« Delenda est Massilia » ...
une histoire marseillaise ?
« Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. Caussidière pour Danton, Louis Blanc pour Robespierre, la Montagne de 1848 à 1851 pour la Montagne de 1793 à 1795, le neveu pour l’oncle. Et nous constatons la même caricature dans les circonstances où parut la deuxième édition du 18 Brumaire.»
« la première fois l’Histoire se répète comme tragédie,
la seconde fois comme farce. »
Urgence climatique ?
Rappel de l'épisode précédent
De : Annie Lacroix-Riz
Manuel Valls entame son nouveau job de chroniqueur en parlant de Marseille sur RMC : “Il faut tout raser, il faut tout reconstruire, il faut repeupler différemment ces quartiers” », c’est-à-dire chasser les pauvres pour les remplacer par des riches.
Tiré du site complotiste Wiki : René Bousquet (avec col de fourrure, le 2e en partant de la droite) entouré par, de gauche à droite, le SS-Sturmbannführer Bernhard Griese (en manteau de cuir), le préfet régional Antoine Lemoine, le chef local de la Sipo et du SD Rolf Mühler (derrière Lemoine), l'administrateur de Marseille Pierre Barraudf, à l'hôtel de ville de Marseille le , pendant la rafle de Marseille84,85.
M. Valls veut nous rappeler le bon temps de l’évacuation franco-allemande du Vieux-Port de janvier 1943, prétendument organisée contre les « terroristes » ou Résistance judéo-bolchevique, mais en réalité strictement conforme au plan de l’architecte Eugène Beaudouin concocté dès 1939 au service des intérêts de la grande banque (dont Paribas, qui portait déjà ce surnom), évacuation mise en œuvre par les chefs de la police française et allemande Bousquet et Oberg, présents sur les lieux pendant trois jours. La destruction-reconstruction commença sur les talons du tandem alors inséparable. L’évolution financière de René Bousquet, après-guerre (directeur de la Banque d’Indochine), classé « résistant » en 1949, fut évidemment liée à son extrême sensibilité aux intérêts bancaires (de « la synarchie-qui-n’existe-pas »), très nette depuis l’entre-deux-guerres.
NdE : Voir aussi : Destruction du vieux port de Marseille ...
Notons aussi qu’Oberg avait le 13 janvier 1943, au siège marseillais de l’état-major des SS, salué « les massacres » (selon sa formule du 8 février 1946 devant un juge français, alors qu’il parlait d’ordinaire d’évacuation) auxquels la destruction du Vieux-Port avait donné lieu, comme « une opération de salubrité d’intérêt européen ».
Voir Industriels et banquiers français sous l’Occupation, Paris, Armand Colin, 2013, p. 213-216, avec toutes les références archivistiques.
ci-contre Oberg et Bousquet "collaborent" déjà activement en 1942
Suite de la discussion
Tiré du site complotiste Wiki : Rafle de Marseille, le , sous la surveillance (de dos à gauche les bras croisés, portant un béret) de ce qui semble être des membres du Service d'ordre légionnaire, organisation intégrée à la Milice lorsque celle-ci est officiellement créée la semaine suivante.
De : Olivier L
"Delenda est Massilia",
sans oublier de saler la terre pour que rien ne repousse comme à Carthage.
Refaire de Marseille un comptoir et une colonie de peuplement.
Mais qui va-t-on envoyer là-bas?
De : Anne C
...mais le processus a déjà commencé depuis un bon bout de temps !
