Une chronique de Jean-Levy

On les cherche vainement dans les manifestations contre la loi El Khomri, aussi bien à Paris que dans les villes de province : pas la moindre banderole, pas la plus petite pancarte évoquant l'Union européenne pour dénoncer son rôle moteur dans l'offensive tout azimut visant les droits sociaux des peuples et imposant à ceux-ci l'austérité la plus noire.

L'exemple qui nous vient d'outre-manche devrait faire réfléchir :
le 23 juin en Grande-Bretagne, les couches les plus pauvres de l'Angleterre et du Pays de Galles se sont rebellés et, leur vote massif, ont permis le Brexit, la sortie de leur pays de la prison européenne. Aussi, en France, ce n'est pas en semant l'illusion qu'une discussion avec les maîtres de cette prison - la renégociation des traités - pourrait conduire les gardiens à en ouvrir les portes, comme pourrait le laisser penser une pétition signée par Jacques Sapir, Jean-Pierre Chevènement et Michel Onfray dans les colonnes du Figaro.
L'accueil haineux des chiens de garde du capital européen démontre la volonté de celui-ci de poursuivre et d'accentuer au contraire leur besogne antinationale et antisociale.
Certes, la porte ouverte ne résout pas tous les problèmes, la City et la finance mondiale, bien qu'ayant subi une humiliante défaite, demeurent aux leviers de commande...Cependant, le sort de la classe ouvrière et du peuple britanniques ne dépenderont plus de l'étranger, de la dictature de Bruxelles, mais du rapport de forces à l'intérieur du Royaume Uni.
Car, c'est clair, presque officiel : en Europe occupée par les forces du capital mondialisé, c'est à Bruxelles que sont élaborées les "directives", les oukases, peut-on dire, qui sont à l’origine des mesures imposées aux salariés, aux retraités et aux jeunes dans chaque pays de l'UE. Jusqu'au budget de chaque Etat soumis à la vigilante censure des commissaires européens.
Et, bien sûr, si notre Code du Travail est mis en cause dans ses fondements, c'est pour répondre à la nécessité d'assurer aux entreprises une plus forte rentabilité, selon les critères établis tant dans capitale belge qu'à Francfort, dans les salons de la BCE.
En somme, l'équipe au pouvoir, dans chaque pays, n'est là que pour appliquer ces directives. Que ces équipes soient de droite ou se prétendent de "gauche", ou collaborent entre elles, les chefs d'Etat, les ministres ne sont que les prête-noms des grandes sociétés, dont ils assurent la logistique. Parfois même, leur attitude est tellement criante qu'ils donnent l'impression de se caricaturer pour nous prouver qu'ils ne sont que des valets des intérêts privés !
Pas besoin d'en rajouter et d'en faire le dossier complet.
Mais alors, pourquoi sur ce sujet, ce lourd silence des syndicats ?
Pourquoi les directions ceux-ci regardent ailleurs, alors que la révolte sociale s'exprime ? Pourquoi ne pas crier la vérité et ouvrir les yeux à ceux qui les ont encore fermés ?
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Depuis quatre mois, des centaines de milliers de salariés et de jeunes ont défilé pour faire pression sur le pouvoir afin que celui-ci annule sa loi travail. Ils n'ont pas seulement martelé de leurs pas les pavés, Ils ont parfois bloqué les rues de nos cités et ils ont recommencé, encore plus nombreux, plus déterminés. Et à nouveau, ils vont se faire entendre le 5 juillet.
Mais sans s'en prendre aux donneurs d'ordre, seulement à leurs subordonnés. Ils manifestent avec ardeur, certes, mais comme qui dirait, les yeux bandés. Et les discours enflammés qu'ils acclament ne parlent jamais d'Europe, de Bruxelles, de l'oligarchie mondialisée.
Certes, en France, Hollande, Valls, Macron sont à la manœuvre. C'est d'abord contre eux et leur loi scélérate, qu'il faut manifester pour les pousser à se déjuger.
Cela n'est pas facile, appuyés qu'ils sont au mur argenté du Medef. Il faut ajouter que celui-ci est la filiale de la maison-mère, BusinessEurope, le patronat qui trône sur notre continent vassalisé.
Pour gagner la bataille sociale, et en premier lieu, imposer le retrait de la loi El Khomri, faut-il voir clair, connaître l'ennemi, bien mesurer les enjeux et frapper fort où ça fait mal.
C'est la condition pour que la mobilisation populaire de notre peuple conduise au résultat escompté : le retrait de la loi travail.

