Article publié aujourd'hui dans le Parisien

par Elodie Soulié le 07 novembre 2018

Vent debout contre la neutralisation de plusieurs feux tricolores du quartier Pernety (XIVe), les riverains organiseront lundi une « marche des piétons ».

L’extinction des feux tricolores, une fausse bonne idée voire un danger puissance 10 ? C’est en tout cas ce que dénoncent les plus de 1 500 pétitionnaires, tous des habitants du quartier Pernety du XIVe, après l’annonce, par la mairie, de la suppression définitive des feux à une demi-douzaine de carrefours. Une décision prise après 6 mois d’expérimentation, entre novembre 2017 et juin dernier, assortie d’une étude de ses effets sur la pollution, sur la fluidité et les conditions de la circulation, et sur la satisfaction globale des piétons et riverains. Or ce sont les données mêmes de cette enquête, réalisée par le Centre d’étude et d’expertise Cerema, que contestent plusieurs collectifs d’habitants, qui réclament le rétablissement sinon de tous les feux, au moins de ceux situés sur les carrefour les plus dangereux.

Une manifestation ce lundi

En marge de leur pétition, soutenue notamment par le collectif « 60 millions de piétons » et par des associations d’aveugles, ces riverains ont multiplié les courriers argumentés à la maire du XIVe, Carine Petit (Génération.S), et viennent de saisir la maire de Paris. Ils préparent aussi leurs pancartes et… un stock de cannes blanches, symbole volontairement frappant d’une « marche des piétons ». Lundi à 17 heures, ils battront le pavé entre les carrefours dangereux, au départ de l’angle rue Pernety-rue Raymond-Losserand. « Nous ne sommes pas pour la voiture à tous crins, et bien sûr que nous sommes favorables aux mesures qui peuvent diminuer la pollution, mais pas sans concertation, et qu’au moins cela ne soit pas au détriment de la sécurité des piétons ! », martèle Sylvie Boudoulec, du collectif Coqua d’habitants et usagers de Pernety.

Les personnes vulnérables sont-elles en danger

En cause notamment, la neutralisation d’équipements pourtant indispensables aux nombreux aveugles qui fréquentent ce quartier, pour se rendre au centre de formation professionnelle pour jeunes aveugles Forja, situé rue de l’Ouest. « Ils sont privés des boîtiers sonores d’aide à la traversée, qui étaient couplés avec les feux », souligne la porte-parole. Fini aussi, le fameux petit bonhomme rouge et vert, l’une des premières leçons de sécurité routière apprise aux écoliers… « Faute de visibilité, les enfants mais aussi les personnes se déplaçant difficilement sont obligés de s’avancer, non sans risque, sur les passages piétons pour traverser », déplore encore Sylvie Boudoulec. « Des plaintes ont été adressées au Défenseur des droits, pour discrimination vis-à-vis de personnes vulnérables ou en situation de handicap, qui voient encore réduite une autonomie souvent acquise de haute lutte », souligne-t-elle.

La moitiée des voitures ne respectent pas la priorité pour les piétons

Au-delà des conditions de traversée, qui seraient devenues plus dangereuses à plusieurs des carrefours dont les feux ont été mis en berne, les collectifs de riverains réfutent l’expertise mise en avant par la mairie du XIVe pour conforter sa décision. « Nous n’avons jamais été consultés ni pour l’expérimentation, ni pour la décision finale, nous n’avons jamais eu de réponse à nos courriers, alors qu’il y a véritablement une mise en danger de la vie d’autrui », défendent-ils, reprenant néanmoins un chiffre essentiel de l’expertise contestée du Cerema : « 52 % des automobilistes ne cèdent pas le passage aux piétons traversant ». Un argument qu’ils n’entendent pas laisser oublier derrière la baisse de 19 % du dioxyde d’azote et de 37 % de particules fines.

« L’unanimité sur ce genre de projet n’est jamais acquise. On a passé un an à rencontrer les habitants sur le terrain », rétorque Carine Petit la maire.

 

Elodie Soulié pour Le Parisien

Pour en savoir plus : le couvre-feu de Pernety

 

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