Rachat par une banque anglaise des immeubles de la rue de la République descendant vers le vieux port avec expulsion plus ou moins douce des habitants( comment? dans des immeubles haussmanniens avec de si faibles loyers?), quartier des vieux chibanis (près de la gare) rasé, habitants délogés, rachat de l'hôpital des R...( architecture merveilleuse comme à l'Hôtel de Dieu de Paris avec vue sur la mer pr un hôtel 5 étoiles ( notons qu'il y avait des plaques commémoratives pour les soignants qui s'étaient dévoués pendant la grande peste, y seront-elles toujours?), envol des prix au " Panier" (quartier du haut du port non bombardé) pris d'assaut par les bobos, construction du Mucem ( expos tape à l'oeil sans bonne visibilité des documents, mais architecture appréciée par certains) et bouchant partiellement la vue sur la mer, chassant les pêcheurs et promeneurs habituels, quartier de la Joliette transformé en petite "La défense" et 15° arrdt, tentative de rachat immobilier pr "jolies villas" à l'endroit même du dernier bidonville ( pouh ces immigrés!) trop près du centre et à proximité du " quartier des arméniens" devenu quasi cossu, scandale du grand supermarché face à la mer qui a menacé plusiurs fois de s'effondrer, petites maisons de pêcheurs au vallon des Auffes aux prix exorbitants , Pointe rouge idem, ....et tourisme dévastateur ds les calanques( comme en Corse, tiens!)..etc... j'en oublie bcp …
Marseille était quasi la seule grande ville( bien plus étendue que Paris) ayant résisté en partie à la gentrification! Il s'agit de la terminer et de prévoir une bonne et belle extension!
La mer et le TGV en 3h 15 ce n'est pas pour les pauvres, ah mais!..
A.C.
De : Annie Lacroix-Riz
Merci beaucoup pour ces précisions sur la liquidation en (très long) cours du Marseille populaire.
Les déclarations spectaculaires ou simples "événements" apparents correspondent toujours à des processus de long terme. C’est aussi vrai en 2021 qu’en 1943, où Carl Oberg et ses auxiliaires (tel son second Helmut Knochen, un des plus éminents bourreaux de la France de 1940 à 1944) ont été ravis de pouvoir rendre service à leurs bons amis français, si complaisants en toutes choses.
À force de faire de l’histoire purement "idéologique", on a soigneusement censuré ces continuités (et ceux qui, quelle audace dans le "complotisme", en rendent compte).
Qui peut douter de l’étroitesse des liens entre les hommes politiques de la "gauche de gouvernement" et les puissances financières, sujet "complotiste" entre tous, tabou de la Doxa historique, de France Culture et d’ailleurs, puisque, comme le serine l’historiographie Sciences po, nous vivons sous le règne de "l’autonomie du politique"?
Qu’on écoute l’échange distingué, sur le thème « Être député sous la Troisième République » du 21 juillet 2012, entre Jean-Noël Jeanneney, responsable de l’émission « Concordance des temps » sur France Culture, et Jean Garrigues, professeur à l’université d’Orléans et président du Comité d’histoire parlementaire et politique, pour évaluer l’interdit académique qui pèse sur l’arrosage politique patronal : « la collusion » ou « la proximité des députés avec le monde des affaires », qui eût dû, au vu des abondantes archives disponibles, constituer l’essentiel du sujet, ne fut qu’effleurée. L’auditeur fut rassuré au surplus par l’affirmation de l’invité que, si la question s’était – à peine – posée à l’époque concernée, il y avait en revanche aujourd’hui des « garde-fous » :
https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/etre-depute-sous-la-troisieme-republique, vers 48 minutes. Ouf !
Sur les si efficaces « garde-fous » qui nous protègent du grand capital (concept mythique), voir Benoît Collombat et David Servenay, dir., Histoire secrète du patronat : de 1945 à nos jours, Paris, La Découverte, 2e édition, 2012 ; Guillaume Delacroix, Enquête sur le patronat. Dans les coulisses du scandale Medef-UIMM, Paris, Plon, 2e édition, 2012, etc. Mine à découvrir en ligne : taper UIMM fluidification, etc.
ALR
« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c’est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu’ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d’ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l’histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté. C’est ainsi que Luther prit le masque de l’apôtre Paul, que la Révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l’Empire romain, et que la révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793 à 1795. C’est ainsi que le débutant qui apprend une nouvelle langue la retraduit toujours en pensée dans sa langue maternelle, mais il ne réussit à s’assimiler l’esprit de cette nouvelle langue et à s’en servir librement que lorsqu’il arrive à la manier sans se rappeler sa langue maternelle, et qu’il parvient même à oublier complètement cette dernière. »