Trois pays musulmans asiatiques sont de plus en plus ancrés à la Chine, ils représentent trois modèles d’échappement à la domination des Usa.
Le gangstérisme, régime économique des Usa.
Iran.
Les termes de l’accord conjoint du nucléaire iranien ont parfaitement été respectés par la partie iranienne comme en attestent les onze rapports établis depuis sa signature en 2015 par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Ce train des ‘nouvelles sanctions’ économiques prises contre la République Islamique d’Iran vise certes à obtenir un changement de régime. Mais ce qu’une longue guerre Iran-Irak et un isolement économique de plusieurs décennies n’ont pu obtenir, l’actuel durcissement annoncé à l’égard de tous ceux qui commerceront avec la République iranienne ne parviendra davantage à le faire. Ces mesures ont simplement été prises près de dix ans trop tard. Vers les années 2000, les Usa au faîte de leur domination et aveuglés par celle-ci ont mal évalué les retombées d’une occupation militaire du cœur de l’Orient arabe organisée précipitamment et conduite essentiellement pour des raisons idéologiques. L’emploi des pétrodollars des Ibn Séoud et autres pétro-monarques pour anéantir toute structure sociale et nationale dans la périphérie immédiate d’Israël était inscrit dans le programme des néoconservateurs étasuniens qui piaffaient d’impatience devant les portes de la Maison Blanche depuis leurs innombrables think tank. De puissance moyenne enfermée dans ses frontières, l’Iran s’est mise à jouer un rôle clé en Irak, puis en Syrie.
L’Iran est confronté à l’arrivée en masse sur le marché du travail d’une jeunesse fortement éduquée et doit faire face à une sécheresse sévère qui affecte son agriculture après avoir subi l’arrivée depuis l’Ouganda d’une rouille des céréales, champignon à spore anémophile, qui a fragilisé sa souveraineté alimentaire. Il existe bien un risque de déstabilisation politique éperonnée par une opposition entretenue à l’étranger. Sa transition vers une économie industrialisée et de services a été entravée après les huit de guerre inaugurale par les salves répétées de ‘sanctions’ exercées à son égard par le gendarme du monde, il subit une fuite de cerveaux considérable. Cet isolement l’a empêché de moderniser ses installations gazières et pétrolières, ce qui le rend dépendant des raffineries étrangères pour son carburant. Depuis 2010, l’essentiel de ses échanges se fait avec la Chine dont il est devenu l’un des premiers fournisseurs en hydrocarbures, l’Inde, très concernée aussi par son gaz et son pétrole et la Corée du Sud.
Son intégration dans l’économie asiatique est en train de se parfaire.
Si l’Union européenne obtempère aux injonctions de Trump, Airbus n’honorera pas la livraison de cent avions qui doivent remplacer progressivement les vieux Boeing de l’aviation civile. La flotte commerciale est obsolète. L’Iran prévoit l’achat de 400 unités pour les vingt prochaines années. Il lui faudra attendre alors la mise en service de l’avion de ligne sino-russe CR929 prévue pour 2029 qui contestera la suprématie des longs courriers A500 et Boeing 787. (A)
Total renonce à sa part d’exploitation (50,1%) dans le projet South Pars, qui représente 4,8 milliards de dollars, mais il sera remplacé dans ce consortium par la China National Petroleum Corporation International qui devient alors majoritaire devant la société iranienne Petropars. Deux raisons au moins à ce retrait. Total vient d’investir 1,7 milliards dans l’entité de transformation chimique des produits de cracking au Texas, avec des partenaires autrichiens et canadiens. (B) Total a recours à des institutions financières étasuniennes. Ce faisant, il s’interdit l’accès aux investissements de 200 milliards en cinq ans pour exploiter les 33 800 milliards de m3 de réserve prouvés iraniens.
Les pays de l’Union européenne ont bien conscience que ce sont leurs relations économiques avec la Russie et l’Iran qui sont visées. Leurs dirigeants savent, pour en être les co-auteurs et les complices, que les activités terroristes dans l’Orient arabe ne sont pas le fait d’une République islamique qui ne pratique plus l’exportation de son idéologie révolutionnaire des débuts mais recherche une ouverture économique et politique avec l’Occident, surtout depuis l’élection de Hassan Rohani et sa reconduction.
