Dans une série de touites, le remuant dirigeant humanitaire, du 51ème état étasunien, a protesté contre les accusations proférées par son collègue et voisin Erdogan, en ces termes  :

"La plus morale des armées au monde ne se laissera pas donner de leçons par ceux qui bombardent des civils depuis des années"

Et on peut comprendre cette protestation de Benji Netanyaou quand on connait le palmarès incomparable d'Israël dans cette discipline ingrate qu'est le massacre et le bombardement de civils désarmés sur son propre territoire, où les israéliens ont assurément acquis une suprématie incontestable et un savoir faire sans équivalent, au fil de 70 années de pratique intensive. Ils n'ont donc de leçon ou de conseils à recevoir de personne.

Max Blumenthal a évoqué cette dispute tragi-parodique entre les deux pires "super-vilains" de la région, avec les journalistes de RT :

Recidive PREDATOROGLU et Alien ETANIAOU dans un nouveau film catastrophe, hyper glauque.

Alien vs Predator: Erdogan et Netanyahu rivalisent pour la domination du Moyen-Orient - Max Blumenthal

Benjamin Netanyahu et Recep Tayyip Erdogan s'accusent mutuellement de crimes contre l'humanité et tous les deux ont raison sur ce point : aucun ne peut prétendre être un parangon de moralité, tous deux se disputant plutôt les tréfonds de la dépravation, a déclaré à RT Max Blumenthal.

 

Israël est critiqué pour la façon dont son armée gère les manifestations en cours à la frontière de Gaza. La marche annuelle du retour, une manifestation dénonçant l'occupation israélienne, a déjà fait 17 morts et plus d'un millier de blessés, selon le ministère palestinien de la Santé.

Les dirigeants du monde qui ont condamné les actions israéliennes contre ces manifestants ont été accusés d'appliquer des doubles standards par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Subitement le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé une attaque virulente contre Netanyahou, qualifiant Israël d ' "Etat terroriste" et son Premier ministre "de terroriste", à la suite des tirs meurtriers sur les manifestants à Gaza. Le Premier ministre israélien lui a ensuite répondu sur le même mode en qualifié le dirigeant turc de "boucher".

Max Blumenthal a déclaré à RT qu'il lui semblait que Netanyahu et Erdogan se renvoyaient la patate chaude.

RT: La situation à Gaza a relancé le vieux conflit israélo-turc. Les deux parties se sont déjà accusées d'être des États terroristes. Quelle est votre opinion à ce sujet?

 

Max Blumenthal: Je suis assez amusé par les dénonciations réciproques échangées entre Benjamin Netanyahu et le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan. Tous deux s'accusent mutuellement d'atteintes massives aux droits de l'homme et tous deux ont en effet commis les abominables méfaits dont ils s'accusent, Netanyahou à Gaza et le peuple palestinien en général, et Erdogan maintenant à Afrin en Syrie où plus de 100 000 personnes ont été déplacées s'ajoutant aux milliers de victimes. L'ironie de cette prise de bec entre Erdogan et Netanyahu est que depuis le premier véritable échange d'hostilités entre Erdogan et Israël en 2009, puis après le massacre des activistes turcs en 2010 sur la flottille du Mavi Marmara en route vers Gaza, la Turquie et Israël ont substantiellement normalisé leurs relations et ont rétabli de nombreux liens économiques et même des liens militaires. Ce n'est donc qu'un coup de sang circonstanciel destiné à animer la rhétorique de propagande de bazar entre dirigeants qui prétendent rivaliser pour la domination au Moyen-Orient.

RT: Pourquoi semblent-ils utiliser des accusations presque identiques pour se décrire les uns les autres, mais dans un cas sur Afrin, l'autre sur Gaza. Est-ce qu'ils ont tous deux raison, ils combattent tous les deux la terreur, mais tous les deux font face à des accusations répandues d'actions très discutables?

