La Ghouta
et les idiots utiles du « regime change »
Quel est le point commun entre Macron, le NPA, Syria Charity, Israël, Le Monde, les Frères musulmans, le Parti socialiste, BHL, Alain Juppé, Alexis Corbière, la droite, la gauche, Noël Mamère, les écolo-bobos, les atlantistes, les droits-de-l’hommistes et les gauchistes ? On devine la réponse. Tout ce beau monde aime le peuple syrien ! Il pleure sur ses malheurs, il veut le sauver (“SaveGhouta”), il condamne ses “tortionnaires” et ses “bourreaux”, il proclame sa solidarité sans faille, héroïquement, depuis les salles de rédaction et les plateaux télé.
Qui se réjouit des malheurs répandus par cette guerre absurde ? Personne.
Qui a livré des armes au conglomérat terroriste ?
On le sait.
Qui est responsable de la poursuite du massacre, alors que les jeux sont faits ?
On le sait aussi. Ce sont les mêmes : USA, Arabie saoudite, France, Royaume-Uni. Mais en décrétant qu’il y a des “bons” (les “rebelles démocrates”) et des “méchants” (“Assad-le bourreau” et ses alliés), les consciences borgnes du monde occidental peuvent pleurer à bon compte. Elles peuvent s’acheter une virginité, se draper dans un humanisme de pacotille. Dopées à la moraline, elles accréditent inlassablement, depuis sept ans, un véritable conte de fées.
Cette théâtralisation du conflit syrien, depuis l’origine, est l’envers de son instrumentalisation impérialiste. Elle arrose de daube humanitaire le carnage perpétré par la meute wahhabite made in USA. Démasquée avec brio par Vanessa Beeley, la gueule enfarinée des “Casques Blancs” qui ripolinent leurs propres scènes de crime est comme la métaphore de cette imposture. Trousse de maquillage à la main, se filmant eux-mêmes dans leurs basses œuvres, ils s’acharnent à produire les effets spéciaux qui orchestrent la compassion sélective indispensable au “regime change”.
Cette vidéo a depuis été retirée des médias sociaux de RFS
Une vidéo qui semble montrer des membres des Casques blancs de Syrie participant au populaire "Mannequin Challenge" avec un homme blessé a provoqué la confusion sur internet après être devenue virale. Avec plus de 200 000 vues sur Facebook, la vidéo a laissé beaucoup de gens perplexes quant à son authenticité. Deux hommes portant le logo des Casques blancs, un réseau de défense civile financé par les USA et opérant en Syrie, sont filmés dans une pose figée avec un homme, dont les jambes sont couvertes de débris. La caméra tourne autour de la scène avec les trois hommes en vedette ne bouge pas. Contrairement à la tendance virale, cependant, les hommes entrent soudainement en mouvement lorsque l'homme est enlevé des décombres.
La vidéo a d'abord été mise en ligne par le Bureau des médias des Forces révolutionnaires de Syrie (RFS), un média anti-Assad. #MannequinChallenge était dans le titre de la vidéo avec "bord de la mort".
La piste audio utilisée dans les 24 premières secondes de la vidéo diffère des sons naturels entendus après ce point avec plusieurs voix et sirènes audibles.Le RFS n'a pas révélé l'endroit où la vidéo a été filmée ni la date à laquelle elle a été enregistrée.
Au fond, la guerre des “gentils rebelles” chers à l’Occident n’est qu’une sorte d’Halloween. C’est un concours de déguisements, un bal masqué pour coupeurs de têtes qu’on habille en secouristes pour les besoins de la cause. Avatar de la “société du spectacle”, la séquence est toujours la même : l’image trafiquée provoque l’indignation sélective qui justifie l’ingérence étrangère. Après Alep, la Ghouta est devenue le lieu emblématique de cette supercherie, où les tours de passe-passe de la propagande font prendre des vessies pour des lanternes, et des terroristes sanguinaires pour des “rebelles modérés”.