Trump s’adonne par son retrait unilatéral de l’accord sur le nucléaire et ses menaces à l’encontre de tout pays qui continuerait d’entretenir une relation commerciale avec l’Iran à un acte de gangstérisme caractérisé. La révolution du cracking a transformé les Usa en exportateur d’hydrocarbures et de leurs dérivés. Le marché en est saturé. Il a fallu une entente entre les pays de l’OPEP et la Russie pour réduire l’offre mondiale déjà amputée des contributions réduites de l’Irak et de la Libye, et assister à la remontée des cours. Le projet des brigands étasuniens est d’imposer à leurs partenaires vassaux l’achat de leur gaz liquéfié, touchant les intérêts non seulement de l’Iran mais aussi de la Russie et du Qatar. La perspective inclut d’empêcher le département Airbus Commercial Aircraft de renouveler toute la flotte aérienne civile puis de l’augmenter, ce qui ne peut que satisfaire Boeing qui doit être à la manœuvre pour gêner son concurrent.
Les principaux clients de l’Iran, tous asiatiques, vont ignorer les intimidations de Trump. La Chine bien sûr, mais aussi l’Inde et la Turquie n’obtempèrent pas, dans leurs échanges avec l’Iran, elles se passent du dollar. L’équation n’est pas simple pour les Usa. Ils ont besoin d’un cours du pétrole assez élevé pour justifier un investissement relativement lourd avec la contrainte que chaque puits foré a une durée d’exploitation limitée, mais pas trop non plus pour ne pas décourager et orienter la demande vers des énergies alternatives. Les Usa fracturent mais leurs réserves utilisables leur donnent un répit d’une quinzaine d’années tout au plus. Le trio Russie-Iran-Qatar a le temps pour lui. Un baril à un niveau qui satisfasse les conditions de rentabilité pour le schiste est tout à fait bon pour l’économie iranienne. La Russie maintient ses investissements de 40 milliards dans l’exploitation du gaz iranien. Le comportement de M. Le Marché dans les minutes qui ont suivi l’heure fatidique du déclenchement des sanctions le 6 août après minuit est emblématique de la suite. Le marché des contrats à terme du pétrole brut en yuan à Shanghai a vu le volume et la valeur des échanges grimper d’un 5% historique, en découplage avec le Brent et le WTI(C). Les courtiers font confiance sans audace en un yuan adossé à de l’or alors même que la monnaie chinoise connaît quelques perturbations. Par ailleurs, l’Etat chinois a demandé aux gros investisseurs dans l’immobilier américain comme les assureurs de céder leurs avoirs acquis cette dernière décennie, empochant au passage des bénéfices. Cet ordre de désertion contribue à déprécier ce refuge dans la pierre de luxe et vise à stabiliser le yuan. (D)
On va se passer du FMI.
Pakistan
La presse (des dominants occidentaux) n’a eu de cesse de qualifier le nouveau Premier Ministre du Pakistan, de populiste et de play-boy richissime qui flirte avec les Talibans et de surcroît il serait sans expérience politique. (1) Loin d’être un jeune novice, il avait créé un parti politique dès 1996, le Mouvement pour la justice au Pakistan (PTI) dont il a centré le programme sur la lutte contre la corruption et le favoritisme. Imran Khan, d’origine pachtoune, plaide pour le développement des services publics et s’inspire des principes de l’Islam pour faire advenir une social-démocratie à la scandinave.
Il défend l’idée d’une réconciliation avec le voisin indien et espère ramener la paix en Afghanistan. Il a de tout temps condamné les relations développées avec les Usa et le Royaume Uni et s’est fait connaître par son opposition aux politiques étrangères de ses prédécesseurs qui n’ont pas su empêcher ni limiter l’activité meurtrière des drones étasuniens dans les zones tribales. La dépendance vis-à-vis du FMI pour l’obtention de prêts, plus de onze plans depuis la fin des années1980, explique pour une bonne part cette perte de souveraineté consentie par des dirigeants corrompus sur une partie du territoire national.
Imran Khan a été élu sur fond d’une nouvelle crise économique avec fonte de la réserve des devises étrangères, une monnaie malmenée, un déficit budgétaire de 10% et des difficultés à payer les dettes et les importations.
