pour prendre l'air...
Réflexions
sur la précaution et les emballements
médiatiques ou non.
L’expression qui se veut un principe indiscutable ‘Le Docteur fait le diagnostic et il traite’ n’est pas valable dans le cas du Covid-19 et ne s’applique pas à la situation que nous vivons.
Le devoir premier des responsables de la Santé publique est de veiller à éviter que ne se répande une épidémie due à un virus dont on ne connaît pas toutes les caractéristiques pathogéniques parmi des populations qui n’ont aucune immunité vis-à-vis de lui.
Il serait irresponsable de laisser les individus s’infecter en masse rapidement pour leur appliquer des thérapeutiques pas encore assez éprouvées pour leur efficacité et leur innocuité. Dans le cas de l’hydroxychloroquine, l’échantillon de 30 personnes n’est pas suffisant pour décréter que le remède expérimenté a été trouvé. Il serait de plus erroné d’interpréter les précautions qui doivent entourer les essais thérapeutiques comme une réfutation de la molécule candidate.
La communauté des soignants exige avec raison de nombreux tests avant la validation d’une indication thérapeutique et, en temps habituel, elle déplore souvent le manque de rigueur des autorités quand elles accordent des AMM avec laxisme. L’agence du médicament n’a souvent pas accès aux résultats bruts des laboratoires pharmaceutiques qui les soustraient au contrôle, prétextant un droit de propriété intellectuelle. Même en situation d’urgence et surtout pour celles-ci quand elles engagent des populations entières, il est attendu de la responsabilité et de la rigueur.
En cas de médicament valable, qui va-t-on traiter ? Les malades ou les porteurs sains ?
Dans le modèle de la tuberculose qui n’est pas superposable du tout à la pandémie actuelle, traiter le patient n’exclut pas la nécessité de l’isoler tant qu’il est excréteur et impose de mener l’enquête sur ses contacts pour les dépister et les traiter en cas de positivité.
Certains travaux épidémiologiques, faits sur des clusters étroits, tendent à prouver qu’il faut estimer à 60% le nombre de cas pauci-symptomatiques ou asymptomatiques, porteurs du virus et qui sont donc contagieux. Le calcul approximatif des personnes ayant été infecté ne peut s’obtenir dans tous les pays par le doublement des cas avérés puisqu’il n’y a aucune uniformité dans l’approche (commandée par la politique souvent sous contrainte de moyens humains et matériels)) qui fait rechercher la présence du virus.
La France et les Usa sont particulièrement avares (ou pauvres) en testing par TR-PCR et dans ce cas, le doublement serait insuffisant. Par ailleurs toutes les techniques diagnostiques ne se valent pas. Les tests défaillants qui ont circulé ne sont pas toujours justifiables par la course effrénée contre la pandémie. Mais il faut garder à l’esprit que tout examen biologique est confronté au dilemme de la spécificité qui tend à éliminer les faux négatifs et la sensibilité qui incorpore de faux positifs. Par delà les biais statistiques plus ou moins involontaires glissés dans les publications, la technique de dosage plus ou moins favorable au résultat escompté doit être interrogée.
Des promesses dans les tuyaux
Pas moins d’une centaine de molécules candidates sont actuellement testées dans le monde. Ce jour, deux nouveaux abstracts qui semblent assez robustes ont été publiés. L’un émane d’une équipe de l’Institut Pasteur en Corée qui a identifié 24 candidats. Deux ‘faux’ nucléotides ont été retenus qui ont montré leur efficacité à des doses intéressantes en culture cellulaire. S’en suivra la recherche de l’efficacité sur des modèles animaux avant le traitement des patients atteints du Covid-19. L’autre provient d’une équipe de Columbia qui a travaillé elle aussi sur des analogues des nucléotides en s’inspirant des travaux sur l’inhibition de l’enzyme impliquée dans la réplication du virus de l’hépatite C.
Un groupe de chercheurs de l’université Carnegie Mellon a combiné bioinformatique, analyse structurale biologique et dynamique moléculaire pour trouver des anticorps potentiels, stables, neutralisant, capables d’inhiber la pénétration cellulaire du virus.
La liste est longue.
Un antiviral administrable par voie orale a été testé par une équipe de l’université de Caroline du Nord sur des souris vis-à-vis de plusieurs coronavirus dont le SARS-cov-(1), le SARS cov-2, le MERS cov ainsi que des coronavirus responsables de zoonoses exclusivement. Il semble efficace.
Il faut s’attendre à ce que soient mises au point des drogues efficaces sous peu, administrées isolément ou combinées.
Badia Benjelloun
Le 21 mars 2020
Pour en savoir plus:
la propagande chinoise