Je relevais dans un billet récent la tentative de récupération du massacre de Carcassonne par un ministre de l’Éducation soucieux d’en tirer des leçons pour définir la citoyenneté au XXIème siècle. Voulant évidemment faire taire les contestations de tout bord, sacrifiant au sacro-saint consensus prôné par la doctrine de la bonne gouvernance, cherchant à excommunier les voix dissidentes qui fleurissent aujourd’hui dans un contexte de mensonge gueulard et grandissant, le ministre moralisateur était monté en chaire pour affirmer que la nation est « un ensemble qui nous dépasse ».
Mais qu’est-ce que la nation, vue depuis les hauteurs dorées et moquettées des ministères, depuis le clair-obscur des conseils d’administration des banques et depuis les rédactions des papelards chiffonnés qui les servent avec empressement?
La nation, c’est une vessie informe crevée de toutes parts par les seringues de la propagande. Elle est posée là, dégonflée, sans protection au milieu d’un pays sans monnaie, sans frontière, sans armée – l’OTAN veille au grain et l’ex-chef d’état-major bourru de nos armées est aujourd’hui officiellement américain – et elle n’a pas de politique économique hormis celle imposée par la technostructure européenne qui est le déguisement commode choisi par un totalitarisme que beaucoup ont cru vaincu et n’ont pas vu perdurer sous sa forme nouvelle.
Il faut avoir à l’esprit que lorsque nos ministres lardés de grimaces et emballés d’arrogance évoquent la nation, ils ne croient pas un instant à leur bullshit – merci M. Wauquiez pour votre enfantine sincérité ! –, car la nation n’est pour eux qu’une idée, un mot creux encore plein des échos tournoyants d’un passé révolu, un Novitchok destiné à paralyser les systèmes nerveux. Elle est l’ultime représentation capable d’entretenir l’illusion politique en France, une illusion d’optique nécessaire pour pouvoir prolonger le règne de l’Argent et de ses agents sur un système électoral truffé de pièges et de malédictions.
Ces gens sont le principal ennemi de notre Civilisation, le principal obstacle à notre survie et constituent sans doute la maladie, l’épidémie, la nouvelle peste noire choisie par la providence pour mettre fin à notre Histoire.