Que l’on sache, c’est l’armée syrienne qui installe des couloirs d’évacuation pour la population de la Ghouta prise au piège. Et ce sont les “gentils rebelles” qui prennent pour cibles les civils qui osent tenter de fuir ce nid de scorpions. Mais peu importe ! Les bonnes consciences occidentales ne voient que les victimes qui les intéressent. Comme jadis les habitants d’Alep-Ouest, les citadins damascènes bombardés par “l’Armée de l’islam” sont le menu fretin d’une victimologie sélective. Qu’ils meurent, si c’est pour les beaux yeux de cette “révolution” qui brandit l’étendard de la “charia” avec la bénédiction laïque du gouvernement français !
Comme disait Laurent Fabius, après tout, nos amis du Front Al-Nosra “font du bon boulot”. Pour les hémiplégiques de la pleurniche, de toutes façons, un mort n’est pas un mort. Dans un cas, on le condamne à l’insignifiance, dans l’autre on le voue à l’hyperbole. D’un côté, les chiffres invérifiables fournis par l’officine de Coventry (OSDH), de l’autre, des victimes “prorégime” qui passent sous les écrans-radars. On n’accorde de réalité à la souffrance que si les suppliciés en valent la peine. Ils n’existent, en fait, que s’ils corroborent la narration servie en boucle aux téléspectateurs occidentaux.
Nos humanistes à géométrie variable prétendent aimer la Syrie, mais ils veulent la voir dépecée, en lambeaux. S’en doutent-ils seulement ? En triant les victimes, ils se font les idiots utiles d’un “regime change” qui a échoué. Cette compassion sur commande devait servir la destruction de l’Etat syrien, mais cette politique est un fiasco. Comme Alep, Palmyre ou Deir Ezzor, la Ghouta sera bientôt libérée par une armée de conscrits, l’armée arabe syrienne. Ils voulaient parler à la place du peuple syrien. En battant les terroristes qui infestent le verger oriental de Damas, le peuple syrien leur répond qu’il est assez grand pour décider de son avenir.
Bruno Guigue
Une vue d'ensemble de la destruction de la ville d'Al-Nashabiyah dans la région de la Ghouta orientale assiégée à l'extérieur de la capitale syrienne Damas, 4 mars 2018 © SANA / AFP
Pour illustrer cet éditorial que Bruno Guigue a eu l'amabilité de nous proposer, voici un exemple de la manière scandaleuse et mensongère dont l'immonde RT, à la solde du répugnant totalitaire (Ras)Poutine désinforme son peuple ( à défaut de le bombarder) et propage de fausses nouvelles fantaisistes et invérifiables
parmi les plus candides des citoyens occidentaux;
n'hésitant pas à accréditer de sulfureuses Mata-hari complotistes
pour mieux servir leurs élucubrations fantasmagoriques :
Ils sont encore là, hurlant à propos d'une ville en Syrie qui est reprise par le gouvernement. Cette fois, c'est la Ghouta orientale, une banlieue de Damas et l'un des derniers bastions de l'insurrection islamiste qui a déchiré le pays au cours des sept dernières années.
Avant la Ghouta orientale c'était Alep et avant Alep c'était Madaya et avant Madaya c'était Homs, et ainsi de suite. Tous ces endroits ont été encadrés comme s'il n'y avait pas d'insurgés armés présents, et les autorités syriennes massacraient sans pitié des civils à cause d'une soif de sang affreusement caricaturale. Si les insurgés étaient mentionnés, ils étaient habituellement (et sont toujours) présentés par la presse occidentale comme des rebelles modérés et des combattants de la liberté.
Donc, si votre seule compréhension de la Ghouta orientale vient des médias traditionnels, alors vous avez l'impression qu'il y a un conflit unilatéral entre le gouvernement syrien et ses civils. Mais cette guerre n'est pas si simple.
Les leaders djihadistes
Les "rebelles" responsables de la Ghouta orientale sont une collection de groupes djihadistes, dont le plus puissant est Jaysh al-Islam, ou l'Armée de l'Islam, un groupe salafiste-djihadiste soutenu par l'Arabie Saoudite qui cherche à remplacer le gouvernement syrien par un État islamique (IS, anciennement ISIS). Jaysh al-Islam est extrêmement sectaire et tout aussi méchant dans sa rhétorique, ses tactiques et ses objectifs les mêmes qu'IS. Il se livre à des exécutions publiques et se glorifie publiquement d'avoir fait défiler des civils de la secte minoritaire alaouite en cage dans les rues, en tant que boucliers humains. Le fondateur du groupe, feu Zahran Alloush, a ouvertement appelé au nettoyage ethnique des minorités religieuses de Damas.
