Devinette.
Un pays d’exception.
Badia Benjelloun
C’est le seul pays qui n’a pas délimité ses frontières.
L’un des rares à définir la citoyenneté selon des critères religieux.
Le seul qui accueille des immigrants comme ses citoyens à part entière d’après leur appartenance religieuse, dûment vérifiée par leur généalogie.
Il est le premier bénéficiaire, en classement par tête d’habitant, des largesses, aides et subventions financières et militaires des Usa.
Il est celui qui a bafoué le plus de résolutions de l’ONU.
Il doit sa légitimité à l’existence d’une promesse faite à un banquier et signée par un Ministre d’un Etat colonial en guerre : céder un territoire qui appartenait à un peuple à un groupe humain non constitué politiquement avant même que l’Etat colonial en question n’en disposât comme butin de guerre.
Il est le seul pays en guerre avec ses voisins depuis sa création et qui s’agrandit à leur dépens au fur et à mesure de ses agressions militaires, toujours appuyées militairement et logistiquement par les puissances occidentales.
Il est le seul pays à occuper continûment des territoires en expulsant activement ses habitants par toutes sortes de techniques coercitives depuis plus de 70 ans. Il commet cette colonisation d’un nouveau type avec la complicité de la ‘communauté internationale’ réduite aux anciennes puissances impériales devenues vassales des Usa.
Il est le seul pays à pratiquer une politique d’apartheid, grâce à une législation clairement ségrégationniste et raciste vis-à-vis de la population indigène, tout en proclamant racistes les consciences qu’elle ne parvient pas à intimider qui percent les murailles de silence et le critiquent.
Il est le seul pays à disposer de réseaux médiatiques internationaux qui l’aident à qualifier ses multiples et incessantes agressions militaires comme des réactions de défense.
Il est le seul pays à procéder ouvertement à des assassinats ciblés d’opposants à sa politique d’agression et d’annexion.
Il est le seul pays qui fonde son identité sur une catastrophe historique survenue ailleurs que sur la terre qu’il a extorquée pour s’établir, commise par d’autres que ceux qu’il martyrise et spolie.
Il est désormais le seul pays (depuis peu) qui a réussi à obtenir d’une instance internationale, ici (1) le parlement européen qu’elle qualifie comme délit raciste une critique de sa politique criminelle et authentiquement raciste et suprématiste.
Il est aussi le seul pays à faire invoquer par ses supporters extérieurs des catégories comme la Haine (2) en substitution à des concepts ou outils politiques.
Sans le moins du monde faire s’esclaffer la classe politique et celle des faiseurs d’opinion.
Pour ma part, j’attends ma condamnation par le parlement européen car je me déclare antisioniste, opposée à l’Etat criminel d’Israël, fondé sur une usurpation, une spoliation, des escroqueries et des crimes sans nombre et qui constitue une source d’instabilité majeure dans le monde, bien au-delà du Proche-Orient.
Voici ci-dessous mon humble contribution en témoignage de ma compassion pour les enfants de Palestine que cet Etat assassine sans émouvoir ceux que la ‘Haine’ révulse.
(2) http://www.leparisien.fr/societe/manifeste-contre-le-nouvel-antisemitisme-21-04-2018-7676787.php
«Le sniper devrait recevoir une médaille et celui qui a filmé être rétrogradé» : c'est ainsi que le ministre israélien de la Défense a réagi à à une vidéo montrant un soldat tirer sur un Palestinien sous les cris de joie de ses camarades.
Mohammed Ibrahim Ayoub
15 ans
assassiné par les soldats de l’occupation
à Gaza le 20 avril 2018.
Avec une fronde en mains fendre le mur
Et sentir couler l’air frais de l’aventure
Boire alors à l’eau du rêve qui torture
De noirs nuages gorgés de colère pure.
Le pollen meurtri au barbelé sature
L’invention des matins de ses brûlures
Le jardin en camisole pour vêture
N’ose plus confier au vent ses blessures
De crainte que l’oiseau sans aile immature
Pour l’envol soude l’orage à sa fêlure.
La saison sonne clair, s’écrit sans rature
Les enfants s’élancent, vives créatures
Pierres en poche, drapeaux en voilure
A l’assaut de l’odieuse fermeture.
Le goût suave des étendues futures
l’âpre présent teint de grenades trop mûres
les cris feutrés de la terre que ceinture
ses geôliers passagers sans envergure
les cent promesses aperçues de l’étroiture
étranglant la révolte compagne sûre,
en un mince filet fuient de l’ébréchure
qu’un claquement soudain fit à l’ossature
d’un enfant de quinze ans de frêle stature.
Couché dans l’herbe, sève offerte en pâture
A un Cyclope rongé de forfaiture.
Badia Benjelloun
21 avril 2018