La solution coréenne

Traduction d'un article de south front

 

Alexey Arestovich, ancien conseiller du président ukrainien, a donné une nouvelle interview, où il évoque une solution selon lui possible, au conflit militaire en Ukraine.

Selon Arestovich,  les conditions d'une victoire militaire ukrainienne seraient :

  1. des centaines de milliers de combattants formés professionnellement
  2. des équipement militaire aux standards avancés de l'OTAN pour ces soldats
  3. des opérations militaires réussies le long de toutes les lignes de front du Donbass « pour écraser toutes les forces russes » dans ces territoires
  4. Kiev aurait également besoin de « digérer les régions désoccupées », dont la population a toujours eu des opinions pro-russes et qui vit en Russie depuis des mois.

De plus, toutes les conditions ci-dessus devraient être remplies dans un avenir proche.

Vu le contexte et surtout la tournure actuelle des évènements, Arestovitch et ses interlocuteurs arrivent bien sûr à la conclusion que le régime de Kiev n'a ni les moyens militaires ni politiques pour remporter une victoire militaire dans sa guerre contre la Russie. Cependant la population ukrainienne n'est pas préparée à une défaite militaire de l'armée ukrainienne sur le champ de bataille, et reste confiante dans sa victoire, qui reste encore un « doux rêve » selon les propos d'Arestovich. La population doit être prête à se battre jusqu'au dernier soldat ukrainien, c'est pourquoi il n'y a pas de discussions publiques sur tout autre règlement de la guerre, à l'exception de la victoire de l'Ukraine sur le champ de bataille. d'où l'impasse politique et militaire qui se précise pour le régime de Zelinski.

 

Arestovich affirme donc qu'il y a encore la possibilité d'obtenir des "bonus" importants pour Kiev en cas de solution diplomatique du conflit militaire. La partie russe, elle, reste ouverte aux négociations. Et, ce qui est plus important, selon Arestovich, c'est que les hauts dirigeants militaires et politiques occidentaux envisagent également la voie diplomatique du règlement de la guerre ukrainienne (faute de croire encore pouvoir la gagner).

À son tour, le régime de Kiev pourrait y gagner des avantages importants, par exemple dans le cas d'un scénario "à la coréenne". Scénario en vertu duquel les États-Unis et l'UE pourraient transformer la partie restante du territoire en une « nouvelle Corée du Sud », Ce qui implique des investissements de plusieurs milliards et l'assurance de la sécurité ukrainienne.

Auparavant, le secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense d'Ukraine, Oleksiy Danilov, avait affirmé que Kiev se voyait proposer un règlement selon le «scénario coréen». Selon lui, lors de réunions avec des politiciens européens, Moscou aurait transmis "des messages selon lesquels ils sont prêts à des concessions, mais afin de fixer le statu quo". A son tour, la partie russe a réagi en niant qu'il y ait eu des discussions évaluant un tel "scénario coréen".

La déclaration d'Arestovich selon laquelle une partie de l'Ukraine pourrait devenir une nouvelle Corée du Sud est assez généralement considérée comme chimérique ( y compris dans "l'hémisphère occidental"), ainsi que le fait que la partie ukrainienne du pays pourrait exister en toute sécurité sous la protection occidentale. Sachant que de notoriété publique, la Pologne et d'autres "voisins" ont des revendications territoriales sur l'Ukraine et que le contexte géopolitique, historique, culturel et économique ukrainien est à tout point de vue aux antipodes de celui de la péninsule coréenne. C'est ainsi qu'aussitôt que les affirmations d'Arestovich sur le scénario coréen ont été rendues publiques, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a proposé de transférer une partie des terres ukrainiennes sous la "protection "de la Pologne. Justifiant cette annexion masquée par le fait que "Vladimir Poutine n'oserait pas entrer en conflit militaire direct avec un pays membre actif de l'OTAN". Reste à savoir ce qui resterait alors de l'Ukraine ... "sous protectorat occidental"... Sinon un "glacis", enclavé, vidé de population et de ressources ... dirigé par une clique de nazis corrompus, sous la Présidence bouffonne d'un super héros clownesque, se produisant dans les conférences  en tenue officielle de superpunk (sans chien).

 

Alexey Arestovich, ancien conseiller du président ukrainien : « La meilleure position, mais qu'entendons-nous ? Négociations ! Parce que tout le monde comprend que l'Ukraine n'a pas de ressource et que l'Occident va la créer pendant très longtemps, pendant des années, pour que nous puissions faire sortir la Russie d'ici par la force. Parce qu'ils peuvent trouver de nouveaux 200 000 militaires mobilisés en permanence, tous les 3 mois, avec des lances, avec des arcs, peu importe ! Maintenant la question se pose : est-ce suffisant de garder la forme ? Il faudra beaucoup de temps pour accumuler autant d'Himers, d'Abrams, de M16 pour pouvoir percer n'importe où ! Telle est la question!

98/87% de notre société disent que le but de nos opérations militaires est de libérer tous les territoires ukrainiens par des moyens militaires. 4% supplémentaires se disent prêts à négocier pour la Crimée, mais le Donbass devrait être définitivement repris par des moyens militaires. Maintenant la question est : et si cela ne se produit pas ?

– Eh bien, écoutez, nous avons des humeurs appropriées qui ne sont pas nées de rien, car c'était une thèse de Budanov, et c'était une thèse de Reznikov.

Alexey Arestovich: "Qu'arrivera-t-il à tout le monde?"