Les Usa ont prévenu d’emblée que les ‘dollars du FMI’ ne seront pas versés pour payer une dette colossale contractée ‘sans transparence’ avec la Chine. Dépités d’être tenus en dehors du très gros programme d’un montant de 55-60 milliards de dollars de construction d’infrastructures, routes, voies ferrées et port en eau profonde de Gwadar. Tous ces travaux permettront l’accès de la Chine à l’entrée du golfe arabo-persique par une route qui culminera à plus de 4500 m et viendra desservir cet ancien port de pêche du Baloutchistan situé à 80 km de l’Iran. Leur financement est en réalité assuré à 80% par la Chine. L’exploitation et la gestion du port, confiées dans un premier temps à un consortium pro-américain le Port of Singapore Authority (2), sont passées ensuite discrètement entre les mains de la Chine. (3) Peu désireux d’exposer ses intentions et d’irriter l’Inde, le gouvernement chinois insiste pour dire que le port est à vocation purement commerciale alors que des spéculations vont bon train sur la construction d’une base navale au large de Gwadar (4). Cette perspective de l’utilisation militaire de Gwadar répond au souhait émis par le ministre de la défense du Pakistan au lendemain de l’intervention étasunienne à Abbottabad en 2011 qui s’est soldée par l’assassinat de Ben Laden au corps balancé en haute mer. L’armée et les services de renseignements jusque là relai et cheville ouvrière sérieuse des Séoud et des Usa devant cet acte de lèse souveraineté majeur ont commencé à revoir leurs alliances. D’autant que l’implication du Pakistan en Afghanistan devait être récompensée par l’annexion-attribution des provinces adjacentes mais la guerre s’est révélée ingagnable contre les résistants à l’occupation américaine Les Usa ont récemment suspendu leur aide militaire au Pakistan et ce dernier a refusé de participer à la coalition montée par les Séoud contre le Yémen.
De façon imperceptible, la Chine s’est imposée comme premier investisseur et partenaire commercial avec l’Afghanistan. Engagée dans la construction d’une voie ferrée et dans l’exploitation de minerais du sous-sol afghan, 8 milliards pour contrôler la mine de cuivre d‘Aynak(5) la Chine prétend jouer un rôle dans l’assainissement des relations entre l’Afghanistan et le Pakistan. Destiné à stabiliser la région autonome du Xinjiang peuplé par les Ouïghours qui ont fourni un contingent appréciable à Daesh en Syrie et en Irak, Pékin envisage d’établir une base militaire conjointe avec le gouvernement afghan sur leur frontière commune. (6) Voici un gros œil de pris, ou constitution d’un fermé topologique, selon une stratégie du jeu de go, silencieuse et efficace. Contrôle du wahhabisme arrivé depuis l’époque des moujahiddines de Brzezinski dans cette province, endiguement de la présence américaine aux contours de plus en plus imprécis, autonomisation du gouvernement afghan vis-à-vis de l’aide internationale, intérêt économique pour les gisements afghans, sécurité accrue pour le futur couloir qui débouche sur Gwadar.
L’ancien champion de cricket est parvenu au pouvoir par les urnes dans tout ce contexte de désinsertion du Pakistan vis-à-vis de l’emprise étasunienne non sans le consentement au moins d’une partie de l’armée et du redoutable service de renseignement, l’ISI. Un attentat est si vite arrivé. Lors des dernières consultations électorales, en 2013, Imran Khan a dû se retirer après un problème de fracture osseuse survenue pendant sa campagne.
Le FMI conditionne le renflouement de l’Etat pakistanais à l’application par celui-ci de ses programmes habituels d’austérité et de privations des entreprises publiques ce qui est à l’exact opposé du programme du PTI, construire un Etat providence ‘islamique’ ce qui implique une augmentation et non une réduction de l’engagement financier public.
Outre que près de deux cents compagnies devraient être cédées au secteur privé, en particulier la compagnie aérienne Pakistan International Airlines lourdement déficitaire, le FMI exige de connaître dans ses moindres détails les termes du contrat de prêt chinois pour la construction des infrastructures, ce que Pékin refuse de révéler.
