Philippe Martinez trouve "irrecevable" le fait de recourir aux ordonnances pour détruire le Code du Travail... En fait, ce qui est "irrecevable", et non négociable, c'est la mise en cause de toutes les protections sociales, promise par Macron
par Jean LEVY
Ainsi, le nouveau pouvoir va recevoir cette semaine les organisations syndicales. Pour leur dire quoi ? Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron et son DRH, Edouard Philippe, vont rappeler l'objectif qu'ils s'assignent en priorité : la destruction de toute protection sociale, considérée par le capital, comme une entrave aux profits patronaux.
En premier lieu est visé le Code du Travail, qu'il s'agit de réduire à la dimension d'un règlement intérieur d'entreprise, conforme aux intérêts de celle-ci. Et pour mener à bien cet objectif, Macron, Philippe et le Medef veulent aller très vite, en clair, supprimer les délais d'application de la future loi en contournant les aléas du travail parlementaire.
C'est le but du recours à la procédure des ordonnances.
Reconnaissons au nouveau pouvoir le fait de n'avoir rien caché de ses objectifs avant les élections, annonçant même qu'un vote en faveur d'Emmanuel Macron signifiait, aux yeux de celui-ci, l'accord sur son programme.
Il est bien dommageable que nombre de voix, qui aujourd'hui, se disent opposées aux mesures annoncées et à la procédure envisagée, ont, par leur appel "à barrer la route au fascisme", fait voter Macron et rendu ainsi possible la mise en oeuvre de son programme.
Dans ces conditions, que va chercher Philippe Martinez en se rendant chez Edouard Philippe ?
S'il s'agit d'exprimer la colère populaire et d'annoncer une lutte implacable contre les projets mortifères du pouvoir à l'égard des salariés et des retraités, pourquoi pas...
Mais le danger d'une telle entrevue, serait de laisser croire que celle-ci constitue une annonce de "négociations" sur le contenu des futures ordonnances. On ne négocie pas la nature des supplices que l'ennemi entend vous infliger. L'ennemi, le pouvoir oligarchique de la finance européenne, c'est l'ennemi - l'ennemi de classe - que l'on combat dans le but de le vaincre. On ne négocie pas avant la bataille, ou alors on prépare la défaite.
Le bilan de trois décennies de combats, toujours en recul, et de batailles perdues, nous conduit à être vigilants. Nous devons, des luttes du printemps 2016, en tirer les leçons.
Jean Levy