Migrations et droit d'ingérence humanitaire
Aux origines de l'esclavagisme post-modernisé.
Dans son célèbre discours devant l'Assemblée générale de l'Onu lors de sa 70ème session en septembre 2015, Vladimir Poutine avait rappelé aux européens, les conséquences auxquelles ils allaient s’exposer en continuant de s’aligner, comme ils l’ont fait pourtant, sur la politique unilatérale, impérialiste et belliciste des États Unis.
« Nous comptons sur le fait que la communauté internationale parvienne à élaborer une stratégie globale de stabilisation politique et de rétablissement socio-économique au Proche-Orient. Alors, chers amis, il ne sera plus nécessaire de construire des camps pour les réfugiés. Les personnes contraintes de quitter leur terre natale ont d’abord afflué dans les pays alentour et ensuite en Europe. Ils se comptent par centaines de milliers, voire par millions. Il s’agit au fond d’une nouvelle grande migration amère et d’une dure leçon pour nous tous, y compris pour l’Europe.
J’aimerais souligner que les réfugiés ont évidemment besoin de compassion et de soutien.
Cependant, on ne pourra résoudre définitivement ce problème qu’en rétablissant la structure étatique là où elle a été détruite *, en renforçant les institutions gouvernementales là où elles existent encore ou sont en train d’être reconstruites, et en fournissant une aide multiforme – militaire, économique et matérielle – aux pays en difficulté et, bien sûr, aux gens qui, malgré toutes les épreuves, ne sont pas partis de chez eux.
* par l'OTAN et ses coalisés, dans le cadre de leurs opérations d' "ingérence humanitaire" ( NDLR)
Il va sans dire que toute aide aux États souverains ne doit pas être imposée mais proposée, et ce dans le strict respect de la Charte de l’ONU. Tout ce qui est fait et sera fait dans ce domaine conformément aux normes du droit international doit être soutenu par notre organisation, et tout ce qui contreviendra à la Charte devra être rejeté.
Le plus important est, selon moi, de contribuer au rétablissement des structures étatiques en Libye, de soutenir le nouveau gouvernement irakien, et d’apporter une aide multilatérale au gouvernement syrien légitime.»
Vladimir Poutine devant l'AG des Nations Unies
28 septembre 2015
Après l’Afghanistan, la Yougoslavie, l’Irak, la Lybie, l’Ukraine, la Syrie, le Yemen, etc. la stratégie américaine du chaos, théorisée jadis par Brzezinski a porté tous ses fruits prévisibles.
La crise migratoire actuelle, se différencie des grands épisodes de transfert de population qui ont émaillé l’histoire et singulièrement l’histoire contemporaine, par le fait qu’elle n’est plus seulement occasionnée par l’appauvrissement misérable que subissent une grande partie des populations du globe mais qu’elle est volontairement provoquée et aggravée par un impérialisme qui prétend s’imposer à l’échelle mondiale et qui n’hésite devant aucun moyen, notamment la destruction physique des nations, pour asservir celles qu’il juge néfastes ou menaçantes pour ses intérêts économiques et politiques.
Le problème des vieilles nations européennes, désormais complètement aliénées aux intérêts capitalistes étasuniens, c’est que, comme l’annonçait Poutine tout ça finit évidemment par se retourner contre les fautifs mais que le principal responsable et coupable demeure tout aussi peu menacé qu’il le fut lors des deux grands conflits qui bouleversèrent le 20ème siècle.
Ainsi, les guerres de « proxy » que suscitent, soutiennent et arment les Etats Unis (et que finance leur déficit abyssal) ont un peu la même fonction et les mêmes avantages pour eux que les sanctions économiques dont ils accablent leurs adversaires désignés.
Il s’agit toujours de détruire les peuples et les nations qui leur résistent où qu’ils jugent menaçants pour leurs intérêts mais... aux frais des autres.