D’autres possibilités se dessinent pour le futur gouvernement de coalition pour sortir le Pakistan de cette spirale où la balance des paiements ne peut plus assurer que deux mois d’importations. Un fonds privé qui ferait appel à la diaspora pakistanaise pour souscrire à des actions ‘islamiques’ gérerait les firmes publiques qui resteraient ainsi entre les mains de la nation. (7)
Le Pakistan espère de la Chine un prêt-relai de 8 milliards, également sollicitée pour accepter le paiement en monnaie pakistanaise au lieu du dollar des importations nécessaires au couloir sino-pakistanais. Le nouveau gouvernement propose aux Séoud le renouvellement d’un mécanisme de paiement différé de l’importation des hydrocarbures et la Banque Islamique de Développement basée en Arabie des Séoud accorde des facilités de 4,5 milliards de dollars sur 3 ans. La Chine a d’emblée ouvert une ligne de secours de 2 milliards de dollars (8).
Il suffit d’observer le volume de ventes d’armement étasunien au Pakistan qui ne cesse de diminuer depuis 2010 et celui vendu par la Chine en augmentation constante pour se convaincre que l’alliance sino-pakistanaise est solide, confirmée par les exercices militaires conjoints. (9)Le Pakistan semble définitivement sorti de l’orbite étasunienne.
La Malaisie,
Se passer du FMI et des Séoud.
Peu connu en Occident, il est devenu une référence politique dans le monde asiatique.
A 93 ans maintenant révolus, il revient au pouvoir en Malaisie. Né en 1925, il est le plus vieux Premier ministre, juste devant le tunisien Beji Caïd Sebsi.
Médecin de formation, Mahathir Mohamed a marqué profondément son pays après un très long exercice du pouvoir, vice-premier ministre cinq ans de 1978 à 1981, puis chef de l’exécutif pendant vingt deux ans, jusqu’à 2003. Nationaliste revendiquant son islamité, il a contribué à faire de la Malaisie un pays à profil industriel, exportateur de matériel électronique inséré à son avantage dans le processus de mondialisation de l’économie.
Le rôle de l’État par l’investissement public est majeur, appuyé par un réseau très dense d’entreprises de moyenne importance et des conglomérats partiellement privatisés.
L’encadrement institutionnel a favorisé le développement d’un secteur industriel à partir d’investissements étrangers orienté vers l’exportation. Les capitaux privés britanniques sont dominants jusqu’au milieu des années soixante, atteignent des montants supérieurs aux investissements en Inde avec une rentabilité et une profitabilité exceptionnelle (19% après impôts). Impérialisme pur et dur ou capacité des politiques malaisiens d’utiliser les capitaux britanniques à leur propre fin ?
La Malaisie a ensuite orienté stratégiquement le développement de certains secteurs comme celui de l’électronique qui va bientôt connaître un essor exponentiel.
Elle a moins pâti que les autres pays asiatiques de la dérégulation financière qui avait permis une activité spéculative intense en Asie du Sud Est. La déconnexion financière était bien à l’œuvre à la veille de la crise asiatique. Elle avait en effet adopté une régulation prudentielle du crédit bancaire pour réduire le risque systémique d’un afflux trop important de liquidités, favorisé par des taux d’intérêt élevés.
Une fois arrivée la grande crise asiatique de 1998, Mahathir Mohamed a refusé l’aide du FMI et a pris des mesures qui allaient à l’encontre de ses recommandations. Il a rassuré les marchés en augmentant (paradoxalement) les taux d’intérêt, a amputé de 18% les dépenses budgétaires courantes et a suspendu les grands travaux. La croissance s’en est immédiatement ressentie, mais déjà s’engageaient la restructuration et la recapitalisation des dix plus grandes institutions financières. Le gouvernement a alors imposé diverses mesures de contrôle monétaire et d’interdiction de sortie des capitaux, muée un peu plus tard en taxation. La monnaie nationale a été fortement dévaluée dans un système d’ancrage fixe au dollar. Mahathir a soutenu la demande globale et alimenté l’investissement domestique dont la part publique devient majoritaire.