Il est grand temps que la CGT, ses dirigeants, ses militants en prennent conscience à l'égal de nombreux syndicats britanniques

Jean Levy

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/2016/07/reflexions-a-la-veille-de-la-manif-du-5-juillet-par-jean-levy.html

Et pour ceux qui doutent, que la loi El Khomri soit ni plus ni moins que l'application d'une "directive européenne" (rebaptisée "recommandation") voici le texte "canonique" qui constitue le noyau dur et l'esprit de la loi dite ElKhomri :

recommandation de bruxelles au gouvernement français pour réformer son droit du travail

COMMISSION EUROPÉENNE
Bruxelles, le 13.5.2015
COM(2015) 260 final


Recommandation de
RECOMMANDATION DU CONSEIL


concernant le programme national de réforme de la France pour 2015
et portant avis du Conseil sur le programme de stabilité de la France pour 2015

Recommandation de
RECOMMANDATION DU CONSEIL
concernant le programme national de réforme de la France pour 2015
et portant avis du Conseil sur le programme de stabilité de la France pour 2015


LE CONSEIL DE L'UNION EUROPÉENNE,


vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, et notamment son article 121, paragraphe 2, et son article 148, paragraphe 4,
vu le règlement (CE) nº 1466/97 du Conseil du 7 juillet 1997 relatif au renforcement de la surveillance des positions budgétaires ainsi que de la surveillance et de la coordination des politiques économiques1, et notamment son article 5, paragraphe 2,
vu le règlement (UE) nº 1176/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 sur la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques2, et notamment son article 6, paragraphe 1,
vu la recommandation de la Commission européenne3,
vu les résolutions du Parlement européen4,
vu les conclusions du Conseil européen,
vu l'avis du comité de l'emploi,
vu l'avis du comité économique et financier,
vu l'avis du comité de la protection sociale,
vu l'avis du comité de politique économique,
considérant ce qui suit:
(1) Le 26 mars 2010, le Conseil européen a approuvé la proposition de la Commission de lancer la stratégie Europe 2020, une nouvelle stratégie pour la croissance et l'emploi, fondée sur une coordination renforcée des politiques économiques, qui porte avant tout sur les principaux domaines dans lesquels des mesures sont nécessaires pour doper le potentiel de croissance durable et de compétitivité de l'Europe.
(2) Sur la base des propositions de la Commission, le Conseil a adopté, le 13 juillet 2010, une recommandation relative aux grandes orientations des politiques économiques des États membres et de l'Union (2010-2014) et, le 21 octobre 2010,
1 JO L 209 du 2.8.1997, p. 1.
2 JO L 306 du 23.11.2011, p. 25.
3 COM(2015) 260.
4 P8_TA(2015)0067, P8_TA(2015)0068, P8_TA(2015)0069.
une décision relative aux lignes directrices pour les politiques de l'emploi des États membres, qui forment ensemble les «lignes directrices intégrées». Les États membres ont été invités à tenir compte de ces lignes directrices intégrées dans leurs politiques nationales en matière d'économie et d'emploi.
(3) Le 8 juillet 2014, le Conseil a adopté une recommandation relative au programme national de réforme de la France pour 2014 et a émis un avis sur la version actualisée du programme de stabilité de la France pour 2014. Le 28 novembre 2014, conformément au règlement (UE) nº 473/20135, la Commission a présenté son avis sur le projet de plan budgétaire de la France pour 20156.
(4) Le 28 novembre 2014, la Commission a adopté l'examen annuel de la croissance7, qui marque le lancement du semestre européen 2015 de coordination des politiques économiques. Le même jour, la Commission a adopté, sur la base du règlement (UE) nº 1176/2011, le rapport sur le mécanisme d'alerte8, dans lequel la France a été mentionnée parmi les États membres qui feraient l'objet d'un bilan approfondi.
(5) Le 18 décembre 2014, le Conseil européen a approuvé les priorités concernant la stimulation de l'investissement, l'accélération des réformes structurelles et l'assainissement budgétaire responsable et propice à la croissance.
