conscription et l'unification linguistique du pays vont devenir ses outils pour cimenter la nation française. D'où les guerres de Religion (1562-1598), la Fronde (série de guerres civiles de 1648 à 1653 déclenchée par le renforcement de la monarchie), ou encore le mouvement contre-révolutionnaire de la Chouannerie et la Guerre de Vendée après la révolution de 1789, qui se termina par le massacre des Vendéens, à une telle ampleur que beaucoup en France insistent sur l'emploi du terme « génocide ».

     En 1800, Napoléon lui-même survit à un attentat organisé par la Chouannerie. La conscription et l'unification linguistique du pays vont devenir ses outils pour cimenter la nation française. D'où les guerres de Religion (1562-1598), la Fronde (série de guerres civiles de 1648 à 1653 déclenchée par le renforcement de la monarchie), ou encore le mouvement contre-révolutionnaire de la Chouannerie et la Guerre de Vendée après la révolution de 1789, qui se termina par le massacre des Vendéens, à une telle ampleur que beaucoup en France insistent sur l'emploi du terme « génocide ». En 1800, Napoléon lui-même survit à un attentat organisé par la Chouannerie. La conscription et l'unification linguistique du pays vont devenir ses outils pour cimenter la nation française. qui se termina par le massacre des Vendéens, à une telle échelle que beaucoup en France insistent sur l'utilisation du terme « génocide ». En 1800, Napoléon lui-même survit à un attentat organisé par la Chouannerie. La conscription et l'unification linguistique du pays vont devenir ses outils pour cimenter la nation française. qui se termina par le massacre des Vendéens, à une telle échelle que beaucoup en France insistent sur l'utilisation du terme « génocide ». En 1800, Napoléon lui-même survit à un attentat organisé par la Chouannerie. La conscription et l'unification linguistique du pays vont devenir ses outils pour cimenter la nation française. 

     La centralisation extrême du pouvoir a toujours été primordiale en France, une nation qui ne pouvait compter que sur l'État pour maintenir sa cohésion. Les tensions perdurent aujourd'hui. Le mouvement des Gilets jaunes, qui était avant tout une révolte, comme l'a inventé le géographe Christophe Guilluy, de la « France périphérique » contre Paris. 

     La France, à cet égard, est un exemple pour l'UE, car elle doit aussi composer avec des cultures et des aspirations diverses, Espagnols et Polonais ayant très peu de points communs, Allemands et Grecs ayant des modèles économiques complètement opposés. Lors de la crise de la dette publique grecque, beaucoup ont dénoncé la centralisation du pouvoir et les décisions unilatérales de la Troïka (Commission européenne, Banque européenne et FMI). La Pologne a été un farouche opposant aux quotas d'immigration que Bruxelles cherche à mettre en place. La Hongrie s'oppose à la position de l'UE sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Pour que ses recommandations soient approuvées par ses membres, l'UE doit recourir à des amendes. La centralisation du pouvoir était nécessaire pour pacifier la France,  

Tentations séparatistes

     En 1992, le Conseil de l'Europe a adopté la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires pour protéger et promouvoir les langues régionales et minoritaires historiques en Europe. La France ne l'a pas ratifié.

     L'intégrité territoriale de la France ne semble pas confrontée à une réelle menace, mais les revendications séparatistes ont toujours existé. Il n'en reste pas moins que 17 régions de France métropolitaine connaissent à elles seules des mouvements séparatistes. Certains d'entre eux, comme le Pays basque, comptent même cinq ou six mouvements séparatistes différents. Le Brexit a été un exemple pour les nationalistes français qui veulent quitter l'UE, mais pour les mouvements régionaux, l'Ecosse et la Catalogne sont les inspirations.

     Cependant, leurs idéaux et leurs objectifs varient. En Franche-Comté, par exemple, les militants ne recherchent pas l'indépendance totale – du fait de sa localisation, ce serait une enclave, et veulent donc l'autonomie. En Savoie, les aspirations indépendantistes n'ont pas eu d'impact électoral depuis l'annexion en 1860, mais dans les années 1990, un mouvement de « désannexion » est apparu, c'est-à-dire l'acceptation par Paris du régionalisme savoyard. Le Front de libération nationale de la Provence, quant à lui, prône l'indépendance de la Provence et la sécession de la France. Il est apparu en 2012 et s'est lancé dans une campagne de graffitis et de bombardements. La plupart des bombes n'ont pas explosé et ce mouvement clandestin semble quelque peu anecdotique, mais le gouvernement français dit le surveiller de près. 

     Mais quatre d'entre eux semblent plus déterminés et sont les plus notoires. Les élections départementales de 2015 ont montré une progression des revendications autonomistes ou séparatistes en Alsace, au Pays basque, en Corse et en Bretagne. En Alsace, deux partis (Unser Land et Alsace d'abord) aux sensibilités politiques opposées considèrent l'Alsace comme une nation à part entière et souhaitent l'autonomie vis-à-vis de Paris. Le Pays basque abrite cinq partis qui recherchent l'unification et l'autonomie des Basques de France et d'Espagne. L'une d'entre elles, « Batasuna » (Unité), a été dissoute après son inscription sur la liste officielle des organisations terroristes de l'UE en raison de ses liens avec l'organisation armée basque nationaliste et séparatiste d'extrême gauche ETA (Euskadi Ta Askatasuna) qui s'est livrée à des assassinats et des attentats à la bombe en Espagne. 