Pour "eux" c’est sans grand risque puisque, hormis les mexicains, nulle population n’est susceptible de se déverser anarchiquement sur leur territoire, avec les conséquences que nous observons désormais à grande échelle et sur une durée qui sera longue. De même les sanctions économiques n’affectent nullement le business etasunien mais bien les populations des pays visés et symétriquement les nations européennes et leurs entreprises, travailleurs, agriculteurs, etc. qui commerçaient avantageusement avec les pays sanctionnés.
Avec l’affaire iranienne et celle des "migrants", il devient difficile de ne pas prendre la mesure de tout ça et des contradictions que doivent maintenant affronter les euro-atlantistes du fait de leur soumission intéressée à l’économie américaine et à son bras armé l’OTAN.
Le seul moyen d’inverser ces flux migratoires irrépressibles, c’est évidemment d’en combattre la cause, mais la cause … c’est nous …notre politique, notre stratégie.
C’est d’abord la stratégie du chaos, dont nous fumes activement complices avec la destruction de la Lybie, de l’Irak, de la Syrie, de l’Ukraine, etc.
L' « avantage compétitif » fourgué en échange comme pacotille - encore assez bonne pour les classes dirigeantes et complaisantes des tribus de l’U.E.- était, sur le modèle américain des « wet back » mexicains, de se pourvoir en main d’œuvre docile et bon marché dans les secteurs où les européens désormais « manquent de bras » du fait de la forte pression sur le "coût du travail". Une variante de la traite occidentale, remise au goût du jour.
On voit le résultat …
Le problème est d’autant plus impossible à évacuer qu’il n’a pas de solution, dans l’état de soumission politique, social, économique où se sont mises les nations de l’OTAN et de l’U.E. Vis à vis de leur « partenaire » américain.
Naturellement la crise migratoire est de loin la plus lourde des conséquences à court et moyen terme ; et les prétendues "plate-formes de triage" proposées par ces "conciles de Pampelune" européens , sont parfaitement insignifiantes. Chacun sait d'ailleurs qu'elles ont déjà été invalidées par les faits, en Lybie, comme en Turquie, en Italie, en Grèce et ailleurs.
On a vu par exemple ce que donnaient les « hot spots » les « pôles migrant » et les diverses formules de gestion « créative et innovante » de cette nouvelle forme de traite d’esclaves, consistant à en sous-traiter l’intendance aux pires mafieux du moment …
Quant à la "réintroduction temporaire des contrôles aux frontières intérieures" c'est simplement la reconnaissance de l'échec européen, désormais acté.
Mais, maintenant, impossible de faire marche arrière … car le mentor étasunien a brûlé nos vaisseaux ! Il abandonne ses alliés coalisés de la vieille Europe à leur triste sort démographique, économique et social ; et, tel Teddy Roosevelt, il ajoute un nouveau corollaire à la "Doctrine Monroe" : désormais, vu que les choses se compliquent, ce sera « chacun pour soi et Dieu pour tous … mais nous d’abord. »
Résultat : nos appareil d’État naviguent sans boussole, et leurs Princes sont tels des rois nus, face à ce chaos devenu ingérable.
Les dirigeants européens sont en effet dans une impasse totale, contraints d’opérer un impossible et complet renversement d’alliances, de posture diplomatique, de stratégie militaire, de politique et de rhétorique économique et sociale, etc.
Un renversement qui signerait leur fin, en même temps que celle de "l’Europe du Volapuk", celle des "cabris", c'est à dire l’Europe de Schengen et Maastricht, de la circulation libérale et de la concurrence totalement biaisée, de tous contre tous.
Un renversement qui, ultime outrage, accomplirait le triomphe du populisme et du totalitarisme honnis, du « repli sur soi » et de « l’insulte à l’avenir radieux » promis par l’Empire du bien et son nouvel ordre mondial…
Les responsables de ce gachis ont donc de sérieuses raisons d’être inquiets... et nous avec eux, car ce sont quand même... nos dirigeants, « démocratiquement élus »!