MB: J'ai comparé ce conflit entre Netanyahu et Erdogan au film 'Alien vs Predator' de 2004 où deux monstres s'affrontent à mort. Dans la vraie vie, comme je l'ai mentionné, Netanyahu et Erdogan coopèrent sous la surface. Aucun des deux hommes ne peut se prétendre un bienfaiteur des populations locales. Donc, ils sont essentiellement en compétition pour le titre de plus abject massacreur de la région. Et fondamentalement, ce que chacun fait est en réalité de satisfaire sa base la plus réactionnaire. Erdogan en Turquie avec son parti islamiste de droite AKP. Et Netanyahu en Israël avec son parti Likoud également de droite. Et cela s'inscrit aussi dans la stratégie globale d'Erdogan.Il s'adresse plus largement à l'opinion, au-delà de la Turquie en essayant de se présenter comme un leader du monde islamique défenseur des Palestiniens. Mais il a en fait abandonné Gaza à bien des égards et il a fait très peu de choses concrètement pour la libération des Palestiniens ou pour le soulagement du siège de 11 ans sur Gaza.

RT: Pensez-vous que le ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman, a raison de dire que la communauté internationale devrait d'abord enquêter sur toutes les morts en Syrie, au Soudan et en Libye et ensuite seulement attirer l'attention sur Gaza?
 
© Reuters

 

MB: Il y a une amère ironie ici à observer les réactions d'Israël et ses alliés à ce qui n'était rien moins qu'un massacre de manifestants non armés désespérés et révoltés contre un siège de 11 ans, vivant dans l'une des pires situations humanitaires au monde. L'ONU considère que Gaza sera définitivement invivable dans deux ans. J'étais dernièrement dans la bande de Gaza et j'ai constaté que c'était le cas de beaucoup de gens - il n'y a tout simplement pas assez d'argent ou d'activité pour permettre aux gens de se nourrir. L'insécurité alimentaire touche plus de 50% de la population. Les gens marchent pour protester contre cela et ils ont été abattus par plus de 100 tireurs d'élite israéliens, ils ont reçu des tirs d'artillerie de chars. Israël a même testé un drone qui a largué des gaz lacrymogènes du ciel. Et maintenant, nous entendons le ministre israélien de la Défense déclarer que la communauté internationale n'a pas le droit de condamner ce massacre. De plus, nous avons vu Nikki Haley, l'ambassadeur [américain] à l'ONU, montrant des images d'enfants syriens morts à Khan Shaykhun dans une palinodie publique en avril 2017, exigeant une intervention militaire en Syrie. Ce faisant Nikki Haley a personnellement voulu empêcher une résolution de l'ONU condamnant Israël pour ce massacre. Ainsi, l'hypocrisie d'Israël et de ses alliés, notamment américains, est ici proprement stupéfiante par contraste avec leur comportement envers les violations des droits de l'homme qu'ils dénoncent en Syrie, en regard de ceux commis et revendiqués par leurs clients en Israël.

RT: Croyez-vous que l'appel de l'ONU pour une enquête sur la violence à Gaza est hypocrite, comme le prétend Israël?

MB: La prétention israélienne à taxer l'ONU d'hypocrisie est le genre de rhétorique que nous entendons depuis toujours de la part du pays qui dans le monde a reçu le plus de condamnations de l'ONU. Pourtant c'est aussi le pays qui obtient systématiquement la protection du Conseil de sécurité des États-Unis. L'hypocrisie dont nous avons été témoins vient en vérité des États-Unis et d'Israël parce que les États-Unis ont toujours protégé Israël face aux conséquences de ses violations répétées des droits de l'homme, tout en accusant des pays dont ils cherchent à renverser le gouvernement - de la Corée du Nord à la Syrie en passant par l'Iran. - de violations massives des droits de l'homme aux seules fins de les faire condamner par des résolutions de l'ONU, alors que ces pays ne font, dans la plupart des cas, que se défendre contre leurs agresseurs, dans des guerres par procuration initiées par l'Occident et des complots visant à renverser leurs gouvernements.

Tag(s) : #géopolitique, #palestine, #gaza
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