(6) Le 26 février 2015, la Commission a publié son rapport 2015 pour la France9. Elle y évaluait les progrès accomplis dans la mise en oeuvre des recommandations par pays adoptées le 8 juillet 2014. Le rapport contient également les résultats du bilan approfondi effectué en vertu de l'article 5 du règlement (UE) nº 1176/2011. L'analyse de la Commission l'amène à conclure que la France connaît des déséquilibres macroéconomiques excessifs, qui requièrent l'adoption de mesures décisives et un suivi spécifique. Plus particulièrement, dans un contexte de faible croissance et de faible inflation, auquel s'ajoute une faible rentabilité des entreprises, et étant donné l'insuffisance de l'action engagée jusqu'à présent, les risques liés à la détérioration de la compétitivité-coûts et hors coûts ainsi qu'à l'endettement élevé et croissant, en particulier la dette publique, ont sensiblement augmenté. Il est particulièrement important de prendre des mesures pour réduire le risque de retombées négatives sur l'économie française et, compte tenu de la taille de celle-ci, de répercussions négatives sur l'Union économique et monétaire.
(7) Le 30 avril 2015, la France a présenté son programme national de réforme pour 2015 et son programme de stabilité pour 2015. Vu leur interdépendance, les deux programmes ont été évalués simultanément.
(8) La France relève actuellement du volet correctif du pacte de stabilité et de croissance. Dans son programme de stabilité pour 2015, le gouvernement prévoit de corriger le déficit excessif en 2017, conformément à la recommandation du Conseil du 10 mars 2015, et d'atteindre l'objectif à moyen terme – un déficit structurel de 0,4 % du PIB – en 201810. Si le gouvernement prévoit de respecter les objectifs de déficit fixés par le Conseil, l'effort budgétaire prévu pour 2016 et 2017 est inférieur au niveau
5 JO L 140 du 27.5.2013, p. 11.
6 C(2014) 8805 final.
7 COM(2014) 902.
8 COM(2014) 904.
9 SWD(2015) 29 final.
10 Le gouvernement a ramené l'objectif à moyen terme à un déficit structurel de 0,4 % du PIB, alors qu'il était de 0,25 % du PIB dans le programme de stabilité précédent. Il devrait être atteint un an plus tard que prévu dans le programme de stabilité de l’an dernier.
recommandé. Dans son programme de stabilité pour 2015, le gouvernement s'attend à ce que le ratio de la dette publique au PIB culmine à 97 % en 2016, avant de décroître pour atteindre 95,5 % du PIB en 2018. Le scénario macroéconomique qui sous-tend ces projections budgétaires est plausible. Toutefois, les mesures envisagées à partir de 2016 pour atteindre les objectifs de déficit prévus n’ont pas été suffisamment précisées. Sur la base des prévisions du printemps 2015 de la Commission, le déficit nominal pour 2015 s'établira à 3,8 % du PIB, ce qui signifie que l'objectif de 4 % sera respecté. Toutefois, l'effort budgétaire attendu pour cette année-là sera plus faible que celui recommandé par le Conseil.11 En ce qui concerne 2016, la Commission prévoit, à politiques inchangées, que le déficit nominal atteindra 3,5 % du PIB, niveau supérieur à l'objectif recommandé de 3,4 % du PIB, et que l'effort budgétaire ne sera pas réalisé. Des mesures structurelles supplémentaires devront par conséquent être prises pour 2016. Se fondant sur son évaluation du programme de stabilité et tenant compte des prévisions du printemps 2015 de la Commission, le Conseil estime qu'il existe un risque que la France ne respecte pas les dispositions du pacte de stabilité et de croissance.
(9) Il sera essentiel d'intensifier les revues de dépenses et, pour que celles-ci produisent les résultats attendus, de recenser de larges domaines de réduction des dépenses. La France devrait veiller à ce que les objectifs de réduction des dépenses tiennent compte du taux d'inflation proche de zéro. Dans le même temps, les économies résultant des coûts plus faibles que prévu de la dette publique, du fait de taux d'intérêt plus bas, devraient être consacrées à la réduction du déficit. Par ailleurs, il est impossible de dégager à court terme d'importantes économies sans ralentir considérablement la croissance des dépenses de sécurité sociale, qui ont représenté 26 % du PIB en 2014, soit près de la moitié des dépenses totales du secteur public. Des économies de 11 milliards d'EUR sur les dépenses de santé sont prévues pour 2015-2017, mais des efforts supplémentaires seront nécessaires pour limiter les