Aphatie et Besancenot
dansent en rythme sur France Info
Jean-Michel Aphatie a fait savoir qu’il refusait catégoriquement de recevoir François Asselineau à l’antenne de France Info avant 2022 (c’est-à-dire la prochaine élection présidentielle). Par contre, le matin du 16 avril 2018, le chien de garde en chef du « service public » de l’information interviewait de façon très complaisante Olivier Besancenot pendant 25 minutes ...
Et on comprend sa tendresse à l’égard de cette figure de la « gauche de gauche » (quand on tourne deux fois à gauche, on rebrousse chemin), le porte-parole du NPA ayant notamment dit :
- qu’il n’avait aucun doute sur la responsabilité du pouvoir syrien dans les attaques chimiques, des propos qui plaisent fort à Jean-Michel Aphatie (ceci n’est probablement pas de nature à ébranler les certitudes otanisées des compères du jour : voir L’Express et CBS) ;
- que « l’impérialisme russe » était aussi dangereux que celui de Washington (une seule donnée édifiante : la Russie a 4 bases militaires à l’étranger, les États-Unis en ont 725...) ;
- qu’il aurait fallu que la « communauté internationale » – expression typiquement euro-atlantiste qu’il reprend à son compte sans ironie – fournisse des armes aux « révolutionnaires syriens » dès le début du conflit (traduction : il fallait que l’OTAN participe plus ouvertement et activement à la destruction d’un État souverain et au renversement de son président reconnu internationalement).
Par contre, sans doute attendri par la bonne humeur de Jean-Michel Aphatie et l’ambiance décontractée régnant dans le studio de France Info, le militant post-trotskiste n’a rien dit :
- des massacres récents de manifestants palestiniens par l’armée israélienne (info au passage : d’après le journal Haaretz, John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de Trump, a coordonné avec Tel-Aviv les bombardements sur la Syrie du 14 avril) ;
- de la situation abominable au Yémen, où la « communauté internationale » permet depuis 3 ans à une coalition menée par l’Arabie saoudite de commettre de nombreux crimes de guerre (en utilisant notamment des armes fournies par la France ; mais il est vrai que celles-ci n’étaient pas censées servir, c’est bien ça Mme Parly ?) ;
- des manœuvres bellicistes de l’OTAN et de l’hystérie anti-russe dans les pays occidentaux, ce qui en comparaison fait passer la guerre froide pour une simple partie de Monopoly un peu tendue ;
- de la responsabilité – pourtant évidente et directe – de Bruxelles dans la « réforme » de la SNCF ou les autres mesures antisociales appliquées servilement, pour le compte de la Commission européenne, par le gouvernement français (Olivier Besancenot n’a mentionné qu’une fois les réglementations européennes – à propos des EHPAD – mais... de façon plutôt favorable).
Plenel qui interviewe Macron. Aphatie qui interviewe Besancenot. Il y a une certaine cohérence ; on attend le double avec impatience. Ce sont les agents objectifs de l’ordre établi et les faux opposants – alter-européistes, alter-impérialistes et, en fait, alter-capitalistes – promus par les médias dominants qui accomplissent ensemble une « convergence des luttes », mais au service du statu quo, c’est-à-dire des puissants. Peut-être serait-il plus opportun de parler de « convergence des flûtes » (au sens de pipeau).
Laurent Dauré