« Sortie de secours » à Pernety
Les faits
Juillet 2022
La maire du 14ème arrondissement, Carine Petit, annonce aux commerçants du quartier Pernety (rue Niépce et rue Raymond Losserand) son projet « d’ascenseur d’accès à la station Pernety pour les handicapés et personnes à mobilité difficile ».
Le projet s’inscrit dans la nouvelle politique municipale parisienne dans la logique des Zones d’Accessibilité Augmentée ( ZAA) aux commerces, pour les personnes à mobilité difficile ( PMR ).
L’ascenseur en question est prévu par Carine Petit Rue Niépce sur l’emplacement vélo devant les commerces , à 20 mètres de la sortie mécanique existante (face au 56 rue Raymond Losserand ).
La durée de travaux annoncée est alors de 16 mois pour un chantier prévu démarrer dès le mois de janvier 2023 en sorte que les travaux soient censément achevés avant la période olympique.
Dans le même temps la Mairie de Paris invite les commerces du quartier, désormais expressément labellisé « Zone d’Accessibilité Augmentée » à « accompagner » ces nouvelles normes (notamment espace libre de trottoir porté à 1m80 minimum, en sorte que 2 personnes en fauteuil puissent se croiser) visant à faciliter la circulation piétonne et l’accès pour tous et toutes à ce quartier commerçant emblématique du 14ème arrondissement (projet et plan toujours sur le site de la Ville de Paris à ce jour : fin janvier 2024)
Septembre 2022
Face à la protestation des riverains et des commerces objectant à Mme Petit que personne, et surtout pas les associations de handicapés du quartier ne lui avait suggéré ce genre d’initiative, aussi absurde qu’inefficace, et lui objectant que sans nul doute la RATP ne réaliserait pas une telle absurdité pour d’évidentes raisons de simple bon sens, il semble que Mme Petit ait néanmoins confirmé à la RATP qu’elle souhaitait des aménagements de la station Pernety.
La RATP ayant proposé à Carine Petit, pour satisfaire sa demande de rééquipement de la station Pernety, d’y implanter l’essentiel des équipements techniques, destinés à l’ensemble de la ligne 13, en vue de la mise aux nouvelles normes de cette partie du réseau prévue pour 2025, les deux « partenaires » ont alors échafaudé un nouveau « récit » susceptible de faire passer cette « transition » auprès des riverains et des usagers.
Le projet d’ascenseur pour handicapé s’est alors transformé en « sortie de secours » puis en « entrée secondaire » de la station, mais la conséquence la plus problématique est qu’en dépit de cette « simplification » la durée de chantier a été portée à … 27 mois.
Comment, pourquoi ?
Nous avons découvert dernièrement que cette évolution, pour le moins troublante, résultait du fait que le projet de chantier imaginé par la RATP prévoyait deux fosses de plus de 10 mètres de profondeur, sur la rue Niépce et chacune quasiment d’un diamètre équivalent à la largeur de la chaussée. Or, il fut alors objecté par les pompiers de Paris, aux promoteurs de cette « sortie de secours » pharaonique, qu’une telle emprise, a fortiori sur une si longue durée (on était encore sur 17 mois ) était incompatible avec les normes de sécurité et d’accès pompier aux immeubles de la rue. C’est ainsi que pour sauver le projet ( « de sortie de secours » ) il fut proposé par la RATP de doubler le chantier en creusant ses 2 fosses en deux étapes successives.
Ce qui allait porter la durée dudit chantier à … 27 mois.
C’est à ce moment qu’il semble que Mme Petit ait commencé à s’inquiéter des « dérives » où la menaient sa « belle idée » (expression utilisée par son adjoint Guillaume Durand) d’ascenseur handicapé, symbole de sa zone d’accessibilité augmentée … Elle s’en est donc émue auprès de la RATP qui, désormais très déterminée dans cette affaire, l’a menacée de fermer la station de Pernety « pour raison de sécurité », si le projet était abandonné et refusé par les édiles municipaux.
Pour justifier ce coup de force et son intimidation (réussie) la RATP l’a légitimé auprès de la Mairie en prétextant que les normes de sécurité allaient être modifiées avec les évolutions de la ligne 13 et qu’en conséquence le TME (temps moyen d’évacuation de la station) allait dépasser les normes requises.
Nous avons pu démontrer qu’il s’agissait là d’une manipulation captieuse et d’une prétention abusive de la part de la RATP (voir le dossier du mémoire) dès lors qu’en réalité ce sont les travaux eux-mêmes qui imposaient, selon les abaques confuses de la RATP, une sortie de secours supplémentaire dans la rue Niépce … du fait des extensions projetées sous la rue Niépce.