hausses de dépenses dans ce domaine. Il est notamment possible de renforcer encore la mise en oeuvre des politiques de maîtrise des coûts dans le domaine des prix des médicaments et des dépenses hospitalières. Le déficit du système de retraite pourrait continuer à se creuser dans les années à venir et les réformes des retraites menées précédemment ne suffiront pas à le combler. En particulier, le déficit imputable aux régimes des agents de l'État et des salariés des entreprises publiques continue de peser sur le déficit global du système de retraite. De plus, la situation macroéconomique a une grande incidence sur la viabilité du système de retraite, et notamment sur la situation des régimes de retraite complémentaire. Une action décisive doit être engagée pour rétablir la santé financière de ces derniers.
(10) La France a entrepris de réformer ses collectivités locales en vue d'améliorer l'efficacité du système. Elle devrait continuer à mettre en oeuvre la réduction prévue des dotations de l'État et renforcer le contrôle des dépenses des collectivités locales moyennant un plafonnement de l'augmentation annuelle des recettes fiscales de celles-ci, en tenant compte des plafonds qui s'appliquent déjà à un certain nombre d'impôts locaux. Des mesures sont également nécessaires pour maîtriser la hausse des dépenses de fonctionnement des collectivités locales.
(11) Des mesures ont été prises pour réduire le coût du travail et améliorer les marges bénéficiaires des entreprises, notamment le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi de 20 milliards d'EUR et l'allègement des cotisations patronales de
11 L'évaluation de l'action suivie d'effets engagée au titre de la procédure concernant les déficits excessifs sera effectuée après le 10 juin 2015.
10 milliards d'EUR supplémentaires prévu dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité. Ces deux mesures, qui représentent 1,5 % du PIB, devraient contribuer à combler l'écart entre la France et la moyenne de la zone euro concernant le coin fiscal sur le travail. Leur mise en oeuvre devrait se poursuivre en 2016 mais, compte tenu de leur coût élevé pour les finances publiques, il est important d'évaluer leur efficacité au niveau des entreprises. Cette évaluation devrait particulièrement tenir compte des rigidités affectant le marché du travail et le marché des produits, et tout spécialement celles affectant les salaires. Le coût du salaire minimum reste élevé si on le compare à celui des autres États membres. Le salaire minimum continue d'évoluer d'une manière qui n'est pas propice à la compétitivité et à la création d'emplois. De plus, dans un contexte d'inflation faible, son indexation automatique pourrait conduire à des hausses de salaires supérieures à ce qui est nécessaire pour préserver le pouvoir d'achat.
(12) La France devrait prendre des mesures résolues pour supprimer les seuils réglementaires prévus par le droit du travail et les réglementations comptables qui limitent la croissance de ses entreprises, au premier rang desquelles les PME. D'une manière générale, il est possible de renforcer la concurrence dans le secteur des services, et plus particulièrement dans les services professionnels, le commerce de détail et les industries de réseau. Un certain nombre de réglementations et de tarifs appliqués aux professions réglementées brident l'activité économique. De nouvelles mesures visant à améliorer la concurrence dans les professions juridiques ont été prises au travers de la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques dont la mise en oeuvre sera cruciale pour s'assurer que les barrières soient levées en pratique. La France devrait également prendre des mesures pour éliminer les obstacles dans d'autres secteurs, et notamment dans le secteur de la santé. Le numerus clausus à l'accès aux professions de santé continue d'entraver l'accès aux services et pourrait être réexaminé sans compromettre la qualité et la sécurité.