Le deuxième plus grand groupe est Faylaq al-Rahman , qui est allié à Hayet Tahrir al-Sham, ou HTS, le dernier nom de la filiale syrienne d'Al-Qaïda. HTS a également une petite présence dans la Ghouta orientale ainsi que Ahar al-Sham et Nour al-Din al-Zenki, anciens destinataires d'armes américaines dont les combattants se sont filmés jovialement en train de décapiter un adolescent.
Plus récemment, des civils fuyant la Ghouta orientale ont décrit avoir été la cible de militants cherchant à les empêcher de fuir vers la sécurité du territoire contrôlé par le gouvernement (qui a permis à 80% de la population d'échapper à ce carnage. Un autre fait que les médias occidentaux se gardent de signaler. De même, les rapports documentés selon lesquels les insurgés refusaient de fournir de la nourriture et de l'aide humanitaire aux civils ont été ignorés par le courant "occidental".
Guerre de l'information
La Syrie est peut-être la guerre civile la plus largement propagandisée de l'histoire. Des dizaines de millions de dollars ont été dépensés par les gouvernements occidentaux et leurs alliés régionaux pour construire un appareil médiatique qui édulcore l'insurrection, reporte toute la responsabilité de violence sur le gouvernement Syrien et so allié russe, et agite l'opinion en vue d'une intervention militaire plus énergique contre le président syrien Bashar Assad. Les médias occidentaux en sont venus à compter sur ces seules sources de propagande pour obtenir des informations sur le conflit.
Le plus célèbre est le White Helmets, un groupe de sauvetage lourdement financé par les gouvernements américain et britannique. Commercialisés par une grande société de relations publiques, les Casques blancs plaident ouvertement pour un changement de régime tout en travaillant aux côtés des rebelles liés à Al-Qaïda dans les zones d'opposition. Certains de ses membres ont participé à des atrocités sur vidéo , un fait presque entièrement ignoré par les médias occidentaux, zélés propagandistes de ce groupe.
L'autre source de référence pour les médias occidentaux est l'Observatoire syrien des droits de l'homme, une organisation de surveillance dirigée par un homme travaillant chez lui en Grande-Bretagne, qui est ouvertement favorable à l'opposition Syrienne ( hors de Syrie ) mais abritée ( et financée) par les gouvernements occidentaux déterminés au "regime change" .
Les médias occidentaux s'appuient aussi souvent sur des «activistes des médias» autoproclamés dans les régions de la Syrie contrôlées par des groupes militants. Mais ces groupes ne tolèrent pas l'activisme ou le journalisme. En fait, ils sont connus pour emprisonner, torturer et exécuter sommairement des militants, des avocats, des travailleurs humanitaires, des journalistes et des minorités. C'est pourquoi les journalistes occidentaux ne peuvent pas se rendre dans les régions de Syrie où les insurgés sont détenus: ils seront probablement kidnappés, rachetés ou tués.
Cela devrait soulever de sérieuses réserves et questions sur quiconque prétend être une source d'information indépendante de la Syrie tenue par les insurgés car il est impossible de diffuser des informations sans la permission des autorités djihadistes qui ont intérêt à promouvoir un récit qui entend provoquer l'indignation pour encourager l'intervention. Cela est particulièrement vrai dans la Ghouta orientale, où les insurgés sont en train de perdre du terrain. La seule chose qui peut encore sauver Jaysh al-Islam de la disparition (et donc retarder la libération des populations en otage) est l'intervention extérieure.
Bien sûr, les informations provenant des zones gouvernementales doivent également être traitées avec réserve, voire scepticisme. Parce que, après tout, les gouvernements mentent aussi. Mais dans le cas de la Syrie, la presse occidentale traite déjà les reportages des médias dans les régions du gouvernement syrien comme s'ils étaient tous inventés, tout en régurgitant inconditionnellement tout ce que les insurgés disent comme un fait, tandis que ces mêmes médias ignorent totalement les victimes dans les zones gouvernementales.
