Robert parle...
Il y a déjà plus de 10 ans, interrogé par sa fille Virginie, Robert Linhart lui révélait un secret :
"- Papa, je voudrais faire une enquête sur les maos, qui faudrait-il interviewer à ton avis ?
Il a grimacé…
– On ne parle plus jamais du maoïsme en France, et toi, qui en étais une des têtes pensantes, tu es devenu silencieux. J’aimerais demander à ceux qui militaient avec toi alors, ce qu’ils pensent de ton silence.
Haussement d’épaule.
– Tu sais papa, moi, quand tu t’es arrêté de parler, j’avais quinze ans. À quinze ans, on a beaucoup de souvenirs. Arrête de penser que parce que tu parais vivre sans mémoire, c’est pareil pour tout le monde !
Il me regarde, il a les larmes aux yeux.
– C’est notre secret ma petite fille…
– C’est quoi notre secret ?
– Que tu saches tout ça, et que moi je ne parle plus."
Extrait de « Le Jour où mon père s'est tu » Virginie Linhart Seuil 2008.
Virginie Linhart avait parfaitement conscience, quand elle rédigeât son livre, que son père fut « une des figures les plus marquantes des années 1968. » et déplorait que « Malheureusement, il en est aussi l’une des figures les plus marquées. ». Depuis lors il n'a pas été plus loquace sur cette histoire, son histoire... Pas même avec son psy avec qui il poursuivait jusqu'ici une longue délibération silencieuse, chargée de tous les non-dits confinés dans sa mémoire d'une époque dont il ne semblait pas parvenir à s'échapper et dans laquelle il poursuivait peut-être une ratiocination solipsiste.
Pourtant, par une de ce "ruses de l'histoire" chères à Hegel, Robert a finit par retrouver la parole, en même temps qu'il a découvert le jardinet de la librairie réfractaire, et son nid de complotistes totalitaires.
Pourquoi ?
Cela restera entre nous.
Comment ?
C'est ce que vous allez découvrir, au fil de ceux deux entretiens qui ont été rendus possibles par notre amie et voisine Nicole, ex-épouse de Robert (à l'époque des faits) et "mère courage" de Virginie :
Première époque
Itinéraire maoïste
Deuxième époque
Après la Chine...