(13) En 2014, la pression fiscale a atteint 45,8 % du PIB, ce qui est l'un des niveaux les plus élevés de l'Union européenne. Les taux d'imposition des sociétés sont élevés et pèsent négativement sur l'investissement des entreprises françaises. Le taux d'imposition effectif des entreprises s'élève en moyenne à 38,3 %, soit l'un des niveaux les plus élevés de l'Union européenne. Outre la suppression annoncée de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) et la réduction du taux nominal de l'impôt sur les sociétés à 28 % prévue pour 2020, la France devrait accentuer ses efforts sur le court terme pour rendre la fiscalité des entreprises plus propice à la croissance et à l'investissement. Des mesures, notamment la suppression des impôts inefficaces, sont nécessaires pour simplifier le système fiscal. Ainsi, la suppression de plus d'une centaine d'impôts dont le produit est nul ou faible pourrait simplifier les procédures pour les entreprises et les ménages.
(14) Le taux de chômage est resté élevé en 2014 et le chômage de longue durée s'est aggravé, conséquence d'une faible croissance économique. Le chômage, dont le taux global s'est élevé à 10,2 % en 2014, contre 10,3 % en 2013 et 7,5 % en 2008, touche tout particulièrement les jeunes, les travailleurs plus âgés et les travailleurs peu qualifiés. La France souffre d'une segmentation de son marché du travail, qui se caractérise par une part croissante de contrats à durée déterminée dans les nouvelles embauches. Les mesures prises pour réduire le degré de segmentation du marché du travail, en particulier le relèvement des cotisations sociales sur les contrats de très courte durée, n'ont pas permis d'infléchir la tendance. Réviser le cadre juridique régissant les contrats de travail pourrait aider à réduire la segmentation. Les réformes menées récemment n'ont donné aux employeurs que peu de possibilités pour déroger aux accords de branche. Cela limite la capacité des entreprises à moduler leurs effectifs en fonction de leurs besoins. Il conviendrait d'accorder aux branches et aux entreprises la possibilité de déterminer de façon flexible, au cas par cas et après négociations avec les partenaires sociaux, s'il y a lieu de déroger à la durée légale du travail de 35 heures par semaine. La loi portant création des accords de maintien de l'emploi n'a pas produit les résultats escomptés. Très peu d'entreprises ont fait usage des nouveaux dispositifs permettant un assouplissement des conditions de travail dans le cadre d'accords d'entreprise. Ce dispositif devrait être revu afin de donner plus de latitude aux entreprises pour adapter les salaires et le temps de travail à leur situation économique.
(15) La dégradation persistante de la situation sur le marché du travail a affecté le système d'assurance chômage, au point de remettre en cause la viabilité du modèle. La nouvelle convention d'assurance chômage, qui est entrée en vigueur le 1er juillet 2014, est insuffisante pour réduire le déficit. Les différentes mesures mises en place ont permis d'économiser 0,3 milliard d'EUR en 2014. D'après les estimations, elles réduiront le déficit de 0,8 milliard d'EUR supplémentaire en 2015, le faisant passer de 5,2 milliards d'EUR à 4,4 milliards d'EUR, et la dette du système augmenterait encore pour s'élever à 25,9 milliards d'EUR. Des mesures structurelles sont nécessaires pour garantir la viabilité du système. Les conditions d'éligibilité, la dégressivité des allocations et les taux de remplacement pour les salaires les plus élevés devraient être réexaminés.
(16) Dans le cadre du semestre européen, la Commission a procédé à une analyse complète de la politique économique de la France, qu'elle a publiée dans son rapport 2015 sur le pays. Elle a également évalué le programme de stabilité et le programme national de réforme, ainsi que les suites données aux recommandations adressées à la France les années précédentes. Elle a tenu compte non seulement de leur bien-fondé dans l'optique d'une politique budgétaire et socio-économique viable en France, mais aussi de leur conformité avec les règles et orientations de l'Union européenne, eu égard à la nécessité de renforcer la gouvernance économique globale de l'Union par la contribution de cette dernière aux futures décisions nationales. Les recommandations figurant aux points 1 à 6 ci-après reflètent ses recommandations dans le cadre du semestre européen.
(17) Eu égard à cette évaluation, le Conseil a examiné le programme de stabilité de la France et la recommandation figurant au point 1 ci-dessous, en particulier, reflète son avis12.
