À en juger par le traitement que lui réservent les médias, ses confrères et l'appareil de la classe dirigeante,
Annie Lacroix-Riz mérite assurément le titre d'historienne la plus éminemment et notoirement discriminée de France (et de Navarre).
C'est pourquoi elle a prêté la plus grande attention à l'information que lui ont signalée ses collègues de l'A.H.C.E.S.R relative à "la tribune, rédigée par un collectif d'historiennes et publiée hier soir par Le Monde dans son édition en ligne, à propos des problèmes de parité que connaît notre discipline."
Un appel de 440 historiennes françaises : « Mettons fin à la domination masculine en histoire » : "Avant les Rendez-vous de l’histoire de Blois (du 10 au 14 octobre), un collectif d’historiennes déplore le manque persistant de parité au sein de leur discipline."
Merci, cher collègue,
pour avoir attiré mon attention sur cette initiative, qui suscite aussi d’autres questions que celles ici posées.
Que faut-il penser de la discrimination absolue contre les « rouges » qui n’ont pas abdiqué autant qu’il convenait, qui n’ont pas cédé à l’assimilation obligatoire nazisme-communisme, femmes au surplus, exclues, vraisemblablement comme leurs pairs masculins, des jurys de concours, des soutenances et de la direction effective de thèses (forcément sans perspective de postes), du droit à publication dans les revues, d’accès aux tribunes et « débats » écrits et audiovisuels, de recension de leurs travaux de recherche (ou du droit de répondre à des assauts unilatéraux)?
Est-il légitime que cette catégorie ait été notoirement frappée de « mort sociale » ou « académique » pour communisme, alors qu’un aréopage de prestigieux collègues, groupant hommes et femmes, s’est montré récemment ulcéré, à grands renforts de déclarations dans la presse « de référence », qu’une notice scandaleusement amnésique sur « le maître » Maurras, et notamment son antisémitisme délirant, fût frappée de « censure » dans le « Livre des Commémorations nationales »?
De cela qu’ont à dire et écrire « les 440 » collègues pro-parité? Sont-elles choquées par cet ostracisme, vont-elles en parler, à Blois ou ailleurs, alors que les tribunes académiques se sont multipliées, en 2018, en faveur de la publication urgente par l’édition ayant pignon sur rue, Gallimard inclus, de la production obscène de Céline, Maurras, Rebatet et consorts qui, au service de l’occupant de la France, ne contentèrent pas de diffuser quotidiennement leur idéologie mortifère mais participèrent aux crimes franco-allemands contre leurs concitoyens, français « de souche » ou « métèques »?
Cette exclusivité du critère du « genre », jamais accompagnée de la moindre mise en cause de la « pensée unique » et officielle, sert aussi, et a servi de longue date, de prétexte à dissimuler d’autres discriminations contre lesquelles on attend depuis plusieurs décennies courageuse réaction académique, féminine et masculine.
L’absence de liberté et d’esprit critique dans l’université, aujourd’hui communément admise dans toutes les conversations privées, et qui a conduit à la liquidation, radicale en Contemporaine, de l’histoire des classes sociales, ne relève-t-elle que du « genre »? Il serait bon d’amorcer la réflexion, de « genre » et « hors genre ».
Bien cordialement,
Annie Lacroix-Riz,
historienne discriminée par ses pairs, hommes et femmes, pas (exclusivement) pour appartenance de « genre ».
PS. Je souhaiterais vivement savoir sur quel(s) critère(s) les 440 signatures ont été sollicitées.