Ferro, Plenel, Macron, Juncker : même combat

Ferro, Plenel, Macron, Juncker : même combat

Médiatarte saisi par octobre-17

L’historien Marc Ferro ne se bonifie pas avec l'âge. Ils se connifierait plutôt.

Dans un entretien servant de postface à un recueil de « vies en révolution » (c'est le titre racoleur du bouquin) sur les « destins saisis par octobre 17 » de 14 personnes, connues ou non, il se déchaîne contre l'actuel « maître du Kremlin»1. Lequel, selon lui, ne pourra fêter que «la prise du Palais d'Hiver», étant donné qu'il tourne le dos aux idéaux révolutionnaires auxquels est d'ordinaire associé ce tournant de l'histoire que fut novembre 17 en Russie.

Se voulant « l'instrument de la colère globale des petites classes [sic]» russes contre l'Occident qui les encercle et les menace, et « plus exactement de son expression rouge brune», Poutine ne peut que s'être « volontiers déporté vers sa droite et même son extrême droite ». Pour Ferro, il est donc légitime de « comparer l'annexion de la Crimée à l'Anschluss de Hitler », comme l’a fait l'un de ses confrères russes « interdit d'écriture » pour cette raison (d'État). Et Ferro d'en rajouter une louche, évoquant le stratagème d'une universitaire russe enseignant le français et « manifestement d'extraction bourgeoise », pour se faire abonner à L'ImMonde dans les années 60 « et donc [re-sic] se tenir au courant des affaires de la planète en échappant à la censure soviétique ! » Comme si la censure euro-atlantiste qui prévalait hier comme aujourd'hui dans le quotidien de révérence à l'égard des pouvoirs en place était préférable à celle du capitalisme d'État russe qui, au moins, ne se targue pas d’objectivité.

Il faut dire que les contributeurs à cet ouvrage collectif ne sont pas en reste, parmi lesquels on retrouve l'indécrottable trotskiste Jean-Jacques Marie qui n'en finit pas de discerner Staline derrière le masque de Poutine ou les duettistes Jean-Arnaud Derens et Laurent Geslin, animateurs du Courrier des Balkans qui bouffait du Milosevic jusqu'à indigestion dans les années 90 et applaudissait aux bombardements de la Serbie par l'OTAN. L'identité du coordinateur de ce florilège poutinophobe et anticommuniste ne devrait pas surprendre : il n'est autre, en effet, que l'ineffable et toujours réjoui par lui-même François Bonnet, cofondateur et directeur général de Mediatarte. Nombre des auteurs gravitent d'ailleurs dans l'orbite du site moustachu dont le patronage est mentionné sur la couverture. Et pour cause : ces « portraits » de personnages « saisis par octobre 17 » ont déjà été « publiés sous forme de série, à l'été dernier dans ce journal cent pour cent numérique et totalement indépendant ». Ne riez pas, sinon Edwy Plenel pourrait vous suspecter de poutinophilie !

Jean-Pierre Garnier

1 Des vies en révolution, Postface de Marc Ferro, Don Quichotte édition, 2017

 

Tag(s) : #jean-pierre garnier, #liberté d'expression, #politique, #medias
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