(18) À la lumière des résultats du bilan approfondi de la Commission et de cette évaluation, le Conseil a examiné le programme national de réforme de la France et son programme de stabilité. Ses recommandations formulées en vertu de l'article 6 du règlement (UE) nº 1176/2011 se reflètent dans les recommandations figurant aux points (1) à (6) ci-dessous.
(19) Dans le cadre du semestre européen, la Commission a également procédé à une analyse de la politique économique de la zone euro dans son ensemble. Sur la base des résultats de cette analyse, le Conseil a émis des recommandations spécifiques aux États membres dont la monnaie est l'euro. La France devrait également veiller à mettre en oeuvre intégralement et en temps utile ces recommandations,
12 Conformément à l'article 5, paragraphe 2, du règlement (CE) nº 1466/97 du Conseil.
FR 7 FR
RECOMMANDE que la France s'attache, au cours de la période 2015-2016:
1. à engager une action suivie d'effets au titre de la procédure concernant les déficits excessifs et à assurer une correction durable du déficit excessif en 2017 au plus tard par un renforcement de sa stratégie budgétaire, en prenant les mesures nécessaires pour toutes les années et en consacrant toutes les recettes imprévues à la réduction du déficit; à préciser les réductions de dépenses prévues pour ces années et à fournir une évaluation indépendante de l'impact des principales mesures;
2. à accentuer les efforts visant à rendre efficace la revue des dépenses et à recenser les possibilités d'économies dans tous les sous-secteurs des administrations publiques, et notamment aux niveaux de la sécurité sociale et des collectivités locales; à prendre des mesures pour limiter l'augmentation des dépenses de fonctionnement des collectivités locales; à prendre des mesures supplémentaires d'ici à mars 2016 pour ramener le système de retraite à l'équilibre, notamment en s'assurant que la situation financière des régimes de retraite complémentaire soit viable à long terme;
3. à maintenir les réductions du coût du travail découlant du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi et du pacte de responsabilité et de solidarité, notamment en les mettant en oeuvre comme prévu en 2016; à évaluer l'efficacité de ces dispositifs en tenant compte des rigidités du marché du travail et du marché des produits; à réformer, en concertation avec les partenaires sociaux et conformément aux pratiques nationales, le système de formation des salaires pour que ceux-ci évoluent au même rythme que la productivité; à veiller à ce que les évolutions du salaire minimum soient compatibles avec les objectifs de promotion de l'emploi et de la compétitivité;
4. d'ici à la fin de 2015, à éliminer les obstacles réglementaires à la croissance des entreprises, notamment en révisant les critères de taille fixés dans la réglementation pour éviter les effets de seuil; à éliminer les restrictions d'accès aux professions réglementées et à l'exercice de celles-ci, notamment en ce qui concerne les professions de santé à partir de 2015;
5. à simplifier et à améliorer l'efficacité du système fiscal, notamment en supprimant les dépenses fiscales inefficaces; afin de promouvoir l'investissement, à prendre des mesures visant à réduire les impôts sur la production et le taux nominal de l'impôt sur les sociétés, tout en élargissant la base d'imposition sur la consommation; à prendre des mesures à partir de 2015 en vue de supprimer les impôts inefficaces dont le produit est nul ou faible;
6. à réformer le droit du travail afin d'inciter davantage les employeurs à embaucher en contrats à durée indéterminée; à faciliter, aux niveaux des entreprises et des branches, les dérogations aux dispositions juridiques générales, notamment en ce qui concerne l'organisation du temps de travail; à réformer la loi portant création des accords de maintien de l'emploi d'ici à la fin de 2015 en vue d'accroître leur utilisation par les entreprises; à entreprendre une réforme du système d'assurance chômage afin d'en rétablir la viabilité budgétaire et d'encourager davantage le retour au travail.


Fait à Bruxelles, le
Par le Conseil
Le président

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