     En Bretagne, après quelques décennies d'activités terroristes (l'épisode le plus célèbre étant le bombardement du château de Versailles en 1978), le Front de libération breton a cessé d'exister, mais sa signature ressurgit périodiquement. Cependant, les militants bretons se considèrent comme une minorité ethnique européenne et sont plus portés sur la décentralisation de Paris et la protection de leur patrimoine linguistique. En 1992, 1 774 élèves ont reçu leur éducation dans la langue locale ; en 2014, il était de 20 300. Pourtant, la Bretagne peut être une terre de trouble pour le gouvernement, comme cela a été le cas en 2013 avec le mouvement des "Bonnets Rouges" contre la décision parisienne d'imposer de nouvelles taxes sur le transport par camion. 

     La position de la Corse est la plus connue. L'orgueil et la détermination violente des Corses est telle qu'elle fait l'objet de blagues, de livres, de films et de préoccupations du gouvernement français depuis des décennies. « A bandera testa mora », le drapeau régional le plus célèbre de France, semble être à lui seul le symbole d'un front de libération. En 1914, le journal politique 'A Cispra' (le vieux fusil) déclarait : « La Corse n'est pas un département français. C'est une nation qui a été conquise et qui va renaître. Les militants tentent d'atteindre cet objectif soit par des procédures politiques, soit par des activités violentes, qui ont culminé avec le tristement célèbre assassinat du préfet Claude Erignac en 1998.

     On peut facilement comprendre que la politique de l'UE en faveur des identités culturelles régionales ne correspond pas au mythe national français traditionnel - tout comme les revendications nationales des États membres de l'UE ne correspondent pas à la manière dont Bruxelles et la Commission européenne comprennent le processus connu sous le nom d'"intégration européenne". Bruxelles doit passer, tout en essayant d'éviter tout conflit, la voie parisienne.

Identité régionale (et numérique)

     Dans un  article du Figaro en 2017 , on peut lire : « Pour raconter l'histoire de leurs régions, la plupart des mouvements nationalistes contactés par Le Figaro convergent vers une même date : le 25 août 1539. Cette année, François Ier signe l'ordonnance de Villers-Cotteret, qui adopte le français comme langue officielle du royaume.En effet, tous ces mouvements insistent sur l'importance de leur propre langue. Car s'il est vrai que les régions souhaitent plus d'autonomie politique vis-à-vis de Paris, la véritable motivation des militants réside dans la perception de leur identité. L'importance des drapeaux régionaux, qui font souvent partie des manifestations partout en France, est significative. Le drapeau corse est peut-être le plus célèbre ; les Bretons entretiennent une relation sentimentale avec leur « Gwenn ha du » (peut-être parce qu'elle a été interdite dans le passé), tout comme les Basques sont fiers de leur « ikurrina », symbole à la fois d'unité culturelle et d'espoir, puisqu'il s'agit du drapeau officiel de la Communauté autonome basque espagnole. De plus, en Bretagne, plusieurs monnaies locales sont utilisées (avec des noms exotiques tels que «Galleco», «Buzuk» et «Bizh»). Bien qu'ils soient adossés à l'euro,   

     Fait intéressant, en 2023, l'identité régionale est également numérique. Tout comme les domaines nationaux tels que .it (Italie), .de (Allemagne) et .fr (France) existent au sein de l'UE, des domaines régionaux sont apparus en France. Sans surprise, cela ne comprend que les quatre grands : la Bretagne (.bzh), l'Alsace (.alsace), la Corse (.corsica) et le pays basque (.eus). 

     La question de l'identité est une question à laquelle Bruxelles doit également faire face dans le cadre du processus d'intégration européenne. De nombreux détracteurs de l'UE disent qu'elle manque d'intégration culturelle. L'exemple de la France montre que la langue peut être une épée à double tranchant. D'une part, elle a certes contribué à créer un sentiment national en France, mais elle implique aussi de profondes frustrations. De plus, la langue non officielle de l'UE (l'anglais) ne peut pas satisfaire la plupart de ses membres, surtout depuis que le Royaume-Uni a quitté l'union en 2016. 

     Cependant, la construction de la France et l'intégration européenne ont beaucoup en commun, et les enquêtes montrent que leurs stabilités en tant qu'entités politiques sont assez similaires. En 2019,  un sondage Ipsos montrait que 59% de la population française avait le sentiment d'appartenir à une communauté nationale (61% de la population rurale avait le sentiment inverse). En 2022,  selon le Parlement européen, 62% de la population européenne considérait comme positif le fait que leur pays fasse partie de l'UE. Une grande partie de l'Europe exprime encore de la méfiance envers Bruxelles, tout comme une grande partie de la population française se méfie de Paris. Tous deux ont la lourde tâche de gérer les identités. Et la loi votée par le gouvernement français en 2021 contre le séparatisme, qui vise principalement «l'islam politique», implique que les vagues massives de migrants arrivés en Europe ne feront que compliquer les processus de construction nationale et syndicale.    

  Matthieu Buge

Matthieu Buge a travaillé sur la Russie pour le magazine l'Histoire, le magazine de cinéma russe Séance, et comme chroniqueur pour Le Courrier de Russie. Il est l'auteur du livre Le Cauchemar russe (« Le cauchemar russe »).

 

Tag(s) : #Matthieu Buge, #Russie, #Géopolitique, #économie politique, #Macron
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