Pendant des années, les insurgés de la Ghouta orientale ont terrorisé et tué des milliers de civils vivant à Damas, dont vous n'avez presque jamais entendu parler en Occident. Au lieu de cela, les points de vente traditionnels sont en train de demander à l'Occident de faire quelque chose.
Escadrons de la mort d'Al-Qaïda
Et cela nous amène à l'un des mensonges les plus pernicieux des médias occidentaux, à savoir comment l'inaction occidentale a permis à l'effusion de sang en Syrie de continuer en toute impunité. Mais l'Occident est intervenu en Syrie et, ce faisant, dans plus tradition de "politique de la cannonière" (désormais relooké en "droit d'ingérence humanitaire"), a prolongé le massacre et renforcé le pouvoir d'Al-Qaïda.
Malgré l' avertissement dès novembre 2011 que l'opposition armée était dominée par des extrémistes violents et sectaires, l'administration Obama a dépensé 1 milliard de dollars par an pour entraîner et acheminer des armes vers une insurrection dont elle savait qu'elle était liée à Al-Qaïda afin de renverser le gouvernement syrien. Al-Qaïda a construit sa plus grande filiale dans l'histoire en tant que résultat direct de cette politique irresponsable de changement de régime américain.
En d'autres termes, le gouvernement américain a externalisé sa guerre contre la Syrie aux escadrons de la mort d'Al-Qaïda et les Américains n'en ont aucune idée parce que les médias occidentaux continuent de promouvoir des mensonges sur la soi-disant inaction de l'Occident.
Il ne s'agit pas de glorifier le gouvernement syrien, qui est en effet autoritaire et extrêmement vicié. Mais de considérer ce qui aurait remplacé ce gouvernement s'il s'était effondré. L'alternative était inacceptable pour la plupart des Syriens. C'est pourquoi la grande majorité des Syriens - au moins 75% en 2016, un nombre certainement plus élevé aujourd'hui, alors que le gouvernement a récupéré de vastes étendues de territoires contre les insurgés - vivent dans des zones contrôlées par le gouvernement. En fait, des millions de personnes ont fui vers la sécurité des villes contrôlées par le gouvernement après que des insurgés aient violemment capturé leurs zones pour échapper au comportement criminel des insurgés armés. D'autres ont fui parce qu'ils craignaient que le gouvernement bombarde les groupes extrémistes qui les invitaient à leur entrée.
Doubles standards
Et puis il y a le double standard "de masse" .
Pour vraiment comprendre la sévérité de ce que les États-Unis ont fait en Syrie, replaçons nous dans le contexte américain. Ce serait l'équivalent du financement et de l'armement du KKK par ses adversaires américains pour envahir et occuper les villes américaines et les médias décrivant les milices du KKK comme des «rebelles modérés» et des «combattants de la liberté» qui tuent des minorités et bombardent des civils à Washington. York et Los Angeles. Imaginez comment Washington pourrait réagir face à un tel scénario. En fait, vous n'avez pas besoin d'imaginer. Ne cherchez pas plus loin que leur massacre "mondialisé" après les attentats terroristes du 11 septembre, ce qui, ruse de l'histoire, a créé la menace d'Al-Qaïda au Moyen-Orient.
Après que l'EI a capturé de vastes étendues de territoire en Irak, le gouvernement irakien, avec le soutien aérien américain, a lancé une série d'opérations pour reprendre des villes comme Mossoul, Falloujah et Tikrit, que la presse occidentale célébrait presque toujours comme libération.
Pendant ce temps en Syrie, le gouvernement syrien, avec le soutien aérien russe, a utilisé plusieurs des mêmes tactiques militaires pour reprendre des villes comme Alep et la Ghouta de l'est, mais les médias ont qualifié ces opérations d'actes haineux qui équivalent à un génocide. .
Le conflit en Syrie pourrait apparaître comme un chaos confus et compliqué. Mais comme les clameurs de la presse grand public pour que l'Occident fasse quelque chose de plus en plus belliqueux, il est important de rester conscient du fait qu'il y a un programme et une idéologie derrière leur version unilatérale et univoque de la réalité.