« Sur la Syrie,
la très molle fermeté bobocratique
de madame Chikirou »,

par Bruno Adrie

 

En visite inopinée sur la page Facebook de madame Chikirou, ex socialiste, ex conseillère de la France dite Insoumise et fondatrice d’un média qui se veut à ce point unique qu’il s’est intitulé Le Média, je tombe sur une publication mentionnant Claude El Khal, présenté comme le correspondant au Moyen-Orient de la chaîne des sans voix et des sans dents qui, rappelez-vous, s’est lancée dans sa croisade sous la houlette du psychanalyste empaillé Gérard Miller, ex diva de plateau télé opportunément reconvertie dans le téléachat online de propos contestataires.

Madame Chikirou adopte dès le départ une position moyenne, une posture ni-ni. Elle prétend se situer à mi-chemin entre les « manipulations provenant du régime syrien » et celles « des belligérants américains ou européens ». En effet, selon elle, « les guerres sont des moments où l’information est manipulée à des fins stratégiques » et « le journalisme consiste à prendre ses distances avec les sources belligérantes ». Profondeur.
 
Imposant le constat que, dans toute guerre, les belligérants font de la propagande et ne méritent pas, par conséquent, d’être pris au sérieux par de sérieux journalistes, écartant implicitement toute connaissance factuelle ou géopolitique des événements qui viendraient sans doute retarder ou brouiller la vision essentielle qu’elle s’apprête à déployer, elle se replie sur un seul combat et limite son engagement – verbal – « à rappeler que les civils sont des victimes innocentes ». Cette position, qu’elle qualifie de « raisonnable et juste », est celle de Claude El Khal à qui elle emboîte résolument le pas parce qu’ « il ne choisit qu’un seul camp: celui de la paix et de la préservation des vies ». Restant en dehors d’une compréhension de fond des événements et du rôle réellement joué par chacun des menteurs-belligérants dans la région, dans une tragédie écrite par des auteurs aujourd’hui bien identifiés mais qu’elle renonce à jeter devant le tribunal citoyen de ses téléspectateurs, elle évoque pêle-mêle les Américains, les Russes, « le régime syrien », « la Turquie d’Erdogan », «l’Arabie saoudite armée par la France», « l’Iran qui arme le Hezbollah », « les djihadistes armés par les Américains », en oubliant malencontreusement de citer l’État d’Israël qui est intervenu, comme on sait, à plusieurs reprises dans le conflit.
 
Reconnaissant frileusement qu’ « on peut condamner la France, les européens, les USA qui organisent le chaos dans cette région du monde », qu’ « on peut condamner les intérêts des multinationales de l’armement, du pétrole et du gaz qui tirent profit de la situation », mais qu’ « on ne peut pas condamner un journaliste comme Claude El Khal qui a le courage de dire tout haut que le seul camp qu’il fait sien est celui des civils, des enfants, qui vivent l’enfer », elle nous rappelle, par la ventosité de ses propos, les généralités flatulesques brassées depuis plusieurs décennies par l’héritier millionnaire, vendeur d’invendus et cinéaste mort-né du Café de Flore.
 
Sur sa lancée, elle nous rappelle – mais qui lui dira qu’elle a tort puisqu’elle a raison – la nécessité de « refuser que l’on diffuse des images dont on ignore la provenance, dont on ignore la véracité », nous exposant ainsi un b.a.-ba du journalisme d’ailleurs peu respecté par les médias dominants. Et de nous interpeller : «Chaque fois que vous voyez des vidéos sur la Ghouta : demandez-vous qui a filmé, sous la protection de qui, pour faire passer quel message, pour servir les intérêts de qui ? »
 
Tout ceci pour nous fourguer sa marchandise, pour nous vendre les produits de son épicerie honnête, pour nous garantir la pureté des denrées étalées sous nos yeux sur les gondoles de sa boutique citoyenniste : « Au Média, nous n’acceptons pas l’instrumentalisation. Nous disons clairement que les belligérants doivent cesser leurs bombardements que ce soit à Damas, la Ghouta, au Yémen. Qu’ils cessent de massacrer des civils ».
 
Au Média, nous ne prenons pas parti pour des causes basses ou difficiles à démêler, au Média nous disons : « La guerre c’est mal, il faut faire la paix ». Au Média, nous disons. Mais qui nous entend?
 
Madame Chikirou est « avec les peuples ». Et prenant d’avance le contrepied du reproche qui ne manquera pas de lui être fait et auquel elle est consciente d’avoir trop prêté le flanc – le flan? – elle assène au lecteur critique : « Si vous trouvez nos positions angéliques [« qui pas? » aurait dit Louise de Vilmorin], laissez-nous penser que les vôtres sont belliqueuses, sources de haine, de souffrance ». Toute critique: Verboten! Car ceux qui critiqueront et défendront une prise de position – comme les résistants pendant l’Occupation? – sont immanquablement renvoyés à la haine qui leur dévore les tripes et dévore le monde.
 
On ne peut que remercier madame Chikirou de l’honnêteté de son propos et de la confession qu’il constitue. Car en voulant nous vendre du temps d’antenne, elle nous a révélé qui elle est et surtout qui elle n’est pas.
 
L’apologie de la prudence par madame Chikirou est juste un masque qu’elle jette sur son ignorance professée – une ignorance volontaire ? – et sur une neutralité qui est peut-être plus coupable qu’elle ne veut bien l’imaginer. Planquée derrière le paravent d’une rigueur méthodologique en soi de bon aloi mais ici mal interprétée et paralysante, madame Chikirou se classe de facto parmi ceux que le philosophe canadien Alain Deneault a appelé les médiocres. Madame Chikirou aurait-elle, en pleine seconde guerre mondiale, condamné aussi bien la Wehrmacht que l’Armée Rouge, au prétexte que la guerre c’est pas bien, en omettant de rappeler que la Wehrmacht n’avait rien à faire ni à Stalingrad, ni à Minsk?
 
En s’exprimant comme elle l’a fait, madame Chikirou s’est montrée sous les dehors d’une défenseuse de la paix un peu superficielle tout en nous révélant une bonne conscience taillée dans la substance élastique et versatile qu’on pourrait appeler la guimauve bobocratique de client de terrasse de café parisien.
Une bonne description, sans doute, de l’ADN de son Média citoyenniste et moutonnier.
 
 
Un commentaire du libraire,
en postface (approuvée par l'auteur).

Sur la forme générale de cette rhétorique (politico-médiatique) de prétendue "lucidité équitable" qui tient lieu d'argument et de justification pour les moins maqueronisés de ces polichinelles... tels Melenchon, Chikirou et toute la "bande à part" des vains soumis.
 
Ce qui me frappe (ainsi que la plupart de mes petits camarades des régions concernées) c'est surtout l'univocité de leur "jugement moral" qui ne vise que ce que font les "totalitaires" dument identifiés ( "orientaux" : russkofs sanguinaires, dictateurs arabes, satrapes mèdiques ou du Caucase, chinetoques fourbes, etc.) ... mais jamais les "gentils" ("occidentaux" : banquiers démocrates, ONG de patronage politiquement correct, sociaux-indignés libertaires (d'eux-mêmes) ou auto-entrepeneurs de l'exploitation libérale en complet hugo boss.
 
Ainsi, "chez ces gens-là",  on ne parle guère et on "juge" encore moins (ou de manière aussi dilatoire que celle de Mme Chikirou) les actions pourtant factuellement analogues, voire symétriques, accomplies par "l'empire du bien" et ses "coalisés" comme par exemple la destruction totale de Mossul ou  Raqqa (où "après" il ne reste plus âme qui vive), etc. sans parler des actions humanitaires de Netanyaou sur Gaza, et autres exploits démocratiques des forces armées du monde libre, si bien documentés et avérés urbi et orbi, qu'ils ne se donnent pas même la peine de faire semblant de les démentir. S'agissant de massacres et destructions impossibles à camoufler (bien qu'ils passent totalement inaperçus des "réseaux sociaux", de "l'OSDH" et des bienveillantes ONG appointées) on devra se contenter (au mieux) des "regrets" du Pentagone, de l'OTAN ou de la CIA pour ces "inévitables bavures". C'est la guerre ma bonne dame... du moins pour nous (les démocraties impopulaires), car en face ce sont des bouchers sado-populistes qui bombardent leurs peuples.
 
Mieux : quand pour entériner son apartheid, Israël pilonne écoles, hôpitaux, femmes et enfants, "c'est son droit de se défendre" contre les pétards balistiques que lui balancent des "islamistes fous" (qui plus est "pro-iraniens" : pouah!), mais quand L’État syrien essaie de rétablir l'ordre public, la sureté et l’État de droit sur son territoire face à des bandes armées de mercenaires, terroristes patentés et ouvertement jihadistes qui bombardent quotidiennement la capitale et se planquent derrière les civils qu'ils tiennent prisonniers de leur réduit, alors c'est un "crime de guerre" inexpiable que ce soit par le "boucher de Damas" ou son immonde iago Ras-Poutine !

Etc, etc.

Ainsi, au neuneu-dysneyland des démocraties participatives et des banques humanitaires, les élites médiatiques (et citoyennes) instruisent le bon peuple et ses foules sentimentales de cette règle morale (et d'impératif catégorique soft-powerisé) : Ce qui est vérité au-delà  de l'Euphrate devient fausseté (et fèque niouze complotiste) en-deçà
et réciproquement.  Ils ont donc bien mérité :
                           le nouveau label des "decodex"

 

 

À quoi
nous, les barbares rouges (donc staliniens) orientaux,
nous leur répliquons :

prenez donc notre ZAGITOVA dans les mirettes

la plus efficace de nos armes de destruction massives
contre une bande de polichinelles
tels que vous...


 
Tag(s) : #Bruno Adrie, #géopolitique, #politique, #medias
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