Cette politique nationaliste de relance avec reprise en mains des flux de capitaux fut une réussite et c’est ce succès qui a contribué à majorer la célébrité de cet homme politique flamboyant. Par la suite, la dépendance de la Malaisie par rapport aux investissements étrangers s’est structurellement réduite. Le capital de l’économie nationale est progressivement revenu entre les mains des Malais de sorte qu’en 2002, les étrangers n’en détiennent plus que 40% contre 60% en 1971. La part détenue par les résidents chinois ne diminue pas, détenant 34% en 1971, ils en possèdent 41% en 2002.*
Depuis les années 2000, l’économie de la Malaisie très liée aux Usa et à l’Europe commence à s’interpénétrer avec celles des pays de l’ASEAN. La Chine devient prépondérante dans les flux d ‘échanges commerciaux à partir de 2008, devançant les Usa où la Malaisie devient bénéficiaire dès 2009. L’intensification des relations commerciales a été assortie par la création de deux parcs industriels jumeaux, le parc de Kuantan en Malaisie lancé en février 2013 qui doit concentrer des usines d’acier, d’aluminium et de raffinage d’huile de palme, l’autre dix fois plus gros à Quinzhou en Chine. Les investissements chinois prévus seront pour le parc Kuantan de 10 milliards en cinq ans, faisant de la Chine le premier investisseur en Malaisie. La construction du deuxième pont de Penang (1) de 24 km qui relie l’île de Penang à la péninsule malaise, une véritable prouesse technique, a été financée par la Chine contre livraison d’huile de palme et conçu par l’entreprise nationale China Harbour Engineering Co. Ltd. Le conflit territorial autour des îles Spratley et Paracels en mer de Chine méridionales est tu, la Malaisie préfère afficher des relations apaisées avec son voisin.
Jusqu’aux dernières élections de mai 2018, la fédération malaise a été dirigée depuis l’indépendance en 1957 par une coalition de centre droit, Barisan Nasional ou Front National dominée par le parti pour l’unité malaise, l’UMNO. En 2013, le Barisan a subi un très net recul et le résultat du scrutin qui reconduisait Najib Razak a été contesté. En 2015, la presse internationale fait part des soupçons de détournement d’un demi-million d’euros au détriment du fonds souverain 1MDB. Il est défait aux élections législatives de 2018, c’est la coalition d’opposition le Pakatan Harapen (2), fondée en 2015 par Mahathir, qui l’emporte.
Najib Razak est interdit de sortie du territoire, son domicile perquisitionné puis il est inculpé de quatre chefs de corruption. L’Indonésie saisit un yacht luxueux de Najib Razak d’une valeur de 250 millions d’euros et le remet au gouvernement malaisien estimant qu’il a été acheté avec de l’argent volé au peuple de Malaisie. (3)
Un Centre de lutte anti-terroriste fondé en 2017 par le roi Salmane Ibn Séoud, censé apprendre la tolérance et le combat contre l’extrémisme a été fermé cette semaine (4). Sous le gouvernement de Najib Razak, le wahhabisme s’est répandu, la pétromonarchie des Séoud a financé des mosquées, des écoles et a offert des formations en sciences religieuses dans les universités religieuses en Séoudie. C’est exactement le processus qui s’est déroulé au Pakistan après le coup d’Etat de Zia-ul-Haq en 1977 qui a renversé Zufilkar Ali Bhutto.
Mais la Malaisie, multi-ethnique pratiquant depuis toujours un Islam non sectaire, a sorti depuis des décennies sa population de la pauvreté. En parité de pouvoir d’achat, le PIB par habitant a été de 29 041 dollars en 2017, elle était classée 49ème par le FMI devant la Russie, la Turquie et la Chine.
Il revient maintenant au promoteur d’une politique de préférence ‘ethnique’ qui avait favorisé les Malaisiens malais, la forte communauté chinoise détenait 80% des activités économiques à son arrivée au pouvoir, de satisfaire les demandes des minorités ethniques de sa coalition. Plus d’un demi-siècle s’est écoulé et les malaisiens chinois se vivent comme étrangers à la Chine après trois à quatre générations.
Au cours de sa campagne électorale, Mahathir, de père Indien émigré du Kerala, a annoncé qu’il cèderait le pouvoir à son ancien ministre des finances Anwar Ibrahim qu’il avait fait incarcérer en 1998 car il s’était opposé à sa politique anti-FMI. Anwar Ibrahim (5), régulièrement accusé de sodomie, motif exceptionnel de condamnation qui peut valoir vingt ans d’emprisonnement, a purgé jusqu’à mai 2018 une peine prononcée en 2015 au terme d’une série de procès et d’annulation de jugement entamés depuis 2008. En attendant son retour au pouvoir prévu dans deux ans, sa femme, élue député occupe le poste de vice-premier ministre.
*L’essentiel des données citées ont été prises dans cette étude d’Elsa Lafaye De Michaux : https://books.openedition.org/enseditions/4923?lang=fr
Badia Benjelloun
Jeudi 9 août 2018