En hommage aux prisonniers palestiniens en grève de la faim : Dignité et Liberté
 
 

                                   Elle est

 

Dans le temps et hors du temps

Dans le dégel d’avril quand se déplissent

Les pétales froissées de sommeil

Dans la soif des midis brûlants

Où s’exaspèrent les murs

Qui ne se prolongent d’aucune ombre

Sur les places égayées d’ormes dansant

Dans les ruelles poussiéreuses et escarpées

A la terrasse d’un café méditerranéen

Assaillie de moustiques

Et de puissants arômes de café

Dans le bus bondé encombrée de parapluies

Et d’un sac alourdi de livres inutiles

Sous l’auvent d’une boutique

Abritée d’une pluie battante

Dans le murmure chuintant des sous-bois

A l’automne rougeoyant les frondaisons

Dans le silence de la pierre

Dans le cri du fer

Dans le hululement déchirant de la chouette

Et le pépiement du passereau amoureux d’une comète

Dans le fruit juteux aux joues rebondies

Dans la solitude teintée d’un peu d’encre

Dans la nuit écartelée entre deux cimes

Dans le creux d’une main calleuse mais fière

Dans la branche inclinée vers l’extrémité de ses bourgeons

Dans le pain absent de la table et la carafe vide

Dans le regard blanchi par l’attente des disparus

Se prépare un chant pour l’Aimée

Le poème sera prêt à son réveil, il a mille puits et mille vers

Alors, la vie ne prendra pas le visage de l’ennemi

Elle a la douceur du dattier et la générosité de l’olivier

L’ampleur du désert et l’immensité céleste

Elle, l’assoupie, son nom est une rose blanche

Trempée dans la sobre essence de la liberté

Ses quatre couleurs se portent  aux boutonnières

Parée de sa raison antique

Elle sait les leçons de la mer et des collines

 

                                             Elle est Palestine.

 

 

Badia Benjelloun
Tag(s) : #liberté d'expression, #littérature, #badia benjelloun
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