Le problème de sécurité supposé justifier ces travaux de sortie de secours était donc causé par ces travaux eux-mêmes et non pas l’inverse, comme le prétend la RATP pour abuser les (candides) édiles municipaux en leur faisant une forme de chantage à la fermeture de la station.
Manipulation mensongère qui cependant a emporté l’adhésion de l’administration municipale ; sur ce point aussi incompétente et désinvolte que sur tout le reste du dossier, au grand dam et en dépit des protestations de ses administrés. Pour justifier son soutien à ce projet bancal et menaçant Guillaume Durand, adjoint au Maire du XIVeme , répond aux protestations populaires :
« On a été élus pour ça ! »
Janvier - Mai 2023
Dès janvier 2023 et « sans autre forme de procès » la RATP mandate EDF pour le transfert de tous ses réseaux électriques , côté pairs de la rue Raymond Losserand , vers le côté impair. Bien que l’EDF ne l’ait pas annoncé sur son affichage public sur les rues concernées, ces travaux préliminaires n’avaient en réalité rien à voir avec la « modernisation du réseau électrique parisien » annoncée sur les panneaux.
Il s’agissait bien déjà de travaux « préliminaires » anticipés, affichés pour une durée de 2 mois (qui en prirent 6) et qui , en dépit de leur très modeste échelle (en regard de ce qui devait suivre), firent déjà pas mal de dégâts sur le bâti environnant (voir notamment le documentaire photo et les pièces remis à l’expert désigné récemment dans le cadre d’un référé préventif de dernière minute ).
Annonce et affichage public (formellement hors délai) du permis de construire.
Recours gracieux des commerçants contre le PC avec le soutien des riverains et du Conseil de Quartier concerné.
Septembre – Novembre 2023
Recours contentieux des commerçants contre le PC faisant suite au recours gracieux resté sans réponse de l’administration.
Référé Préventif de la RATP contre l’ensemble des propriétés du périmètre du chantier, sous pression de demande d’indemnisation de dommages par l’Hôtel 4 étoiles de la Rue Niépce.
Première décision du juge de référé : Première Mandat d’expertise contradictoire du bâti exposé au chantier projeté.
Janvier 2024
Démarrage des (deuxièmes) travaux préliminaires - sans attendre que soient purgés les recours, le référé et le début de la mission d’expertise , sans affichage ni autorisation exprès d’occupation « étendue » de la voie publique pour ces travaux par la Voirie et la Préfecture – le trottoir côté pair de la Rue Raymond Losserand est remplacé par une « voie de chantier » annoncée comme « accès pompier » (bien que barrant précisément tous les accès pompier du périmètre) ...
Les vitrines des commerces sont occultées par des palissades placées à moins d’un mètre cinquante, voir moins d’un mètre des vitrines et façades, la rue Niépce est bloquée, les passages piétons supprimés sur la rue Raymond Losserand, remplacés par des marquages provisoires et créant une situation de danger permanent vue l’occultation réciproque de la chaussée et des circulations piétonnes et automobiles par les palissades et panneaux de la RATP.
Début de Mobilisation du quartier (jusqu’ici soigneusement tenu désinformé par l’équipe municipale) contre la menace devenue tangible et même spectaculairement élargie, avec l’extension du domaine ... de la « base de vie » du chantier sur la placette et l’espace piéton situés rue Guilleminot, face aux écoles et maternelles et aux façades des immeubles, désormais occupés et occultés par un amoncellement de containers.
NB : dans le projet initial de la RATP cette « base de vie » considérablement invasive de l’espace public était répartie sur la rue Niépce et la Rue de l’Ouest mitoyenne.
Cette provocation de la RATP déclenche un Référé suspensif des commerçants visant à stopper ces travaux, rétablir la sécurité et l’usage de l’espace public indûment occupé et en annuler les nuisances et les premiers dommages observés sur la voie publique et sur l’activité sociale et les commerces.
Dernier épisode, le 20 janvier 2024 : Réponse en appel du premier jugement du référé préventif de la RATP , demandant une extension du mandat de l’expert désigné par le premier jugement – la RATP engage pourtant ses destructions « massives » du périmètre – la mission initiale ordonnée par le référé est enfin notifiée par l’expert qui annonce une première réunion des parties, le 31 janvier 2024.
à suivre ...