– Attentes injustifiées, déception !

Alexey Arestovich : « Qu'adviendra-t-il d'une société qui avait de grandes attentes mais qui a reçu quelque chose comme Minsk-3 ? Un « ressort de rappel » d'attentes non réalisées nous frappera, notre moral, etc. Il nous frappera tellement que nous serons tous étourdis ! Soyons plus francs que RAND, la sortie de cette guerre n'est peut-être pas du tout la même qu'elle nous paraissait il y a six mois. Ou il y a trois mois, surtout après le succès de l'opération de Kherson, quand tout le monde nous l'a dit, même Hodges a dit que nous libérerions la Crimée en hiver, etc.

Ce n'est pas parce que les Américains insidieux ne nous donnent pas d'armes et retardent les approvisionnements, bien qu'ils auraient pu en donner plus et qu'ils disposent des réserves nécessaires. Mais parce qu'il faut une armée d'environ 400 000 soldats parfaitement entraînés, armés de la tête aux pieds avec des armes de l'OTAN, afin de broyer sérieusement et de libérer tous les territoires. L'avons-nous? Non! L'aurons-nous l'année prochaine ? Non! Nous n'avons tout simplement pas assez d'installations de formation pour former autant de personnes et il n'y a pas assez d'équipement.

– Il y a aussi une question, la nécessité de digérer les territoires désoccupés…

Alexey Arestovich : « Digérer les territoires désoccupés et ainsi de suite… »

– C'est une question importante si vous ne le faites pas maintenant, cela n'a aucun sens…

– En ce moment, il y a une tâche plus difficile !

Alexey Arestovich : « Par conséquent, la morale de cette fable est simple : Sommes-nous, en tant que société, prêts pour une issue de la guerre différente de ce à quoi nous nous attendions. Pas prêt."

– Je peux vous dire que nous ne sommes pas prêts !

Alexey Arestovich: "Que va-t-il nous arriver?"

– Premièrement, nous ne sommes pas prêts parce que personne n'en parle, de plus, toute tentative d'en parler quelque part en public se heurte à un désaccord total.

Alexey Arestovich: «J'ai décidé d'en parler maintenant et pour ne pas être trop réprimandé, je prétends que cela est une attente de la partie russe. Pouvons-nous discuter des attentes de la partie russe ? Comme si c'était leur plan de sang-froid !

Oui, c'est leur plan insidieux, mais c'est comme ça. Disons simplement que ce n'est pas l'attente d'Arestovich, mais Arestovich décrit comment la partie russe pense.

– Comment savez-vous ce que pense la partie russe ?

Alexey Arestovich : « Je sais bien évaluer la situation militaire et politique. Ce que je voulais dire, c'est que le plus désagréable, c'est qu'à en juger par les rapports de la RAND et les dérapages des plus hauts dirigeants militaires de l'Occident, ils pensent aussi quelque chose comme ça, connards ! Oui, et nous dépendons un peu plus d'eux, nous dépendons totalement d'eux.

Dois-je dire la phrase sacrée "Préparez-vous, la vie est plus dure qu'il n'y paraît" ?

– Le plus intéressant, c'est qu'on en a déjà parlé ici quand on a fait une revue de la presse occidentale, j'ai cité des articles, c'était en été ou en automne. Il me semble que si les gens ont besoin d'une bonne douche froide, qu'ils lisent ces articles en anglais. Ce n'est pas quelque chose que nous inventons, ils écrivent à ce sujet.

Alexey Arestovich: "Écoutez, nous devons clairement comprendre que nous ne disons rien par nous-mêmes, nous évaluons les attentes de la partie russe et les déclarations des représentants du collectif occidental, qui décident de l'aide à nous apporter, etc. Maintenant, attention, pour les besoins de la discussion, réfléchissons à ce que l'Occident devrait faire dans le cas du scénario des deux Corées ? Ils devraient faire une autre Corée du Sud avec la partie qui reste, mais tout est une question de garanties, car la Corée du Sud a des garanties.

– Oui, et il a donné l'exemple d'Israël. Les États-Unis ont l'expérience de fournir de telles garanties en échange d'un monde pacifique. Quand Israël a fait la paix avec l'Égypte, les États-Unis leur ont donné de nombreux avantages en échange. Ils écrivent que les États-Unis ont un tel précédent pour que personne ne puisse dire que ce n'était pas le cas, en voici un exemple !

Alexey Arestovich : « Non seulement Israël – Égypte, ainsi qu'Israël – Jordanie, Égypte – dynasties royales lorsqu'ils se sont mis d'accord sur un thème anti-iranien, mais aussi la Corée et il y avait aussi beaucoup de bonus.

Maintenant, après cette émission, tout le monde va s'évanouir, je vois déjà comment notre conversation est coupée sur des citations, comment la télévision russe va le montrer, c'est bien, car les gens vont y réfléchir. Derrière tout cela, je vous garantis, ils manqueront que dans la situation actuelle, il y a de nombreux bonus, que le collectif occidental envisage sérieusement, attentivement, mais ils les considèrent. Par exemple, la question des garanties. Mais ça va nous manquer.

J'imagine ce qui passera à la télévision russe : « L'Occident a abandonné l'Ukraine, il n'y aura pas de victoire. Nous avons gagné." Et de notre côté, nos médias écriront : « Arestovitch promeut la défaite ukrainienne et le monde russe. Nous nous battons jusqu'au dernier obus et ainsi de suite !

Tag(s) : #Arestovich, #Ukraine, #corée
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :