« De la juste résolution
des compromissions au sein du peuple »

(Raquel Garrido : compromis ou compromission ? )

par Jean-Pierre Garnier

 

 "Toute personne qui va au travail fait un grand compromis avec le capital puisqu'elle lui cède gratuitement une part de la plus-value qu'elle crée."(1)
Cette réponse de Baudruchon aux mauvais langues qui s'étonnent de voir Raquel Garrido, l'une des figures de proue de l'insoumission d'opérette, cachetonner sur une chaîne possédée par un milliardaire dont le conglomérat met la Françafrique en coupe réglée est à graver en lettres d'or sur la tombe de Marx au cimetière londonien de Highgate. Laquelle, entre nous soit dit, n'est plus accessible aux visiteurs depuis octobre 2015 qu'à la condition de débourser quatre livres sterling, soit 5,50 euros pour s'y recueillir...  ou, comme le font la majorité d'entre eux, s'y faire tirer le portrait avec un selfie.

Quoi qu'il en soit, la porte-parole et défenderesse de la France Insoumise, ferait donc partie, si l'on en croit son Führer, des exploitées. Reste à savoir si la plus-value qu'elle «cède gratuitement» au magnat cher à l'ex-président Sarkozy et, d'une manière plus générale, la valeur qu'elle créera sur C8 correspondra à autre chose qu'à une valeur d'usage dont la seule utilité sera d'accroître  «le  temps de cerveau humain disponible» vendu par la chaîne aux annonceurs, pour reprendre la célèbre formulation de l'ancien de PDG de TF1, Patrick LeLay.
On pourrait d'ailleurs suggérer au directeur actuel de la chaîne de Martin Bouygues d'embaucher Baudruchon comme chroniqueur dans le cadre d'une concurrence libre et non faussée avec celle de Bolloré. Point ne serait besoin, alors, de nationaliser certains médias, comme le proposait le lider maximo des Insoulmis lors de sa campagne, pour que la propagande néo-libérale cesse d'être hégémonique. On aurait là une concrétisation originale du précepte ressassé par les idéologues du capitalisme : l'intérêt privé au service de l'intérêt général.

«Plus il y a d'insoumis à la télé, mieux c'est», rétorquera en tout cas Raquel Garrido qui, comme le veut sa profession d'avocate, a la langue bien pendue.  Réponse assortie de deux impératifs qui méritent réflexion. «Sortons de ce système infantile qui fabrique de l’abstention». «L'ennemi principal» des Insoumis, en effet, « après la finance, c'est l'abstention », comme se plaît à le répéter leur clown de service, François Ruffin. D'où l'instauration du vote obligatoire et la baisse de  l'âge électoral à 16 ans en cas d'avènement de la sixième République.

Vient le second impératif.
Si le premier peut laisser dubitatifs voire hérisser les gens allergiques au capitalo-parlementarisme, comme dirait le camarade Alain Badiou, on ne peut qu'applaudir le second des deux mains : «Il faut éduquer les citoyens afin qu’ils développent leur esprit critique et se méfient des médias.» C'est là, toutefois, scier la branche sur laquelle viennent de s'asseoir les arrivistes arrivés de l'insoumission d'État. Car ce sera d'eux qu'il conviendra peut-être dès lors de se méfier au point de devenir la  nouvelle cible de l'esprit critique ainsi développé.
 

Jean-Pierre Garnier

1 : NdE : Ici Baudruchon cite Marx dans une version apocryphe, revue et corrigée par Hayek, traduite et commentée par Attali et Coquerel, dernièrement rééditée avec une préface de Macron aux éditions Populaires du Patronat Ecologiste Européen.

Tag(s) : #tropiques, #liberté d'expression, #jean-pierre garnier, #politique
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